Art
Les îles grecques authentiques et hors des sentiers battus
25 AVRIL . 2024
Échappez au tumulte des spots surpeuplés et découvrez six îles grecques, loin des clichés de Mykonos et Santorin, où tranquillité rime avec authenticité. 6 îles secrètes et authentiques à ne pas manquer.
Dans l’immense diversité des destinations grecques, il y a des îles si discrètes que même Google Maps semble peiner à les localiser. Laissez Mykonos à ses DJs qui ne dorment jamais et Santorin à ses touristes qui bataillent pour la meilleure photo de coucher de soleil, transformant chaque soirée en une véritable arène Instagram. Pour ceux en quête de calme mais refusant de sacrifier le charme, ces six joyaux cachés sont des portes ouvertes sur une Grèce authentiquement tranquille. Moins chantées que leurs cousines célèbres, elles offrent des sanctuaires où le silence est seulement interrompu par le bruit des vagues ou le cri d’un goéland. C’est dans ces recoins cachés de la Grèce que l’on peut vraiment entendre les murmures des dieux anciens, ou du moins ceux des locaux partageant leurs légendes lors d’un repas communautaire. Loin de la cacophonie festive des destinations populaires, ces 6 îles sont des invitations à redécouvrir le luxe de la simplicité hellénique.
Symi, l’élégance discrète
Perchée au sud-est de la mer Égée, à quelques encablures seulement des côtes turques, Symi se révèle comme une scène parfaite de carte postale sans la foule pour photobomber leurs souvenirs. Cette petite île montagneuse calme et authentique du Dodécanèse offre certains des plus spectaculaires paysages de Grèce. Au port de Gialos, les maisons néoclassiques (toutes classées, peintes dans des nuances pastel avec une précision d’artiste, s’élèvent en cascade sur la colline, créant un tableau vivant qui transcende les clichés habituels.
Au bout de la jetée, l’église Ekklisia Evaggelistria s’ouvre sur une vue imprenable sur l’entrée du port. Pour les plus aventureux, l’ascension des 500 marches de la Kali Strada jusqu’au village de Chorio constitue un véritable exercice pour les jambes comme pour l’esprit. En haut, les vieux moulins à vent, certains en ruines, d’autres méticuleusement restaurés et transformés en résidences de vacances, récompensent l’effort avec leur charme unique.
Les plages de Symi, aux eaux cristallines et souvent bordées de galets, sont généralement accessibles uniquement par bateau. Les bateaux-taxis locaux, effectuent plusieurs trajets quotidiens de Gialos, et proposent des trajets vers des criques isolées, comme la splendide plage d’Agios Georgios, encadrée de falaises dramatiques et de profondes eaux azurées. À ne pas rater : le monastère Panormitis, niché dans une crique tranquille et fondé au XVIIIe siècle. Dédié à l’archange Michel, saint patron de l’île, ce centre de pèlerinage orthodoxe abrite des peintures murales byzantines, une iconostase en bois sculpté et des fresques, témoignages des dévotions des marins de passage.
Alonissos, le sanctuaire marin
À l’est du Péloponnèse, Alonissos s’impose comme le fier protecteur du plus grand parc marin protégé d’Europe. Plongeurs et éco-touristes y explorent des eaux limpides, non pas pour fuir la chaleur estivale, mais pour admirer un écosystème riche où évoluent 80 espèces d’oiseaux et 300 variétés de poissons, sans oublier les célèbres phoques moines.
Le cœur battant de l’île, c’est le port de Patitiri. Reconstruit dans les années 60 après un séisme dévastateur, Patitiri a troqué son charme pittoresque contre un rôle central dans la vie sociale de l’île et comme point de départ des excursions maritimes et terrestres.
En s’aventurant dans les terres, on découvre Chora, un village haut en couleur, aussi charmant que vivant. Entre ses petits bars et restaurants, l’air y est embaumé par le parfum des figuiers des jardins alentour. À ne pas rater : faites une excursion en bateau autour des îlots de l’archipel pour avoir la chance d’apercevoir goélands, faucons, aigles de Bonelli, dauphins, phoques ou encore tortues.
Folegandros, l’art de l’isolation
Folegandros, sommet du minimalisme insulaire, se dresse comme un massif rocheux émergeant de la mer Égée, où le silence est si palpable qu’on pourrait presque l’entendre. Les falaises escarpées, qui s’élèvent jusqu’à 300 mètres au-dessus de la mer, offrent un spectacle naturel époustouflant et un isolement tel qu’on en vient à oublier l’existence du continent européen tout proche. On accède au plateau rocheux qui accueille la capitale médiévale Chora, par des sentiers qui serpentent à travers des paysages mémorables à la beauté aride. La prohibition des voitures à Chora permet de mieux apprécier ses ruelles dallées bordées de maisons blanchies à la chaux, d’où tombent des cascades de bougainvilliers et de jasmins parfumés. De nombreuses petites places invitent à savourer un verre à l’ombre de pergolas fleuries, dans un air vierge d’hydrocarbures.
Pour rejoindre l’église Panagia de Chora, on peut opter pour une montée à dos d’âne, en prenant soin de bien tenir son chapeau, tant le vent ici peut se montrer espiègle et puissant Avec ses 32 km², Folegandros propose également une variété de plages, certaines facilement accessibles et d’autres plus retirées, comme la populaire plage d’Agali, parfaite pour les familles, ou la tranquille plage d’Agios Nikolaos, ombragée par des tamaris et dotée d’une charmante taverne. À ne pas rater : la Chrysospilia, aussi connue sous le nom de Grotte d’Or, située dix mètres au-dessus de la mer. Cette vaste cavité est l’une des plus grandes grottes de Grèce, ornée d’un riche décor de stalactites et de stalagmites
Ikaria, l’Île où le temps suspend son vol
Ikaria, baptisée d’après le mythe d’Icare, évoque un vaisseau renversé voguant sur l’océan. Avec ses 660 km² de superficie terrestre serpentée par 160 kilomètres de côtes, cette île est une sorte de navire hors du temps où Dionysos, semble avoir élu résidence permanente pour y célébrer la lenteur et le vin – cette combinaison divine qui rallonge visiblement la vie de ses résidents, souvent centenaires. Aussi appelée « l’île rouge » non pas pour ses teintes crépusculaires mais pour son passé marqué par un élan de solidarité envers les prisonniers communistes durant la guerre civile, Ikaria dégage un parfum de rébellion qui imprègne chaque verre de son vin réputé. Ce dernier se déguste dans les caves viticoles d’Evdilos, un petit port de pêche qui a su conserver son charme d’antan.
Si vous vous aventurez au-delà des bars à vins, vous découvrirez à Kambos les vestiges d’un palais byzantin, encadrés par une forêt de pins et le monastère de Theoktisti avec sa chapelle troglodyte. Les passionnés de randonnée seront comblés par les sentiers qui les mèneront à la plage Seychelles d’Ikaria, où les blocs de granit témoignent d’un ambitieux projet de tunnel ayant mal tourné, transformant cet incident en une séduisante curiosité balnéaire. Ne négligez pas les 37 cavernes de l’île, où l’énergie thermique de la terre se manifeste sous forme de sources chaudes. Ces eaux, accusées de guérir de tout, des rhumatismes à la stérilité, offrent un spa naturel dont la fréquentation témoigne de leur efficacité. À ne pas rater : sur la pointe sud-ouest de l’île, le phare de Kavos Papas a été érigé par les Français pour l’Empire Ottoman entre 1886 et 1890. Inscrit sur la liste du patrimoine culturel par l’UNESCO, il signale un des passages les plus difficiles de la mer Égée centrale, entre Mykonos et Ikaria.
Tinos, l’antre des artistes
Nichée au cœur de la mer Égée, entre Andros et Mykonos, Tinos est la troisième plus grande île des Cyclades. Malgré sa taille, elle passe souvent inaperçue auprès des touristes internationaux, qui lui préfèrent des destinations comme Santorin ou Mykonos, souvent à cause de son manque de plages « de carte postale » et de monuments antiques. Cependant, Tinos charme ceux qui recherchent une expérience plus authentique, attirant les amateurs d’art et ceux indifférents aux vents du meltem.
Flânez dans les anciens quartiers de Pallada et Saint-Elefthérios à Chora, le port de l’île, où les effluves de jasmin flottent dans l’air. Dans ces ruelles, vous pourrez découvrir des boutiques traditionnelles et des ateliers de tissage où des femmes de Tinos continuent de fabriquer des broderies à la main. Le « marché des touristes », un vestige de l’époque ottomane, s’anime avec des vendeurs exposant icônes, bijoux, broderies… exposés à même le sol, ainsi que des pâtisseries et confiseries faites maison, le tout baigné dans un parfum d’encens qui s’intensifie à l’approche de l’église de la Vierge Marie. À ne pas rater : le musée archéologique de Chora un incontournable pour quiconque visite Tinos. Ouvert dans les années 1960 sur la rue principale menant à l’église de la Vierge Marie, le musée présente des trouvailles fascinantes telles que des jarres de stockage, des statues du temple de Poséidon, une horloge d’Andronikos de Kyristos, une mosaïque de sol et des pièces de monnaie anciennes.
Amorgos, la belle orientale
Rendue célèbre pour avoir accueilli le tournage du film « Le Grand Bleu », Amorgos est restée étrangement préservée du tourisme de masse. Les amateurs de randonnée y trouveront leur bonheur : l’île est célèbre pour ses sentiers qui offrent des panoramas époustouflants sur la mer Égée. Ces anciens chemins bordés de murets de pierre relient les villages, permettant aux marcheurs de s’imprégner du charme authentique de l’île tout en s’octroyant des pauses méritées. L’incontournable Monastère de Panaghia Chozoviotissa, accroché à la falaise à 300 mètres au-dessus de la mer, exige une montée de près de 300 marches.
Mais l’effort est récompensé par la beauté des icônes byzantines à l’intérieur et un panorama extérieur à couper le souffle. Les ruelles pavées de Chora, l’un des villages les plus charmants des Cyclades, avec ses maisons blanchies à la chaux, portes bleues et escaliers sinueux, ont servi de décor à l’enfance de Jacques Maillol dans le film de Luc Besson. À ne pas rater : l’épave mystérieuse d’un bateau au sud de l’île, restée remarquablement préservée.