Aventure & RoadTrip
Tout savoir sur le Voyage à Nantes
14 AOûT . 2024
Le Voyage à Nantes dédie sa treizième édition aux arbres, avec des œuvres d’art ludiques et fascinantes qui investissent le paysage urbain le temps du festival. On vous dévoile les 5 projets les plus marquants du cru 2024.
Imaginé par Jean Blaise, le fondateur de la Nuit Blanche, Le Voyage à Nantes (VAN) a fait le pari d’attiser la curiosité du public en révélant des détails cachés de son patrimoine. Après la prolongation de sa fameuse Ligne Verte et une édition dédiée à la statuaire, cette année, le festival se tourne vers les arbres.
Le rêve de Fitzcarraldo, un conte surréaliste
L’arbre monumental du Brésilien Henrique Oliveira semble jaillir des tréfonds de la place Graslin. L’œuvre s’inspire du film allemand de Werner Herzog (1982), qui suit la folie obsessionnelle de Fitzcarraldo, un homme d’affaires irlandais déterminé à monter un opéra lyrique en pleine jungle d’Amazonie péruvienne. Créée à partir de morceaux de bois récupérés qui servent d’ordinaire aux plaques tapumes utilisées sur les chantiers brésiliens, l’installation monumentale d’Oliveira fait écho au film, en interrogeant la frontière entre l’artifice humain et la nature sauvage.
Les branches de son immense arbre, dont on ne sait s’il s’avance inexorablement dans la ville ou s’il est à l’agonie, viennent lécher les colonnades du théâtre Graslin dans une vision aussi mystérieuse que menaçante. À moins que cet arbre de vie ne tente simplement d’établir un lien entre l’art que certains pensent réservé aux nantis, dans le théâtre, avec un spectacle de rue populaire qui aurait tout autant de valeur ?
Le Rêve Fitzcarraldo, place Graslin, 44000 Nantes
La grande évasion des fontaines Wallace
Véritable symbole humaniste du philanthrope anglais Richard Wallace, les fontaines Wallace ont été imaginées par le sculpteur nantais Charles-Auguste Lebourg au sortir de la guerre franco-prussienne (1870-71), pour subvenir aux besoins en eau potable de la population. Le VAN confie la relecture des célèbres fontaines à l’auteur de BD Cyril Pedrosa. L’auteur des Trois ombres et de Portugal propose quatre nouvelles versions, tout aussi fonctionnelles, qui se lisent comme une planche de BD disséminée à travers la ville.
Initialement prévues pour le VAN 2023, organisé autour du thème de la statuaire, les fontaines de Pedrosa s’intéressent à l’histoire d’une humanité en quête d’émancipation. Du jardin de la Psalette au square Louis Bureau, on suit le parcours de quatre cariatides chargées d’étancher la soif des habitants, qui commencent par explorer leur environnement… pour finir par s’en échapper !
L’Évasion 1, Jardin de la Psalette 44000 Nantes
L’Évasion 2, rue des États 44000 Nantes
L’Évasion 3, place Fernand-Soil 44000 Nantes
L’Évasion 4, square Louis Bureau 44000 Nantes
Dans le grand bain de Claire Tabouret
Indispensables au développement sanitaire de la ville, les bains-douches de Nantes sont érigés en 1860, avant le comblement d‘un bras de la Loire, pour offrir un accès à l’hygiène aux plus démunis. En 2019, le bâtiment d’Henri Théodore Driollet devient Le Grand Bain, un tiers-lieu coopératif qui sert de pépinière aux jeunes entrepreneurs. Sur le côté de l’édifice, l’artiste Claire Tabouret fait construire un bassin encastré dans l’alcôve, afin d‘y placer la sculpture de deux baigneuses comme prises sur le vif en pleine rêverie.
Les figures féminines, qui se ressemblent comme deux sœurs, sont représentées dans en maillot de bain rayé dans un moment suspendu, juste après avoir profité de la fraîcheur de l’eau. Les pieds dans le bassin, leur corps ruisselle d’un filet d’eau perpétuel, avec pour témoin du temps l’oxydation lente de leur peau de bronze.
Deux baigneuses, 5 Allée de la Maison Rouge, 44000 Nantes
Le passé trouble des magnolias
Arbre emblématique de Nantes, le Magnolia grandiflora fleurit de juin à août. L’occasion rêvée pour le duo d‘artistes-designers Nicolas Barreau et Jules Charbonnet de monter à la cime des majestueux arbres centenaires Cours Cambronne. Arrivée par bateau à bord du navire Saint-Michel fraîchement revenu de Louisiane, la plante débarque en 1711 à Paimboeuf, premier port de traite humaine en France. L’étalage des richesses ramenées de contrées lointaines décore peu à peu la ville, et rappelle aujourd’hui le rôle de Nantes dans l’asservissement de populations entières.
Pour aller humer le parfum citronné et vanillé des délicates fleurs blanches, Barreau Charbonnet a élevé un grandiose escalier coloré à double volée, inspiré de la charpenterie navale traditionnelle des bois tors. Juste à côté de l’installation, ne ratez pas la sculpture permanente de Philippe Ramette, L’Éloge de la transgression (VAN 2018), pied-de-nez drôle et irrévérent à l’histoire de la statuaire.
Le Sursaut des bois courbes, Cours Cambronne, 44000 Nantes
L’Homme de bois
Adepte des créations hybrides tournées vers la nature, l’artiste Fabrice Hyber a installé son colosse de bois au cœur du Jardin des plantes. Pendant que sa forêt idéale, composée de milliers de graines, pousse lentement dans la Vendée de son enfance, L’Homme de bois s’élance à 6,09 m de hauteur. À la fois protectrice et fédératrice, l’œuvre reprend la silhouette d’une autre œuvre de l’artiste, L’Homme de Bessines, installée sur les réseaux d’eau de Bessines (Deux-Sèvres), près de Niort. À Nantes, le géant trône au-dessus d’un petit bassin peuplé de plantes emblématiques et d’espèces rares, témoins de la richesse botanique de la région, qui attirent peu à peu la curiosité de la faune locale.
Réalisée à partir de bois nantais, la sculpture vivante devrait bientôt se couvrir de mousse et de fougères, preuve de la suprématie de la nature sur l’Homme. Ne partez pas sans une balade bucolique dans le jardin, à la recherche des personnages ludiques de Jean Jullien.
L’Homme de bois, 5 Rue Ecorchard, 44000 Nantes
Le voyage à Nantes, du 6 juillet au 8 septembre 2024