Culture
Les secrets du Mont Saint Michel
29 MAI . 2024
Emily in Paris n’aura pas la chance de voir glisser ses talons aiguilles sur les pavés du Mont, c’est la série plus gothique Walking dead qui a eu le privilège de filmer ce rocher sur lequel est posée une exceptionnelle abbaye, patrimoine mondial de l’Unesco. Dans la Manche, ce monument français rythmé par les marées oscille entre curiosités géologiques, lieu de pèlerinage et attraction touristique. Mais connaissez-vous vraiment le Mont Saint Michel ?
Le paradis de la pêche à pied dans l’estran
O le rythme des marées ! Le Mont Saint Michel est le théâtre des plus grandes marées d’Europe continentale, jusqu’à 15 mètres de marnage ! Quand la lune et le soleil se jouent de la terre en mode équinoxe, c’est près de 10 km de côte qui se libèrent des eaux pour laisser apparaître à la lumière une faune et une flore méconnue et riche en vertu.
Le paradis de la pêche à pied dans l’estran, c’est comme ça qu’on dit, pour certains. Algues vertes brunes ou rouges, crabes, huîtres sauvages, ormeau, tourteau, coquilles saint-jacques (forcément!), coques, palourdes, crevettes… Attention aux gourmands, la pêche est réglementée, elle se doit d’être durable et responsable.
Pour une cuisine locale et végétarienne : L’Hippocampe, dans la baie
Le mascaret, une vague venue de la Manche
Il y a une aventure peu commune à pratiquer durant le cycle des marées juste à côté du Mont saint Michel. On peut traverser les rivières à fort courant pour se retrouver sur des bancs de sable juste en face, là où était la Manche. C’est risqué, la marée remonte au rythme d’un galop de cheval, en tous les cas à 6 km/h. Watch out ! se dirent les pauvres Anglais qui n’ont jamais réussi à envahir ce morceau de caillou qui les narguait durant la guerre de cent ans. Trente ans de siège et globalement des noyades quand le mascaret surgit. Il s’agit d’une vague venue de la Manche qui recouvre les courants contraires des eaux des trois fleuves côtiers que sont le Couesnon, la Sélune et la Sée, lors des grandes marées. On peut même la surfer en kayak !
Non loin du mont, le bistrot Joséphine propose une délicieuse cuisine inspirée des marées.
Il a bien évolué ce caillou depuis le XIe siècle
Depuis que le Mont Saint Michel a retrouvé son isolement (une passerelle a été installée en lieu et place d’une route), les grandes marées l’entourent comme jamais. A marée basse ce qui était à l’origine un gros rocher est entouré d’une immensité de sable, tout ce qu’il y a de plus classique. Mais depuis le XIe siècle il a bien évolué ce caillou sur lequel quatre cryptes ont été construites et une impressionnante église abbatiale. Et ils ne se sont pas arrêtés en si bon chemin pour agrémenter ce lieu de pèlerinage populaire : un ensemble gothique de deux bâtiments de trois étages, couronnés par le cloître et le réfectoire des moines, ont vu le jour par la suite. Tadam ! Mazette !
Les sables mouvants rendent impossible toute évasion de cette prison
Saviez-vous que suite à la Révolution française, les moines furent chassés de l’abbaye qui fut transformée en une prison d’État ? Drôle de geôle que cette formidable bâtisse religieuse construite sur un rocher qui, jusqu’en 1863, accueillera 14 000 prisonniers. Logique somme toute car il est impossible de quitter cette Bastille des mers dont les redoutables marées et les imprévisibles sables mouvants rendent impossible toute évasion. Mais sans chauffage, balayé par le vent, mal nourri, les séjours furent une torture et un scandale à l’époque.
Déguster le Mont le long d’une année de vie à l’abbaye
Depuis, les temps ont changé et on est merveilleusement accueilli et restauré. A la suite des travaux pour la passerelle, un ensemble hôtelier et restauration borde la côte et il vous reste aussi les restaurants du Mont ! En grimpant vers l’abbaye, vous ne pourrez échapper à la mère Poulard, cette femme de ménage est reconnue pour ses omelettes -on parle de la fin du 19e et début 20e siècle-. Le temps a fait son œuvre, les produits de la mère Poulard pullulent dans les rues alors que la jolie salle du restaurant bénéficie d’un service impeccable.
Sur la carte vous pouvez tout à fait choisir autre chose que la “fameuse” omelette, qui nous a paru, comment dire, ennuyeuse… Alfred recommande À la table des sœurs, un recueil de recettes qui, avec la complicité des sœurs, donne envie de déguster le Mont tout au long d’une année de moments de vie et de repas partagés à l’abbaye. Leur crumble aux légumes d’automne fait très envie…