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Croisière en catamaran : Elbe et les Îles de Toscane
31 MARS . 2023
On compte sept îles de Toscane, disséminées entre les côtes italienne et corse. Capraia, Giglio, Pianosa, Giannutri, Gorgone, Montecristo et bien sûr, la plus connue : Elbe, pour toujours liée à l’épopée napoléonienne ! L’ensemble est reconnu depuis 2003 par l’Unesco au titre de réserve de la biosphère.
C’est ici que Les Hardis entament leur croisière en catamaran (un tout nouveau, tout beau parcours proposé par Catlante, disponible à partir du mois de juin pour les amateurs) dans l’archipel de toscan. Premier arrêt : Capraia. Puis, cap sur l’île d’Elbe…
En admirant Capraia, oasis de nature posée et de fonds marins, on ne peut se douter qu’une ancienne colonie pénitentiaire y fut établie pendant une centaine d’années… Ouverte au tourisme depuis le mitan des années 80 seulement, elle se dévoile entre côtes majestueuses héritées de son origine volcanique, oiseaux de mer et autres faucons, riche maquis méditerranéen.
A une trentaine de milles au sud, c’est l’île d’Elbe, notre second stop et la plus grande île de l’archipel, qui apparaît. Pour un peu, on ne comprendrait pas que Napoléon ait abandonné ses plages de rêve, ses eaux cristallines et sa nature verdoyante après seulement dix mois de séjour… forcé, certes.
On embarque à Macinaggio, dans le nord de la Corse, à quelques encâblures de Bastia. Le catamaran Catlante 620 a cette particularité de nous accueillir en espaces décloisonnés, plein de lieux de vie communs : parfait pour vivre à plusieurs, au grand air mais sans se gêner…
Dans les cabines lits doubles ou simples, climatisation, rangements et surtout tout le confort d’une petite maison sur l’eau : liseuses, salle d’eau privative, jolis hublots… Un peu plus loin, deux cabines triples, accueillant un troisième passager. Le catamaran Catlante 620, donc, c’est un peu le plan parfait pour un beau voyage en famille élargie.
Premier stop : Capraia
Mais revenons à nos moutons (de mer). Direction l’île de Capraia, donc. On lève l’ancre à huit heures du matin pour une navigation de quatre heures vers l’est. Et c’est là que commence le vrai, le beau voyage : au beau milieu du sanctuaire de Pélagos, la plus grande réserve marine d’Europe, on observe les dauphins et les grands cétacés… Dépaysement assuré avant même d’avoir posé un pied à Porto Vecchio, le petit port de Capraia.
Le village est perché sur son promontoire, planté de belles églises baroques et même d’une forteresse génoise. On termine le tour des ruelles pittoresques du village par la Torre del Porto, pour admirer la vue panoramique. Et s’il ne fait pas une chaleur trop écrasante, prenez le maquis et choisissez l’un des sentiers parcourant l’île. Avant de grimper à nouveau sur le bateau, masque, palmes et tuba sont de rigueur pour un tour des fonds marins si bien préservés autour de l’île.
L’adresse hardie : stop incontournable à la La Gelateria du port.
Faire le tour de l’île d’Elbe
Après une douce escale à Cala Rossa, l’une des anses les plus spectaculaires de la Méditerranée, toute en contrastes de roche volcanique sanguine et blanc immaculé, on atteint Elbe, par le golfe de Viticcio et ses cinq plages cernées d’une falaise recouverte de garrigue. Le catamaran fend les eaux doucement pour s’arrêter à la capitale de l’île d’Elbe : Portoferraio.
Fondée par l’illustre famille florentine des Médicis sur les vestiges d’une cité romaine, Fabricia, refuge pour les bateaux depuis l’Antiquité, c’est tout le charme de la Renaissance qui se dévoile au visiteur au fil des ruelles du centre historique.
Le lendemain, on contourne Elbe par le nord-est : la première escale de la journée, c’est l’îlot d’Ortano, qui porte encore les traces de son passé en tant que centre d’extraction du fer. Les plus sportifs tenteront le snorkeling : Ortano est réputé pour ses eaux transparentes. Du côté de Porto Azzuro, petit village de pêcheurs lové au creux du golfe de Mola, ambiance balnéaire, vacances, farniente et animation dans l’un des petits cafés-terrasses du port sont de rigueur.
La légende de la crique d’Innamorata est typique de la tragédie antique : Maria, l’amoureuse, tente de sauver son amant enlevé par les pirates de Barbarossa. Elle se jette dans la mer et se noie. On ne retrouve d’elle que son châle, sur un rocher, devenu le rocher de l’Echarpe.
Face à la plage de l’Innamorata, deux petites îles, Gemini, idéales pour les activités nautiques : paddle, kayak, snorkeling, palmes, masques et tubas… Une pause merveilleuse avant de se diriger du côté du golfe de Lacona, le plus profond de l’île d’Elbe, juste en face de l’île de Montecristo. Sable fin et doré, lys maritimes : c’est l’heure de la sieste…
L’adresse hardie : les petits bars installés çà et là au bord de l’eau à Lacona, le long de la pinède… et l’Osteria Ferraia à Porto Ferraio.
Le secret du catamaran ? Son annexe, qui nous permet par une belle matinée – pas trop tôt, on a pris le rythme méditerranéen – de filer sur les eaux vers la grotte Azzurra au fond brillant, du côté de la plage de Palombaia et de Cavoli (la plus sauvage des deux, au passage). Après ce petit secret bien gardé, on mouille du côté de Fetovaia, une crique recouverte de maquis sauvage. Vous avez dit dépaysement ?
Le lendemain – septième jour déjà ! – c’est le départ vers les côtes du Cap Corse. Cinq heures de traversée pour rejoindre la charmante marine d’Erbalunga et son village côtier de Brando, surnommé « le nid aux peintres ». Maisons blanchies à la chaux, petit port des années trente : s’il y a une photo pittoresque à prendre, elle est bien ici, avant de quitter à regret le catamaran une fois accostés à Macinaggio…
Le catamaran 620, à la maison sur l’eau
6 cabines, dont 2 doubles, 2 twin et 2 triples.
Rangements, liseuses individuelles, salle d’eau privative, climatisation…
Cuisine professionnelle, wifi central, grande table à manger
A l’extérieur, vaste bain de soleil, fly-bridge avec banquettes et coussins
Matériel nautique fourni (paddle, masques et tubas, matelas, kayak et même des projecteurs sous-marins pour éclairer la baignade nocturne !)
Annexe pneumatique motorisée
Elbe et le parc national toscan : la nature, rien que la nature
Ce qui surprend en premier lieu, lors de notre croisière hardie, c’est bel et bien le changement de décor rapide et constant, les paysages variés : en quelques minutes seulement, on passe des falaises escarpées, des côtes découpées plongeant dans les eaux cristallines, au massif de granite du Mont Capanne, qui cumine à 1019 mètres d’altitude, aux golfes enchanteurs, aux grottes, aux immenses plages de sable fin ou de galets…
Le Parc National de l’Archipel Toscan comprend les sept îles de la mer Tyrhénienne, en plus des Formiche di Grosseto et autres rochers de petites dimensions, sans oublier les 600 kilomètres carrés de mer entre Livourne et le promontoire de l’Argentario. Elbe reste la plus grande île (223,5 km²), Gorgona la plus petite (2,23 km²) et Montecristo, la plus éloignée de la côte, à 68 km des terres.
On l’a dit, le maquis est partout, ici. La couverture végétale des îles est faite de bruyère, d’arbousier, de lentisque et de myrte.
Ciste rouge et criste marine envahissent les zones les plus exposées au vent. Les aulnes noirs, les châtaigniers et les ifs recouvrent les pentes du Mont Capanne à Elbe. Certaines espèces endémiques ne poussent qu’ici : comme la violette et le bleuet d’Elbe.
Quitter le cata’ pour la cabine du Mont Capanne
C’est une petite excursion insolite que propose Catlante à ses clients de croisière de luxe. La télécabine du Mont Capanne n’est peut-être pas un secret, mais elle constitue bel et bien un moment magique et… vertigineux. Jugez plutôt : 20 mètres de montée dans un panier métallique à deux.
Par beau temps, on admire un panorama unique, balayant d’un regard non seulement l’île d’Elbe mais aussi les îles de l’Archipel Toscan, Pianosa, Capraia, Montecristo, Gorgona et jusqu’à la Corse !
Mais il n’y a pas que la flore. Les oiseaux sont les principaux représentants de la faune sur l’archipel : le goéland leucophée, le goéland d’audoin, le cormoran huppé, le puffin cendré, le puffin des anglais, le grand corbeau, le faucon pèlerin, le monticole bleu, le pigeon biset… Oui, on se croirait dans un beau conte en chantant ces noms. Sous les eaux bleues, anémones de mer, posidonies, coraux et étoiles de mer cohabitent avec les dauphins, mérous bruns, poisson-lune – une rareté – sans oublier les occasionnels cachalots. Et si vous observez un phoque moine de Méditerranée, courez jouer au loto à votre retour : c’est extrêmement rare.
L’île d’Elbe, ne constitue rien moins que le Sanctuaire International des Cétacés : un espace marin protégé, créé en 1999, suite à un accord entre l’Italie, la France et la principauté de Monaco. Ici, les mammifères marins peuvent barboter en paix… et se reproduire tranquillement. D’où l’avantage, également, d’envisager la découverte de l’archipel en catamaran.
Le curieux rêveur peut toutefois avoir d’autres surprises. Comme celle de découvrir, à 700 mètres d’altitude, sur le sentier n°5 de l’île d’Elbe, qui relie le Mont Perone aux versants du Mont Capanne, au milieu d’un panorama splendide, un ensemble extraordinaire de papillons. Bienvenue dans le Sanctuaire des papillons, inauguré en 2009, aussi nommé la « Chapelle Sixtine de la nature » ! Plus de cinquante espèces de papillons ont été observées ici.
Avec toutes ces aventures, qu’est-ce qu’on mange, qu’est-ce qu’on boit ?
On vous glissait un peu plus tôt la bonne table de l’Osteria Ferraja. Au bout du petit port, deux terrasses, des salles chaleureuses et une carte réduite : eh oui, tout est frais et préparé minute. Fruits de mer, poisson et surtout pas de pizza, les Hardis vous recommandent le filet de thon en croûte de pistache et bien sûr, les pâtes, toutes les pâtes. Le vin est celui de la maison et plus largement de l’île.
Au cœur de la ville, on vous refile une autre pépite : le Pepe Nero. Cuisine raffinée mais locale, solide carte des vins et patron francophile, un combo gagnant.
A Porto Azzuro, on s’arrête au hasard des ruelles sur l’Osteria dei Quattro Gatti. Les quatre chats sont mignons, chaleureux, avec une belle terrasse ombragée à l’arrière du restaurant dont l’intérieur fait la part belle au décor boisé. Ce jour-là, on a savouré une daube de sanglier avec polenta crémeuse.
Les saveurs de la cuisine d’Elbe sont celles d’une cuisine simple et locale.
On s’est gavé à foison des spécialités typiques du coin, très axées sur la mer, évidemment : merluche à la mode riese, un plat fait d’anchois au sel, oignons, tomates, basilique et persil, poivrons verts, olives noires, pignons, câpres et bien sûr huile et piment. On a goûté au gurgulione, une sorte de risotto à l’encre de seiche et aux calamars farcis. Au célèbre cacciucco, la soupe de poissons du coin. Au poulpe bouilli, une spécialité très connue d’Elbe.
Pourtant, la tradition culinaire d’ici, c’est paradoxalement la culture agricole et paysanne : la viticulture était autrefois très développée, on faisait aussi pousser des courges, des fruits, du blé ou de l’épeautre et même des fèves. Ces petites baccelli sont d’ailleurs encore cultivées aujourd’hui. Comme en Corse, le châtaignier pousse sur la partie occidentale d’Elbe et a créé une véritable culture locale.
On n’oublie pas la production d’huile d’olive extra vierge, qui a connu récemment une forte reprise : ici, elle est délicieuse et ne dépasse jamais les 0,3% d’acidité. Profitez-en pour rendre visite à Franco Provenzali, le président de l’Association des producteurs d’huile.
Les vins d’Elbe ont très bonne réputation et portent depuis quelques années l’appellation DOC. Elba Blanc, Elba Rouge, Rosé, Ansonica, Moscato ou encore Aleatico : vous trouverez forcément votre bonheur ici pour lever le coude gaiement.
Last but not least, le meilleur miel d’Italie est ici ! Reconnu comme tel lors du prestigieux concours national de Montalcino, c’est le miel de romarin de l’Aziendra agricola Ballini qui a remporté ce beau titre. Les familles d’abeilles sont réparties dans plus de vingt localités de l’île. Encore une preuve de l’impressionnante biodiversité locale.