Les meilleures expositions parisiennes de photographie

© Sylvie Delpech

Thomas Demand au Jeu de Paume

Invité de l’institution de la place de la Concorde, Thomas Demand, artiste photographe allemand, fait l’objet d’une exposition majeure qui interroge le spectateur.

Que voit-on vraiment lorsqu’on regarde une image ?

L’exposition se parcourt à travers un dispositif théâtralisé de l’espace avec des murs recouverts de papier peint en trompe l’oeil, plaçant ainsi le visiteur devant un curieux spectacle.

Explorant à la fois la question de la nature des images et leurs interprétations possibles, les clichés de Thomas Demand sont dotés d’une inquiétante étrangeté. Si cela peut tenir du fait de l’absence de toute présence humaine dans ces images, l’esthétique très léchée, quasi clinique, de l’artiste contribue également à créer le trouble chez le spectateur.  A première vue, ces images paraissent témoigner factuellement de situations historiques, pourtant quelque chose sonne faux et crée le malaise.

Et pour cause, Thomas Demand entretient un rapport étroit à l’artifice et plus précisément à la maquette qu’il utilise comme matière première de son oeuvre. Nul enregistrement spontané de scènes historiques ici mais des reconstitutions en atelier qui trouvent leurs origines dans la formation artistique du photographe. Étudiant auprès d’un sculpteur qui l’invite à sonder les possibilités expressives des maquettes, il détourne ce procédé en se mettant à construire des scènes en carton et papier destinées à créer en trois dimensions et en taille réelle le décor de la prise de vue qui imite la réalité.

Ces constructions qui sont vouées in fine à la destruction, sont captées par la photographie et ainsi remises en circulation comme des traces d’une situation vécue.

Créant une distance au moyen l’artifice, l’artiste trouve avec une pratique audacieuse, le moyen le plus juste d’happer notre regard et de nous inviter à questionner le sens des images auxquelles nous sommes confrontés. Un événement édifiant !

Thomas Demand
Le bégaiement de l’histoire
 Du 14 février au 28 mai 2023

Jeu de Paume – Paris
1 Pl. de la Concorde, 75008 Paris

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Zanele Muholi à la Maison Européenne de la Photographie

Une exposition fleuve retraçant le parcours ultra engagé d’un.e des artistes contemporain.e.s les plus important.e.s de notre époque ? C’est ce que propose la MEP en ce printemps. Avec première rétrospective en France, la Maison Européenne de la Photographie consacre le travail hautement politique et nécessaire de Zanele Muholi, photographe et activiste sud-africain·e.

Documentant l’existence de la communauté noire LGBTQIA+ (lesbienne, gay, bisexuel·le, transgenre, queer, intersexe, asexue·le +), l’artiste qui se présente comme « activiste visuel·le », met à l’honneur les personnes queer et racisées. Véritables outils de lutte contre les injustices sexuelles et raciales de son époque, ses photographies se peuplent de beautés plurielles, souvent immortalisées au moyen d’un noir et blanc sublime.

Au-delà du portrait et de l’individualisation de ces êtres toujours saisis avec une immense dignité, c’est toute la représentation dominante et les stéréotypes qu’elle questionne. Comment la société occidentale a façonné un regard, des « normes », des jugements et quelle est la violence à laquelle sont confrontées les personnes qui empruntent des chemins de vie plus libres que ceux édictés par une société profondément patriarcale et ethnocentrée. Une œuvre essentielle qui invite au respect et à la réflexion.

Zanele Muholi
Du 1^er février au 21 mai 2023
Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy 75004 Paris

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Formes et patrons d’Azzedine Alaïa par Thomas Demand

En parallèle de la rétrospective « Thomas Demand, le bégaiement de l’histoire » au Jeu de Paume, la Fondation Azzedine Alaïa expose les « formes et patrons » du couturier saisis par le grand photographe allemand.

© Sylvie Delpech

Si Thomas Demand est attiré par les maquettes en tant que préambule à la création et comme matière première de son œuvre, il retrouve dans les archives du couturier cet attrait pour le travail préparatoire en trois dimensions et réalise cette série entre 2018 et 2019. « Je dessine juste pour garder la mémoire de mon travail. » disait Azzedine Alaïa… comme une mise en abîme du souvenir et de la trace avec cette proposition photographique de Thomas Demand qui met en relief les pliures, perforations et déchirures des travaux d’Alaïa.

© Sylvie Delpech

La présentation de cette exposition est l’occasion pour le public de découvrir, pour la première fois, le lieu le plus intime de la Fondation : le Studio d’Azzedine Alaïa. Antre du couturier, le Studio est le lieu de tous les possibles. Celui de la création, des hésitations, de l’inspiration, le lieu d’où émergèrent les plus belles créations du couturier disparut en 2017. Féru de mode, d’art, de design, d’architecture, et de musique, le couturier a, pendant plus de 50 ans, collectionné avec passion. En 2007, il fonde l’Association Azzedine Alaïa, pour conserver sa collection, qui prendra le statut de Fondation en 2020 grâce au soutien de l’éditrice italienne Carla Sozzani. Aujourd’hui ouverte au public, elle permet de redécouvrir l’ampleur et la beauté de son travail ainsi que sa collection personnelle et a vocation à accueillir des expositions sur les thématiques modes et design. Décidément un lieu à suivre …

Formes et patrons d’Azzedine Alaïa par Thomas Demand
Du 27.02.2023 – 20.08.2023
Fondation Azzedine Alaïa
18 Rue de la Verrerie, 75004 Paris

Et pour dormir à Paris, les plus beaux hotels avec spa de Paris.