Rencontre avec Laure Gravier et Soizic Fougeront, fondatrices du studio d’architecture Claves

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22AOÛT. 2024

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Rencontre avec Laure Gravier et Soizic Fougeront, fondatrices du studio d’architecture Claves

22 AOûT . 2024

Écrit par Johanna Colombatti

Et si l’on profitait des beaux jours pour (re)découvrir des personnalités inspirantes, prendre le temps de se plonger dans leur univers et saisir tout ce qui se cache derrière leur création ? On a rencontré pour vous celles et ceux qui œuvrent à diffuser du beau ou du bon au quotidien et qui contribuent ainsi à rendre notre monde plus doux, plus riche et plus stimulant. Aujourd’hui, on vous invite dans les mondes intérieurs des fondatrices du studio d’architecture Claves.

 

On rencontre le binôme au fond de la cour d’un hôtel parisien du 17ème arrondissement, confidentiel mais trop, où d’autres que nous se prêtent alentour au jeu de l’interview en cet après-midi d’été. Le lieu est apaisant et la conversation s’installe rapidement, aussi vite que fusent les références qui font l’originalité du duo. Si la discipline de l’architecture d’intérieur connaît un développement exponentiel ces derniers temps, le studio se démarque néanmoins par une grande érudition et des projets très référencés. Beaucoup d’esprit, un soupçon d’humour et une esthétique ultra raffinée pourrait être la recette de ce studio aux débuts très prometteurs !

 

Fondé il y a deux ans, le studio doit son nom à l’objet par lequel tout projet architectural commence : la clef, ici déclinée dans sa version latine, Claves. 

La clef des songes, la clef des champs, évocations poétiques … mais surtout la clef des lieux que tout propriétaire confie à son architecte au démarrage d’un projet. Pour construire le logo du studio et trouver un nom qui leur convienne, Laure et Soizic se sont plongées dans des tas d’archives, jusqu’à tomber sur l’image saisissante d’une clef issue d’un répertoire iconographique italien des années 1930.

Leurs recherches autour des déclinaisons de la clef dans l’Histoire achèveront de les convaincre. L’objet est beau – il est même un exercice de style pour les artisans à toutes les époques – et puissamment symbolique pour des architectes.  Et le studio de se parer ainsi d’une appellation aussi forte que sensible, laissant présager de quelques caractères de son ADN…

 

A l’image de leur nom, les fondatrices envisagent leur discipline comme l’écriture d’un récit exigeant et évocateur appliqué à l’habitat. Des projets composés à quatre mains et pensés à deux têtes comme le souligne Soizic : « On a deux façons de réfléchir différentes et qui s’articulent assez bien.

Laure, c’est du foisonnement, elle a un immense atlas d’images très diverses dans lequel elle pioche à chaque début de projet. Moi je suis plus analytique, je trouve un angle d’attaque pour aborder puis synthétiser la pensée du projet. Nous travaillons nos concepts comme une bonne chronique, avec un bon angle d’attaque et puis du fond. A partir de là nous déroulons le fil de notre narration, avec l’ensemble de nos références. »Leur complicité, bien palpable, est de longue date et remonte au temps où elles étaient toutes deux employées du cabinet d’architecture Pierre Yovanovitch. Lorsqu’elles se rencontrent, Laure dessine avec Pierre le mobilier de l’agence tandis Soizic est chargée de la production. Quelques années plus tard, elles se retrouvent autour d’une conversation qui sonnera comme le début d’une nouvelle aventure… bien sentie !

Leurs profils sont très complémentaires : Laure qui voue une passion aux intérieurs et au mobilier depuis toute petite – en témoignent des dessins de cette période – sera en charge de la Direction Artistique de Claves. Celle qui reconnaît « avoir eu la chance d’avoir des parents sensibles à ce goût-là et de grandir dans une belle maison des années 1970 » vient à Paris une fois son bac en poche, fait une prépa aux ateliers de Sèvres puis enchaîne avec l’école Camondo. Elle rédigera son mémoire autour des collections d’art et des objets dans les intérieurs revendiquant « aimer l’échelle du bâtiment autant que la petite cuillère » et être animée par la dimension globale des projets. Alors que sa dernière année de classe se profile, elle sait déjà qu’elle veut faire ses armes chez Pierre Yovanovitch.

 

Elle aime son goût, ses réalisations et ce sera là-bas ou ça ne sera pas. Elle intègre l’agence tout fraîchement diplômée et la rencontre avec son fondateur agit comme un coup de foudre amical. Ils parlent le même langage, ont les mêmes références, la même vision. Elle passera 7 ans dans l’agence, développant des projets comme celui de la boutique de la Villa Noailles jusqu’à devenir Directrice Artistique de l’Agence. Et puis il sera temps pour elle de voler de ses propres ailes et de signer ses projets en s’autorisant pleinement une dimension ornementale, peu exploitée jusque-là. Dans le même temps, Soizic qui a étudié le dessin et l’histoire de l’art au lycée et dont le parcours est plus administratif et financier, veut écouter son instinct et son fort attrait pour l’espace. Si elle est passée par les bancs de Science-Po Bordeaux et a enchaîné sur plusieurs années en cabinets de conseil, elle a pris goût à ses missions rattachées aux intérieurs et au développement de la ligne de mobilier au sein de l’agence Pierre Yovanovitch.

 

Elle se plaît ainsi à rêver à un projet plus personnel, celui de travailler l’espace. Petite, elle aimait bousculer l’agencement des pièces, changer la déco de sa chambre plusieurs fois par an et a conservé de cette lointaine période cette drôle d’habitude. Elles plaisantent ainsi en cœur sur leur manie de bouger les choses dès qu’elles arrivent dans une chambre d’hôtel. Et ce pourrait bien être ce souci du détail qui les réunit toutes les deux ou plutôt une même vision : celle de créer des projets « joyeux et très documentés à la fois sur l’histoire des lieux mais aussi sur celles des clients. Car dessiner une maison, c’est comme une thérapie : tout l’enjeu est de faire un lieu qui leur ressemble, qu’ils puissent s’approprier et qui les pousse dans leur retranchement. Puis de parvenir à scénariser tout cela. »

A les entendre, on s’aperçoit rapidement que leur esthétique est très nourrie de références artistiques (les années 30 et 40 en tête) mais aussi cinématographiques : « Notre univers est très imprégné de cinématographie. On aime l’idée que les gens vont vivre dans les lieux qu’on conçoit comme s’ils évoluaient dans un film » et de citer tour à tour « le festin de Babette » (l’occasion de confesser leur penchant pour la gourmandise) mais aussi « le roi et l’oiseau », comme l’un des premiers enchantements. 

© Le Festin de Babette

Elles se sont ainsi donné le défi de conserver leur capacité d’émerveillement (à cette évocation, on s’extasiera en cœur sur les exquises illustrations d’un ouvrage pour enfant intitulé les maisons de Dame Souris), et d’insuffler dans chaque projet une part d’humour. A considérer la cheminée simulant des flammes en relief de leur premier projet (une rénovation complète d’une maison de 350m2 dans Paris) ou la frise de fausse fumée qui plane dans le restaurant qu’elles ont conçu dernièrement : le dénommé Cornichon … on dirait bien qu’elles y sont parvenues !

Leur prochain projet ? Un chalet des années 1940 dans les Alpes et un hôtel particulier à Paris dont le thème sera le Surréalisme. « C’est un peu notre signature finalement :  trouver un concept, tirer un fil qui raconte une histoire, se plonger dans les références puis définir le rôle qu’on donnera à cet endroit. »

Et de notre côté, on se laisserait volontiers compter de nouvelles histoires …

En attendant de découvrir leurs nouvelles créations, elles nous livrent leurs meilleures adresses !

Un restaurant

L’Epi d’or de Jean-François Piège rue Jean-Jacques Rousseau. Nous sommes sans doute assez classiques mais tout nous plait dans ce restaurant : l’authenticité du décor, la parfaite exécution des classiques de la cuisine française.

Il est juste à côté de la fondation Pinault pour une expo après le déjeuner !


 25 rue Jean-Jacques Rousseau, 75001 Paris

Un jardin

Tous les ans, les Jardins de William Christie sont ouverts à l’occasion des Arts florissant, le festival de musique baroque. Le lieu est sublime. Le Théâtre de Verdure en ifs taillés nous donne l’impression d’être Alice au pays des Merveilles.

Le Jardin américain culmine dans sa partie basse avec un abri de jardin en bois « Arts and Crafts », surmonté d’un toit de tuiles anciennes. Cela rappelle la cabane de musique du film Tous les matins du monde. Un peu comme dans le film nous sommes dans ces jardins entre le l’opulence baroque et la simplicité protestante.


32 Rte de Sainte-Hermine, 85210 Thiré

Un artisan

Nous aimons beaucoup le travail d’orfèvrerie. Art de la table, bijoux ou encore objets liturgiques… l’argent offre un registre très étendu de formes et d’ornementations.

© D.R.

Nous adorons le travail de Jean Després : formes simples, volumes harmonieux, ornementation sobre. Nous sommes d’ailleurs en train de travailler sur une collection d’art de la table en argent inspiré des peintures médiévales.

Un métier de bouche

La pâtisserie ! Nous adorons les gâteaux architecture d’Antonin Carême, de la micro architecture tout en volutes et ornements.

Cela en dit long sur notre goût pour les décors !



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