Culture
Trois artistes majeurs en tête d’affiche dans les galeries du Marais
02 JUIN . 2023
Trois expositions monographiques consacrées à de grands noms de l’art contemporain s’ouvrent dans le Marais pour accueillir les beaux jours. Entre deux terrasses, on vous propose Alex Katz, Xavier Veilhan et Seydou Keita en visite libre, qui dit mieux ?
Pour qui ose franchir le pas de la galerie, se révèle un univers foisonnant. Expositions riches et scénographies soignées, programmation renouvelée, les galeries font figures d’institutions, permettant à l’amateur comme au collectionneur de renouveler son regard et le faisant, parfois même, succomber à la tentation de l’acquisition. On retrouve en ce mois de juin : Xavier Veilhan chez le mastodonte Perrotin, Alex Katz chez l’autrichien Thaddaeus Ropac, et Seydou Keita chez Nathalie Obadia. De quoi en prendre plein les yeux avant que le soleil estival ne se charge du reste.
Xavier Veilhan chez Perrotin, le portrait sous toutes ses faces
Propulsé sur le devant de la scène avec son exposition au Château de Versailles en 2009, l’artiste visuel n’en finit pas d’exposer ses facettes de par le monde : du toit de la cité Radieuse de Marseille à sa participation en tant que représentant de la France à la Biennale de Venise 2017, en passant par le MAMCO de Genève, ou plus récemment le défilé Chanel en 2022, Xavier Veilhan est omniprésent.
Son travail, prenant tour à tour la forme de sculpture, peinture, vidéo, photographie ou installation, repose sur l’idée du réel et de ses formes de représentation. Mettant les nouvelles technologies au service de son art, l’artiste livre des créations reposant aussi bien sur de la captation et modélisation 3D ou que sur des dispositifs lumineux, détournant ces outils estampillés high tech à des fins artistiques.
Il dévoile ici une exposition intitulée Portrait Mode dans laquelle il renouvelle le genre historique du portrait à l’heure du numérique. Qu’ils reflètent les traits de ses amis, membres d’ateliers ou d’animaux, les portraits apparaissent en deux et trois dimensions et sont ramenés à leur version générique donnant à ces représentations une allure archétypale.
Mêlant des techniques anciennes (peinture et marqueterie) et modernes (sculpture numérique), ces portraits reposent sur l’idée de présence au monde, élément central au cœur de la pratique de l’artiste. Une dimension qui intègre également le visiteur, convoquant la fameuse citation de Marcel Duchamp « C’est le regardeur qui fait l’œuvre ». A ce nouvel événement, on répond définitivement présent !
Xavier Veilhan
Portrait mode
Solo show
2 juin 2023 – 29 juillet 2023
Galerie Perrotin
76 rue de Turenne
75003 Paris
Seydou Keita, chez Nathalie Obadia
Une nouvelle et quatrième exposition de Seydou Keita, l’un des plus importants photographes d’Afrique de l’Ouest, se tient en ce moment chez Nathalie Obadia.
L’artiste, décédé en 2001, est connu pour ses portraits d’un tendre noir et blanc de la société Malienne. « Quiconque n’a pas été pris en photo par Seydou Keïta n’a pas de photo » se disait ainsi à Bamako dans les années 50. Sous son objectif, ce sont des milliers de personnes qui ont posé, utilisant les joyeux artifices mis à disposition par l’artiste : vespas, radios sans fil, vélos, bijoux, vêtements africains, occidentaux et fonds composés de tissus sophistiqués.
Derrière cette mise en scène soignée et ce geste de l’instant, un engagement politique : faire accéder à ses clients, le temps d’une prise de vue, à un certain statut social jusqu’alors réservé aux blancs. En cela, ses clichés desquels se dégage une grande douceur, véhiculent un témoignage précieux : celui de l’émancipation de la société malienne qui reprend pleine possession de son identité.
Son travail bien connu en Afrique devra cependant attendre les années 90 pour rencontrer le succès en Occident. André Magnin, galeriste spécialisé en art moderne et contemporain africain, le découvre dans une exposition à New-York.
Curieux de savoir qui se trouve derrière les clichés qui l’ont ébloui, il part à la recherche de leur auteur et retrouve l’artiste à Bamako. De ce voyage résultera l’exposition du photographe à la Fondation Cartier en 1994, inaugurant le succès international de l’artiste. Rien ne prédisposait ce fils de charpentier à s’adonner à la photographie, mais le hasard faisant bien les choses, il mit sur sa route un Kodak
Brownie Flash, offert par son oncle à l’occasion de l’un de ses anniversaires. D’une pratique amateur, il en fit la mission d’une vie, dévouant son énergie et son talent à mettre en exergue toute la beauté malienne. On se presse pour découvrir un ensemble quasi exhaustif de ces célèbres clichés !
Seydou Keïta
5 Mai – 15 Juillet 2023
Galerie Nathalie Obadia
3, rue du Cloître Saint-Merri
75004 Paris
Visuels
Alex Katz, Purple Splits, chez Thaddaeus Ropac
Alors même que l’artiste de 95 ans compte déjà 200 expositions personnelles et plus de 500 collectives depuis les années 50 et que s’est récemment achevée une importante rétrospective au Guggenheim Museum de New York, une nouvelle manifestation de son travail se profile cette saison chez Thaddaeus Ropac avec ses « Purple Spilts ».
Né en 1927 à New-York, il incarne la figuration américaine, anticipant de peu la vague Pop Art qui suivra. De ce mouvement qui réintroduit le réel avec une dimension populaire et qui fait la part belle à l’image, l’artiste partage les références en cultivant une esthétique empreinte de culture américaine, au premier rang desquelles figurent la télévision, la publicité et le cinéma.
Ces influences infusent son œuvre (peinture, sculpture, gravure), qui se dévoile en plans serrés, rappelant les codes publicitaires. Ses sujets, principalement des portraits (sa femme Ada notamment) et paysages, traduisent un saisissement du monde dans une version synthétique, accentuée par une économie de moyens. Les traits sculptent le sujet tandis que la couleur achève de le modeler par des aplats en contraste entre la figure et le fond duquel elle se détache. Avec la série « Purple Splits » réalisée en 2022, l’artiste prouve une nouvelle fois sa capacité à se réinventer et saisir quelque chose d’une époque.
Ses nouveaux portraits fragmentés font une nouvelle fois référence à l’esthétique cinématographique mais convoque également des références majeures de l’art moderne avec le cubisme incarné par Picasso et Braque. Dans cette nouvelle série, il est question de mouvement et de répétition, de perspectives multiples du même visage tendant vers une image impossible… qui n’est pas sans rappeler le fameux film « Chelsea Girls » d’un certain Warhol !
Séquence Katz fortement recommandée !
Alex Katz
Purple Splits
6 juin -29 Juillet
Galerie Thaddaeus Ropac
7 Rue Debelleyme
75003 Paris
Allez découvrir les expositions d’avril et mai 2023 à Paris.