Hôtels & Chambres d'hôtes
Escapade hardie à l’hôtel Brindos au Pays Basque
20 JUILLET . 2022
Difficile d’imaginer qu’à quelques encablures de l’océan déchaîné et à une petite poignée de kilomètres de l’aéroport de Biarritz, se cache un paradis secret qui vient poser une nouvelle (très jolie) pierre à l’édifice hôtelier de la Côte Atlantique. La pluie et un temps un tantinet capricieux n'entacheront en rien cette parenthèse teintée d’une féérie délicieuse. Découverte de Brindos, le nouveau hôtel 5-étoiles du Pays Basque ouvert au printemps dernier.
Brindos, le retour aux années 30
Le cadre : un écrin naturel unique, abritant l’un des plus grands lacs privés de France. Une bâtisse d’inspiration hispano-mauresque. Un ancrage basque fort et un éclectisme assumé, initié par le fondateur des lieux, Sir Reginald Wright, un aficionado du pays basque.
Il faut remonter aux années 30 pour trouver les origines de ce projet un peu fou, créé en son temps par ce fantasque lord et sénateur anglais qui fit de la propriété un haut lieu festif de la Belle Epoque.
Le Château de Brindos rejoint en 2020 l’escarcelle du groupe hôtelier Millésime, qui a fait de la réhabilitation de propriétés remarquables sa marque de fabrique (Le Château de Sacy, c’est eux aussi !), avec l’idée d’en faire l’une des futures destinations hôtelières incontournables de la Côte Basque.
Le nouveau décor est signé Marie-Christine Mecoen, la Directrice Artistique du groupe, originaire de la région et qui prouve par ce nouveau projet son attachement au territoire. Elle livre un lieu inédit renaissant de ses cendres après plusieurs années d’errance – où mobilier chiné, décoration soignée, clins d’œil kitchouilles so british et ode à l’artisanat basque s’entremêlent dans un univers singulier, romantique, presque mystique. Ce genre de repaire qui cultive les aspérités et propose une expérience multiple, bien loin de ces adresses aseptisées et standardisées qu’on a plutôt tendance à fuir aux Hardis.
Entre lac et château
Au programme de ce nouvel éden désormais estampillé Relais & Château : une trentaine de chambres chaleureuses dans la bâtisse historique et… 10 lodges sur l’eau complétant l’offre pour un “deux salles-deux ambiances” bien prometteur. Un immense ponton-bar flottant, des nénuphars en pagaille et une nature environnante luxuriante viennent compléter le décor.
Vous verrez, au Château, que l’esprit des années folles n’est jamais très loin. En découvrant les lieux, on devine sans trop de mal ces soirées sans fin sur les terrasses “vues lac”, ces danses endiablées jusqu’au bout de la nuit dans les salons. “Le lieu se prêtait à toutes les folies” nous glisse-t-on sans plus de détails…
D’humeur curieuse, un brin aventureuse et après une proposition du maître de maison qui chahute nos plans puisque nous devions loger au Château, on décide de se jeter à l’eau. Nous voilà donc à bord d’un petit bateau de bois électrique pour rejoindre notre nid sur l’eau, autrement qualifié d’“écrin autosuffisant énergétiquement” ou encore sublimation de l’imaginaire d’enfant de la cabane de bois flottante, version tout confort. Un week-end nature comme on les aime.
Et même quand la pluie s’invite, la magie opère. Alors on tire les rideaux pour bien assister au spectacle, on se glisse sous la couette joufflue et on se sent bien, bercés par les flots et la légende d’un lac habité par des fées.
A table, cuisine locale et baba à l’armagnac
Retour au château pour le dîner. Au restaurant se côtoient -dans une salle panoramique avec vue sur le lac- familles locales et couples de passage. La carte est signée par la cheffe Flora Mikula et exécutée par le chef Hugo de La Barrière, passé entre autres par les cuisines des frères Ibarboure.
Dans nos assiettes ce soir-là : l’esturgeon de Gironde, marinière de coques, petits légumes et noisettes croquantes. Sans trop de surprise mais parfaitement cuit, et bien gourmand. Puis le bœuf de Galice, divin. Chaperonné d’une triple déclinaison d’aubergine : croustillante, en caviar bien fumé et en pickles servis en bocal, à sa guise – alors forcément on y revient ! Et dans nos verres, un honnête blanc minéral local du domaine Extondoa.
Pour conclure les réjouissances, on zieute le chariot des desserts. L’incontournable “Baba de Brindos » est fièrement annoncé – aussitôt dans le mille, l’un de mes desserts préférés ! Préparé sous nos yeux, s’il vous plaît. Et hors de question de céder à la facilité du rhum, on le noiera dans l’armagnac. Un régal.
Après une nuit sur l’eau et une brève navigation en barque de bon matin à scruter ragondins et poissons-sauteurs, retour sur la terre ferme. Le petit-déjeuner se dévoile en un buffet majestueux. Évidemment, le gâteau basque trône en roi, partageant la tête d’affiche avec un non moins fastueux jambon à l’os situé à l’entrée de la salle. Une assiette salée, quelques viennoiseries, des cakes délicieux, une compote à se damner, un granola, du bon pain, un jus frais… On dresse plus ou moins habilement dans notre assiette une part de gâteau basque escortée d’une bonne cuillère d’une exquise chantilly dont on se souvient encore et quelques tranches d’un carpaccio d’ananas bien citronné (pour la conscience).
Le spa, une belle surprise
L’espace bien-être est l’une des plus belles surprises du séjour. On est conquis par le confort des grands canapés. Ravis par les bassins privatifs bouillonnants pensés comme des bulles indépendantes, séparés par des voilages bleutés en lin. Et c’est en entre-apercevant un peu plus tard les cabines de massage, et séduits par un accueil très doux laissant présager des soins tout aussi réconfortants, qu’on se laissera tenter par un massage intuitif. Si la météo le permet, éternisez le temps calme au bord de la belle piscine.
Difficile de passer dans la région sans interrompre son huis-clos à Brindos pour profiter de l’Océan pour un séjour “au fil de l’eau”. On ne saurait que vous conseiller de filer à Guéthary, l’une des pépites de la Côte Basque. Et de vous arrêter déjeuner à l’Hétéroclito, ce comptoir à flanc de falaise complètement ouvert sur l’Atlantique où bandes d’amis, grandes familles et surfeurs affamés s’envoient sans modération moules à la plancha, plateaux de fruits de mer et poissons grillés. Oui, la belle vie.
G.B