Visiter le Clos du Temple, le vin rosé le plus cher du monde

À 10 kilomètres à l’est de Narbonne, passés une route et un chemin escarpé, on atteint un portail perdu au milieu de la garrigue et des montagnes de la commune rurale de Cabrières. Seule une légère brise et le chant des cigales viennent troubler le calme olympien du domaine de Gérard Bertrand, pape des vins du Languedoc connu pour son engagement à produire des vins respectueux de l’environnement, du bio au nature. Ici, le muret, construit à la main, est comme un signe annonciateur du soin que l’on donne à l’entretien de la vigne. Pas de faux-semblants. Les douze hectares du domaine, dont onze parcelles à flanc de colline, sont naturellement clos par le relief et la végétation alentour. 

En contrehaut domine le chai dressé au sommet de la colline, un vaisseau contemporain fait de béton et de verre surplombant les vignes et la garrigue qui s’étend à perte de vue. Pour sa construction, Gérard Bertrand s’est associé à l’architecte local François Fontès. Des structures en pierre et en béton supportent une terrasse aux baies vitrées gigantesques s’ouvrant sur la forêt de chênes verts rivée sur les vallons. 

On gagne l’entrée du chai par un chemin de terre qui serpente au milieu des vignes, sous le soleil. On pénètre dans le bâtiment. On franchit un rideau qui nous conduit à un grand escalier à l’atmosphère ténébreuse, orchestrée par les chants médiévaux d’Ô Fortuna du cantal Carmina Burana. Des jeux de lumière s’amorcent autour des rambardes fluorescentes. Au niveau inférieur, l’ambiance change radicalement : le chai, baigné par la lumière et la réflexion des miroirs, dévoile des cuves de forme pyramidale. Chaque cuve correspond aux fruits de chaque parcelle : Le Clos du Temple est obtenu par l’assemblage unique de 4 cépages rouges (Grenache, Cinsault, Syrah, Mourvèdre) et d’un cépage blanc (Viognier) qui confère au rosé toute sa singularité et son caractère d’exception. Durant la visite, on est saisi par l’omniprésence des matériaux bruts (roche, béton), et l’atmosphère ésotérique qui plane sur le chai avec ses rangées de pyramides noires aux sommets couleur or. La visite s’achève par une dégustation du dernier millésime. 

En remontant à l’étage, les baies vitrées à la vision panoramique dévoilent les parcelles de vignes magnifiquement entretenues. Le chai, étant situé au cœur du vignoble, la durée du transport des jus est réduite au maximum. Pour éviter la coloration du jus, le pressurage se fait à 5°C. Les arômes sont ainsi conservés et la fraîcheur bloque les pigments naturels. La vinification se fait en fûts de chêne français neufs (chêne de la forêt de Tronçais et de Jupilles) pendant 6 à 8 mois. Cerise sur le gâteau, les vins rosés, estampillés nature et bio, sont assemblés selon le calendrier astral biodynamique. Le résultat ? Un des meilleurs vins rosés qu’on ait jamais dégusté, clair et étincellement, unanimement salué par la critique… qui se révèle être aussi bon qu’un très grand vin blanc de repas légèrement taché. La bouteille, vendue à plus de 200 euros, en fait un vin d’exception… et le rosé le plus cher au monde. 

Bon à savoir ? Aménagée à côté de la salle de dégustation, Gérard Bertrand loue à la nuit une suite de luxe toute en baie vitrée avec vue sur les vignes et avec, sur demande, un chef à domicile. Une expérience immersive et originale pour tous les amoureux de vins. À partir de 1000€ la nuit.