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01JUIL. 2022

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3 jeunes marchands qui nous font aimer l’art autrement

01 JUILLET . 2022

Écrit par Elsa Cau

Cette année, The European Fine Arts Fair, plus connue sous l'acronyme TEFAF, faisait son grand retour après deux ans d’absence. TEFAF, pour les connaisseurs et collectionneurs, c’est la Grand Mecque de l’art antique, ancien, XIXe et (un peu) moderne. Les Hardis ont déambulé dans les allées de la foire, sise à Maastricht, petite bourgade néerlandaise où le monde entier se réunit le temps d’une dizaine de jours. On en a profité pour rencontrer 3 jeunes marchands français qui dépoussièrent leur discipline, chacun à leur manière.

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Le principe du « showcase », ces petits espaces d’exposition placés dans une des allées de la grande foire TEFAF, sise à la MECC Maastricht depuis 1988 ? « Donner l’opportunité de participer à une foire internationale d’art, à des galeries établies depuis peu, nous explique Hidde van Seggelen, président de la foire. La prédominance de TEFAF Maastricht parmi les foires d’art internationales a mené à une longue liste d’attente de potentiels exposants ! TEFAF Showcase permet à ces marchands d’y participer avec des coûts adaptés à leur jeune activité. C’est aussi l’occasion de présenter aux collectionneurs venus du monde entier certaines galeries émergentes, parmi les plus intéressantes… »

6 showcases maximum dans la foire, donc, un système de sélection par comité sans garantie d’acceptation à la TEFAF l’année suivante et deux critères d’admission sine qua non : une activité de 3 ans minimum et de 10 ans maximum et bien sûr, marchandise d’excellence only. « Jusqu’à maintenant, une cinquantaine de galeries ont exposé en Showcase à la TEFAF avec succès et sont devenus des marchands d’art établis, qu’on a pu retrouver en tant qu’exposants ‘classiques’ à la foire » nuance tout de même Hidde van Seggelen. Cette année, une tendance s’est-elle dégagée à la foire d’art ? « Celle des maîtres anciens féminins… A suivre de près ! » sourit-il.

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Lorsqu’on lui pose la question des outils et moyens contemporains dans un milieu plutôt réputé « à l’ancienne », Hidde van Seggelen souligne l’importance du tournant qu’aura marqué la période Covid. « avec la pandémie mondiale, la TEFAF a, comme toutes les foires, dû s’adapter. Il est très clair désormais que le monde de l’art s’en est sorti haut la main pendant cette période pleine de défis et d’inconnues. Le pivot vers le digital a été un outil-clé de notre côté, à la fois commercial et côté communication. » Et la jeunesse française dans tout ça ? « TEFAF a toujours eu de forts liens avec Paris et est depuis ses débuts une place forte pour les spécialistes français. » Cette année, ils étaient 55 exposants (sur 242 au total, ndlr) dont 6 nouveaux galeristes aux spécialités allant de la sculpture ancienne et des arts décoratifs à l’art moderne et contemporain. Le président de la foire confirme : « les jeunes talents français ne sont pas en reste et notre section découverte en showcase inclut Pauline Pavec, Imperial Art, Mendes, Nicolas Bourriaud et Royal Provenance. »

 

1. Laura Kugel de la Galerie Kugel

Sur les réseaux sociaux, son humour et ses explications ludiques des plus beaux objets d’art ancien et du XIXe ont fait recette. « Le plus important à mes yeux est d’accentuer notre visibilité et d’encourager un public plus jeune à nous rendre visite, à la galerie ou à la TEFAF. A nous de continuer d’expérimenter pour faire dignement la promotion des objets que nous défendons. Je fais partie d’une génération de jeunes marchands et conservateurs qui ont à cœur de partager leur passion, je suis plus qu’optimiste ! » Laura Kugel intègre la galerie familiale au printemps 2015 -l’une des meilleures galeries de la place parisienne. «J’ai eu la chance d’accompagner mon père lors de ses déplacements à l’étranger et de découvrir la dimension humaine de notre métier : l’échange constant avec nos confrères, nos clients et les nombreux conservateurs de musées avec qui nous travaillons. Plus que tout, sa passion pour les objets et son enthousiasme contagieux m’ont convaincue de rejoindre l’aventure familiale ! »

Laura kugel © Simon Schwyzer

Laura Kugel © Simon Schwyzer

 

« L’intérêt pour l’art pré-XXe existe ! Il faut réussir à rendre ces œuvres moins intimidantes, à raconter leurs histoires d’une manière qui parlera à ces nouveaux visiteurs. » – Laura Kugel

Sa période de prédilection ? « J’aime avant tout découvrir de nouveaux objets. Nous sommes généralistes, ce qui me force à m’intéresser à tous types de spécialités. Ce qui m’attire le plus, ce sont les objets d’art de type Kunstkammer (cabinet de curiosités, ndlr) : ceux qui sont nés comme hommage à la nature et incorporent des matériaux extraordinaires, pierres précieuses, marbres rares, œufs d’autruche, ivoire… Ils n’ont pas toujours une utilité précise, mais regorgent d’imagination et de détails. Ils incarnent la créativité humaine… »

Cette année, à la TEFAF, la galerie Kugel exposait un trésor : un buste en porcelaine blanche modelé « par le génial Johann Joachim Kaendler en 1739, une découverte, il n’en existe que trois autres » et réalisé par la Manufacture de Meissen. « Il se place à la frontière entre les beaux-arts et les arts décoratifs et représente le bouffon de la cour de Saxe, Baron Schmiedel. Il jouissait d’une grande notoriété et était la victime régulière d’une blague qui consistait à lui offrir des objets qui se transformaient ensuite en souris -dont il avait une peur folle. »


Galerie Kugel,
25 Quai Anatole France,
Paris VIIe
Du lundi au vendredi, 10h30-13h, 14h-18h30

 

2. Pauline Pavec et Quentin Derouet de la galerie Pauline Pavec

Après des études d’histoire de l’art à l’école du Louvre et des recherches qu’elle oriente sur la scène artistique française des années 70, Pauline Pavec ouvre sa galerie en 2018, en collaboration avec son mari Quentin Derouet, artiste. « En tant que jeunes marchands, nous faisons en sorte de ne pas correspondre aux modes, de mettre en lumière de manière contemporaine et novatrice des artistes trop souvent laissés de côté », avance-t-elle lorsque nous la contactons.

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Pauline Pavec et Quentin Derouet.

La spécialité de la galerie ? Ne pas s’imposer de barrière, de frontières. « Notre spécialité, c’est de faire dialoguer les générations. Nous aimons soutenir des artistes de notre génération tels que Mathilde Denize, mais aussi mettre en valeur des artistes historiques ayant marqué l’histoire de l’art et qui méritent un nouveau regard. Nous défendons aussi les estates de Jacques Prévert et de Robert Malaval, par exemple. »

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Jacqueline LAMBA, Sans titre, 1960, huile sur toile, courtesy Galerie Pauline Pavec

Pour leur stand en showcase de la TEFAF, les galeristes décident de présenter un duo show entre deux artistes historiques : Prévert avec ses Ephémérides colorés des années 50-60 et Jacqueline Lamba, « une artiste incroyable que nous avons le plaisir de défendre depuis quelques mois à la galerie. On expose notamment ses œuvres tardives issues de la série des Nuages et des Sources, produits dès les années 60, entre Paris et le Sud de la France. Lamba épouse André Breton en 1934, elle était la muse de l’Amour Fou, une artiste surréaliste, proche amie de Frida Kahlo et de Picasso. »


Galerie Pauline Pavec,
45 Rue Meslay,
Paris IIIe
Ouvert du mercredi au samedi, 14h-19h

 

3. Maxime Charron de la galerie Royal Provenance

D’abord expert en art russe et en souvenirs historiques, Maxime Charron crée Royal Provenance, sa plateforme de vente d’objets d’art et de céramiques de provenance royale, en 2014. Le site se dote d’un showroom parisien du côté de l’opéra Garnier en 2019. A la fois marchand et expert pour les maisons de ventes aux enchères, à l’image d’une génération pour laquelle une seule casquette ne suffit pas, il jongle avec les spécialités.

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Maxime Charron à la galerie Royal Provenance, à Paris. © Artcorp Productions

Maxime Charron à la galerie Royal Provenance, à Paris. Le jeune marchand rongeait son frein depuis 2020, attendant de pied ferme sa participation prévue en showcase à la TEFAF. Il l’aura préparée avec soin : pièces, scénographie, photographies et communication, tout devait être impeccable mais aussi… Jeune, moderne. « Le simple fait d’être jeune, d’ailleurs, envoie un signal, avance Maxime Charron. Je prends soin de faire des photographies, un site et une mise en scène modernes ! Je pousse aussi les collectionneurs dans leurs retranchements, en proposant par exemple des objets d’autres spécialités, je m’ouvre à d’autres clients… On n’est plus à l’ère de l’antiquaire avec sa petite spécialité, il faut s’adapter à l’époque, mélanger les objets dans les intérieurs, créer une sorte de mélange ouvert d’esprit. »

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Le coffret contenant les clés des parcs royaux, présenté par le duo à la TEFAF.

Depuis 2020, la chine a été bonne et Royal Provenance présentait notamment à la foire, une véritable curiosité : un coffret en maroquin contenant les clés des grilles des parcs royaux. « C’est un objet unique, transmis jusqu’en 2015 de père en fils, de Louis-Philippe aux descendants directs de nos jours » nous explique-t-il. On y trouve ainsi, entre autres, les clés du parc de Vincennes ou encore celles de Versailles et de Saint-Cloud. Pour prendre la clé des champs.


Royal Provenance,
5 rue Auber,
Paris IXe
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