La Corse en train à bord du Trinichellu

Aventure & RoadTrip

30AOÛT. 2024

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La Corse en train à bord du Trinichellu

30 AOûT . 2024

Écrit par Christine Robalo

Embarquez sur le Trinichellu, surnommé affectueusement "le tremblotant". Ce train sinue à travers la Corse, offrant un parcours de 235 kilomètres qui lie le nord et le sud de l'île. Un voyage qui invite à parcourir l’Île de Beauté, découvrant ses montagnes, ses vallées verdoyantes et ses villages charmants, au rythme paisible de ses rails.

©AdobeStock

Avec ses wagons chahutants, le Trinichellu, se dresse comme une légende du rail qui tisse sa voie à travers la majestueuse île Corse. Depuis son inauguration en 1878, après près de deux décennies de travaux, ce train était destiné à relier des hameaux dispersés. Aujourd’hui, il transforme chaque trajet en une expérience unique, entre découverte et contemplation à travers un tracé tout en courbes et en lacets qui requiert l’attention constante de son conducteur.

 

À une époque où tout s’accélère, ce TGV, pour « train à grandes vibrations » comme disent ironiquement les insulaires, célèbre la lenteur, invitant les passagers à savourer chaque panorama et chaque rencontre pendant les 3 heures et demi de voyage. Loin d’être un simple moyen de transport, le Trinichellu est un véritable fil d’Ariane qui déroule le tapis sous vos pieds pour révéler des paysages cachés de l’île, souvent inaccessible en voiture. De la cité impériale Ajaccio aux plages de sable blanc de Calvi, ce chemin de fer d’exception, jalonné de 76 ponts et viaducs et de 43 tunnels, vous conduit à la découverte des joyaux secrets de la Corse.

 

Ajaccio, porte d’entrée en terres corses

Premier chapitre de notre odyssée ferroviaire, Ajaccio est bien plus qu’une simple gare de départ. C’est ici que l’histoire du Trinichellu commence à se raconter.
En plein été, obtenir une place assise relève parfois du défi. Dès 7 heures du matin, le thermomètre flirte déjà avec les 32°C.

La gare bourdonne d’activité, remplie de randonneurs venus du monde entier, palpablement excités à l’idée de braver le GR20, ainsi que de vacanciers et leurs sacs à dos négligemment éparpillés dans les allées. C’est là, au milieu de l’agitation, que le Trinichellu s’élance, slalomant entre la mer scintillante et les bâtisses imposantes de la Cité Impériale, pour s’évanouir ensuite dans les paysages sauvages de l’île.

 


De Bocognano à Vivario, cœurs battants de la Corse


Une heure s’est à peine écoulée depuis notre évasion d’Ajaccio et déjà, Bocognano se révèle, blotti entre des montagnes imposantes et des châtaigniers centenaires. Autrefois effleuré par la nationale, le village jouit aujourd’hui d’une tranquillité quasi-monastique, à l’exception de l’agitation des randonneurs énergiques qui y débutent leurs périples. Sa gare, aussi petite que charmante et ouverte en 1888, pourrait être le décor parfait d’une scène de film d’époque. 

Le Trinichellu serpente à travers les terres corses, là où réside l’âme véritable de l’île. Maintenu à une allure modérée par la géographie complexe de l’île, le train dépasse rarement les 40 km/h. C’est une invitation à savourer pleinement le paysage.

©AdobeStock

Suivant les montagnes, il épouse les courbes de l’île avec une lenteur délibérée, frôlant roches et végétation dense. Chaque passage dans les tunnels sombres est ponctué par un coup de klaxon, qui semble saluer les sangliers et les vaches sauvages susceptibles de traverser les rails.

On attaque le tunnel de Vizzavona qui s’étire sur presque 4 kilomètres mètres qui relie la Corse du Sud à celle du Nord. La légende raconte même que le climat peut changer d’un bout à l’autre ! Juste au-dessus, à plus de 906 mètres d’altitude, la gare de Vizzavona marque le point culminant de notre trajet. C’est là que beaucoup de randonneurs, venus conquérir le fameux GR20, descendent pour embrasser l’aventure. Cet endroit offre aussi un spectacle naturel remarquable avec ses cascades rafraîchissantes et une des forêts les plus spectaculaires de l’île, dotée d’une hêtraie qui vous laisse sans voix.

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L’ascension se poursuit jusqu’à un viaduc spectaculaire qui enjambe le Vecchio. Cet ouvrage d’art, signé de Gustave Eiffel en personne et classé monument historique depuis 1976, repose sur d’imposants piliers de pierre. Les matériaux nécessaires à sa construction, acheminés à dos d’âne, ont été élevés jusqu’à 94 mètres au-dessus de la rivière, illustrant une prouesse aussi historique que héroïque.

 

Corte, au cœur de l’Île 

Le paysage change et dévoile des pins, chênes verts et arbousiers, avant de traverser un pont magnifique du XVIIe siècle qui enjambe le Golo, le plus grand fleuve de Corse. Corte se présente alors, avec ses ruelles étroites et ses fortifications, comme un livre ouvert sur l’âme corse.

On s’offre un stop dans cette ancienne capitale de la Corse indépendante. Au milieu de la place Poli, baignée de soleil, se dresse la figure du général Pasquale Paoli, le père de la nation corse, qui a vaillamment repoussé les Génois. Son monument trône parmi les terrasses des cafés, offrant une invitation à la contemplation.

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Plus haut, la citadelle, classée monument historique depuis 1977, surplombe la ville. C’est la seule citadelle située au cœur de l’île, un témoignage robuste de l’histoire, ayant traversé les siècles sans fléchir.

Ne manquez pas de faire un tour à la Casa Curtinese, la plus vieille épicerie d’Europe, ouverte depuis plus de 200 ans. On y trouve des produits locaux, mais aussi des reliques du passé, comme d’anciens barils de lessive Bonux ou du Banania, témoins d’une époque révolue.

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Le train fait ensuite une halte à Ponte Leccia, la porte de la Balagne. C’est ici, dans ce hameau cerné par les aiguilles de Popolasca, que les voyageurs décident de continuer vers Bastia ou de quitter cette ligne pour explorer l’ouest, en direction de Calvi via l’Île Rousse par un second itinéraire du réseau ferroviaire.

 

Bastia, la belle et réservée capitale de la Corse du Nord

Pour rejoindre Bastia, le Trinichellu se faufile dans le tunnel de la Torretta, long de 1 422 mètres. L’entrée, fièrement taillée dans la pierre et ornée de l’ancien blason de la ville, annonce en grande pompe l’ultime étape de notre voyage. En longeant la côte, le train nous offre un spectacle grandiose avant de faire son entrée triomphale à Bastia.

Les façades chatoyantes du quartier de Terra Vecchia et les églises baroques murmurent les récits de l’histoire maritime de la Corse. Les ruelles, quant à elles, s’animent au rythme des marchés locaux et des festivals, transformant la ville en une scène vibrante et pleine de vie.Le périple s’achève à Bastia, où les eaux azur de la Méditerranée accueillent les voyageurs avec une touche de majesté. Avant d’atteindre cette destination finale, le train longe des plages de sable fin, offrant une dernière promesse de détente et d’évasion. Bastia, avec ses festivités et son charme coloré, constitue le chapitre final d’une odyssée inoubliable.

 

 

Entre l’Ile Rousse et Calvi, le train des plages

Pour ceux qui ont décidé de tenter leur chance vers l’Ouest, les vingt-cinq kilomètres séparant l’Île Rousse de Calvi sont une véritable merveille. La présence de la mer se fait plus évidente : l’air iodé s’infiltre dans les terres. Soudain, elle apparaît !

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L’Île Rousse se déploie au fond de sa baie, face à un groupe d’îlots rouges qui lui ont donné son nom. Des baigneurs paressent sur le sable, protégés par des parasols multicolores.

U Trinighellu flirte avec la mer avant de disparaître à nouveau entre les rochers et les oliviers. Puis, fidèle à sa réputation, le petit tremblotin longe paresseusement la côte. Le tracé suit le littoral en bordant de longues plages de sable clair. Ici, la vitesse est réduite à 30 km/h pour des raisons de sécurité. Il n’est pas rare de voir des touristes traverser les rails pour accéder à l’une des quinze plages desservies par le Trinichellu.

©AdobeStock

Ce « train des plages », justement nommé, débarque ses passagers, claquettes aux pieds et serviette enroulée autour du cou comme des écharpes de supporter, directement sur le sable. À la station Algajola, les rails ont presque disparu sous le sable ramené par la tramontane.

Au terminus, à la gare de Calvi, l’horloge est arrêtée, comme pour rappeler que lorsqu’on embarque dans le Trinichellu, le temps n’a plus d’importance.



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