L’exposition des collections napolitaines de Capodimonte prennent leurs quartiers d’été au Louvre

Filippo Tagliolini
La caduta dei Giganti

A l’évocation de Naples, surgissent tous les symboles : du Vésuve à Maradona, de la « pizza » à sa baie merveilleuse récemment filmée par le grand Sorrentino dans « la Main de Dieu », en passant par ses îles au large qui fascinent des hordes de touristes chaque année. 

Bien avant d’être la ville populaire que l’on connaît, Naples a régné par sa grandeur et son prestige faisant de ses sites archéologiques, dont Herculanum et Pompéi, le point de chute d’une certaine aristocratie européenne qui s’y précipitait lors du fameux Grand Tour.

MICHELANGELO MERISI (CARAVAGGIO) FLAGELLAZIONE DI CRISTO

Capodimonte, ancienne résidence de chasse des souverains Bourbon, en est le témoin. Fort d’une des plus grandes collections d’Italie, le musée rassemble un panel des écoles de la peinture italienne doublé d’une importante collection de dessins et de porcelaines.

 A l’invitation du Louvre, ce sont plus de 70 de ces chefs d’œuvres qui seront présentés en dialogue avec les collections françaises, recréant ainsi une histoire complémentaire de la peinture italienne du XVe au XVIIe siècle. Articulée sur trois espaces historiques du musée parisien, c’est aussi un formidable prétexte pour revoir ses classiques. 

Suivez le guide !

La Grande Galerie

Première étape de cette exposition : la traversée de la Grande Galerie. Si l’on ne peut s’empêcher d’imaginer Godard, Karina, et Sami Frey dévaler les pièces du Musée en courant dans Bande à part, il serait dommage de se précipiter. 

Carrache Annibale (1560-1609). Paris, musée du Louvre.

Impressionnant déjà le public avec ses propres chefs d’œuvres, le parcours de la Grande Galerie s’enrichit, à cette occasion, d’œuvres spectaculaires tout droit venues de Naples.

Il faut prendre le temps d’admirer le splendide Saint Jérôme de Colantonio -le plus important peintre napolitain de la Renaissance- figurant un lion admoniteur (entendez par là qui invite le spectateur, en le regardant à participer, au tableau) à qui le saint est en train de retirer une épine de la patte et qui nous maintient suspendu avec ses détails admirables.

Jusepe de Ribera, Apollo e Marsia

On découvre également La Transfiguration saisissante de Bellini, la poignante Crucifixion de Masaccio, plusieurs tableaux de Parmigiano, dont le portrait d’une élégance inouïe de Galeazzo Sanvitale, et même la fameuse Danaé de Titien. A ce stade, le syndrome de Stendhal nous guette mais ce n’est pas fini.

La salle de la Chapelle 

Issues des collections amassées par trois dynasties : les Farnèse, les Bourbons et les Bonaparte-Murat, les pièces présentées dans la salle de la Chapelle témoignent des différents âges d’or du royaume de Naples. C’est en 1738, après avoir hérité de la collection de sa mère, Elisabeth Farnèse, que Charles de Bourbon fait construire un palais à Capodimonte pour accueillir ses œuvres.

Masaccio, La Crucifixion

L’une des plus grandes manufactures de porcelaine du monde, dont un aperçu de la production trône dans la salle de la Chapelle du Louvre, verra le jour au sein du parc sous son règne également. Une histoire des arts qui s’enrichira au fil des règnes, jusqu’à l’unification de l’Italie. Autre trésor ici présent l’impressionnant Portrait du pape Paul III Farnèse avec ses neveux par Titien qui voisine avec le Cofanetto Farnese, chef d’œuvre d’orfèvrerie de la Renaissance. On ne manquera pas d’admirer une autre prouesse d’orfèvrerie sous les traits de Diane chasseresse. Cet automate en argent doré était un jeu à boire qui parcourait la table pour abreuver les convives…

7 juin 2023 – 8 janvier 2024
Aile Denon, Salon Carré et Grande Galerie
Aile Sully, Salle de la Chapelle

La salle de l’Horloge

Enfin dans cette dernière salle, le dessin est à l’honneur avec notamment quatre chefs-d’oeuvre de la collection Farnèse dont un carton autographe par Michel-Ange, le Groupe de soldats, et Moïse devant le Buisson ardent par Raphaël, deux œuvres préparatoires aux décors du Vatican …

Raphaël, Moïse devant le buisson ardent

Des oeuvres rarissimes, présentées en dialogue avec de célèbres cartons conservés au Cabinet des Dessins du Louvre comme celui de Dieu le Père pour La Dispute du Saint-Sacrement par Raphaël..

7 juin – 25 septembre 2023
Aile Sully, Salle de l’Horloge

Une programmation additionnelle pour s’immerger dans la bella estate, comme dirait Pavese

Et puisque la beauté de l’Italie s’exerce sur toutes les formes de l’art, on se penche volontiers sur la programmation des spectacles vivants en lien avec l’exposition, à l’occasion notamment de la première édition des Étés du Louvre du 21 juin au 20 juillet.

Giovanni Bellini, La Transfiguration

L’orchestre et l’académie des jeunes chanteurs du Teatro San Carlo, premier théâtre d’opéra d’Europe, figureront parmi les grands invités de cette saison. Des écrivains (il faut lire la préface au catalogue signée Erri de Lucca) mais aussi de nombreux réalisateurs et acteurs (Isabella Rossellini et Paolo Sorrentino) seront également conviés au Louvre à l’occasion d’un festival de films dédié à Naples dans le regard des cinéastes. 

NAPLES À PARIS
Le Louvre invite le musée de Capodimonte
7 juin 2023 – 8 janvier 2024