Rencontre : L’été de l’architecte d’intérieur Marie-Anne Derville

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17JUIL. 2023

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Rencontre : L’été de l’architecte d’intérieur Marie-Anne Derville

17 JUILLET . 2023

Écrit par Johanna Colombatti

Pour voguer à travers l’été en toute volupté, on vous a concocté une série de portraits de personnalités qui chérissent le beau, le bon et l’exigeant, contribuant dans leur quotidien à rendre le monde plus doux, plus riche, plus stimulant… Embarquez pour un voyage autour de ce moment si particulier de l’année en compagnie de figures inspirantes ! Première rencontre de l’été avec l’architecte d’intérieur Marie-Anne Derville.

Chez Marie-Anne Derville, tout est affaire de goût. Tour à tour décoratrice, scénographe, directrice artistique, art advisor, celle qui s’est formée chez Arte, Phaidon et Pierre Yovanovitch est avant tout une esthète avertie. Une allure aussi. Longiligne et gracile, vêtue d’un noir dont elle a fait sa signature, elle est de ces silhouettes qui attirent le regard comme l’objectif, faisant le bonheur de ses amis photographes et stylistes.

Sorte de muse contemporaine, à la manière de Loulou de la Falaise ou Betty Catroux dans les années 70, elle est aussi et surtout une créatrice touche à tout, pensant collections d’art et espaces comme des lieux à raconter et à mettre en scène. Sensible à l’art classique et follement éprise d’Italie, elle insuffle à chacun de ses projets un mélange d’élégance et de classicisme, ponctué d’une touche de contemporanéité.

Elle livrera bientôt un penthouse à New-York, un appartement privé à Paris puis Londres – pied à terre d’un collectionneur – ainsi qu’un restaurant, le Zia, à Rome. Et c’est dans la ville éternelle qu’elle signera aussi sa première ligne de mobilier et objets d’art pour la célèbre galerie Giustini / Stagetti qui sera présentée cet automne à Paris. D’ici là pour patienter, elle nous livre sa vision de l’été !

 

Une destination

L’Italie, per sempre ! L’Italie est le pays de ma petite enfance, le pays de mes rêves, et aussi pour moi le pays de l’Amour. C’est là bas que je suis la plus heureuse, entourée de toute cette beauté qui me fait perdre la tête ! J’ai une passion pour les italiens, qui sont joyeux, séducteurs, séduisants, à la fois légers et ténébreux. J’aime infiniment Naples, cette sorte de grand chaos magnifique où je trouve tout ce qui m’anime. Contrastes et intensité.

L’authenticité de la vie là bas m’enchante, il y existe encore une forme d’aristocratie, mêlée à une humanité pasolinienne quasi inchangée, vraie ; cette ville est une grande fresque de vie tellement inspirante. A la fois précieuse et brute de décoffrage. On y fait du scooter à deux, avec ou sans casque, on admire le nez au vent les palais sublimes et leurs portes immenses…

On s’arrête se baigner dans la baie. Les gens vivent sans retenue. L’atmosphère y est à la fois explosive et voluptueuse, et il y souffle encore un vent de grandeur et de liberté.

De là bas, je rejoins Capri, Ravello, et mes fabuleux amis de la Costa Amalfitana… les paysages les plus beaux qui soient !

 

Un musée / une fondation / lieu culturel

Le musée archéologique de Naples. D’une beauté infinie ! On peut y passer des heures et des heures à admirer toutes les merveilles qui s’y trouvent, dans ses salles gigantesques, grandioses et décaties. C’est unique.

On pourrait m’y enfermer quelque temps, je serais d’accord ! L’espace, le silence, l’Art absolu et le sentiment de permanence. Le vrai luxe selon moi, dans ce monde devenu hystérique, en recherche incessante de nouveauté… Il y a peu de temps dans un livre d’entretiens j’ai lu que c’était aussi le lieu favori du cinéaste Jean Renoir, le réalisateur de La Règle du jeu, mon héros. A mon avis, rien n’a changé depuis qu’il l’a visité… Ça m’a donné envie d’y retourner, de revoir ce que lui a vu aussi, de marcher sur ses traces. Sublime grande illusion !

 

Un menu/ un plat

Gin tonic et poissons grillés. Glaces et cafés. Et les bains de mer tout le jour, toute la nuit,  toujours ! La mer, c’est ma nourriture favorite. 

 

Une lecture

La Divine Comédie de Dante, en version bilingue. On l’ouvre et on la ferme, à n’importe quelle page, peu importe, il faut le prendre comme un livre de poésie. La trame importe peu, c’est un voyage intérieur qui part dans tous les sens, comme la vie. Et même si parfois c’est incompréhensible, ce n’est pas grave, il faut se laisser porter par la beauté de la langue, subjuguante. C’est suffisant. Moi je me dis que je ne peux rien offrir de plus beau à mon esprit… Épopée universelle et infinie de subtilité et de lumière. 

Avec il faut emporter la version vue par Philippe Sollers (Sollers, qui est décédé en mai dernier et que j’adorais), il analyse ce grand rêve que Dante nous a livré avec tellement d’intelligence et de finesse. 

 

Un film

Riso amaro, de Giuseppe de Santis. Pour la réalisation magnifique de De Santis, le style fou de sa mise en scène, de ses costumes, et surtout pour la beauté bombesque de Silvana Mangano, et bien sûr celle de Gassman aussi. Il faut voir et revoir leurs danses à deux… Comment ils balancent leurs têtes, leurs hanches, leurs genoux. Et leurs jeux de regards… Quels acteurs ! Ça me donne un sourire immense rien que d’y penser… Ce n’est pas le plus grand film du monde, mais pour moi c’est toute la sensualité de l’été, du désir, du pouvoir de la jeunesse, de la séduction, de la liberté d’être et du danger.

Quel incroyable sentiment de vie un film peut nous offrir… Le cinéma c’est la vie.

 

Un son

T’amo e T’amero, de Peppino Gagliardi, qui me fait à la fois rire et pleurer. Il faut l’écouter en boucle, les cheveux dans le vent, tout salé, en décapotable, en bateau, en scooter, à fond dans  ses écouteurs sous le soleil… la peau en chair de poule et le cœur bourré de chaudes perspectives d’avenir.

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