Où déjeuner avec vue sur la Tour Eiffel à Paris

© Bonnie

Bonnie

Elle est belle et son prénom c’est Bonnie, susuraient Gainsbourg et Bardot. Sa planque parisienne ? Le SO/Paris Hôtel, une adresse du groupe Paris Society. Au 15e étage de la Tour Morland, un immeuble des années 1960 de l’architecte David Chipperfield, ce restaurant met à l’honneur le Space Age. L’acier chromé rutile, les moquettes se font psychédéliques et les appliques assument leur côté vintage. La designer Jordane Arrivetz de l’agence Notoire joue à fond l’esprit sixties, mariant velours et bouclettes, sur fond de  mobilier sur mesure. Pour mieux désarçonner elle opte pour les œuvres d’Olafur Eliasson dont les jeux de miroir au plafond bousculent tous les repères.

© Romain Ricard

A vos pieds, l’île Saint-Louis et, où que porte le regard, tout Paris, vue sur la Tour Eiffel comprise. Et dans ce kaléidoscope intérieur – extérieur, tout devient renversant. Et à table ? Le menu se fait gourmand, façon brasserie chic bien élevée, boosté par un grand écart entre classiques français et New-Yorkais : velouté d’asperges vertes ou crab cake, coquelet à l’américaine ou sole meunière à partager. En dessert, cheesecake ou mi-cuit caramel au beurre salé, et pourquoi pas mixer ? Les viandes sont de belle qualité, leur cuisson bien twistée. Après le dîner on grimpe encore d’un étage, pour profiter de l’intimité du bar et du club. Les canapés feulent leur couleur fauve face aux grandes baies vitrées. Sur un air électro-disco, un cocktail signature à la main, le regard chavire sur cette vue.

Bonnie SO/Paris
10, rue Agrippa d’Aubigné, 75004 Paris
bonnie-restaurant.com

Girafe

Une table au cœur de la Cité de l’Architecture, à la superbe architecture constructiviste ; c’est déjà original. Et le lieu ne déçoit pas. Conçu par Joseph Dirand, qui avait déjà imaginé Monsieur Bleu au Palais de Tokyo et Loulou au musée des Arts Décoratifs, le design de Girafe s’inscrit dans les années 30. L’entrée intimide quelque peu : à la fois spectaculaire avec ses hauts plafonds  – 5 mètres tout de même – et son immense bar en marbre, et chaleureux avec ses banquettes crème sagement alignées, son armée de plantes vertes qui viennent égayer l’immense terrasse.

Le regard se pose sur les jardins du Trocadéro, pour mieux se lever, avec un émerveillement enfantin, sur la tour Eiffel. En cuisine, le chef Charles Ducrocq a choisi son camp, celui de la mer : du caviar aux crustacés, du thon en tataki au saumon en ceviche, du classique plateau de fruits de mer au mariage du homard aux linguines. On peut venir accompagné de viandards comme de veggies à qui la carte accorde quelques propositions. Et au fait pourquoi la Girafe ?  Car les premiers détracteurs de la Dame de Fer la surnommaient  la “grande girafe toute percée”. On laissera le mot de la fin à Cocteau qui l’appelait la belle girafe en dentelle.

Girafe
1, place du Trocadéro et du 11 Novembre, 75016 Paris
girafe-restaurant.com

Les Ombres

Encore un musée, celui du quai Branly – Jacques Chirac – qui prête volontiers son toit terrasse pour se restaurer. Mais pas à n’importe qui : Jean Nouvel signe l’architecture de cette boîte vitrée prolongée d’une terrasse comme un jardin suspendu au panorama attendu, mais convoité. Les dentelles métalliques de la Tour Eiffel jouent de leurs ombres portées dans la journée pour mieux éclairer la salle chaque soir. C’est dire si on la voit de près. Le chef Alexandre Semperé a glissé son talent derrière les fourneaux. Un talent repéré par Alain Ducasse qui supervise une carte bluffante d’inventivité, ancrée dans la Méditerranée, contemporaine en diable, naturellement dans l’air du temps.

Le toit-terrasse végétalisé offre une vue imprenable sur la dame de fer, idéal pour un déjeuner ou un dîner d’exception. (© DR)

On hume avec délice ces betteraves de pleins champs à la braise, on s’incline devant  la volaille de Bresse pochée, audacieusement escortée de coquillages et de wakame. On se pâme en goûtant ce Chocolat légèrement fumé, riz noir sauvage et saké réalisé par la chef pâtissière Katerina Dimitriou.

Les Ombres
27 quai Jacques Chirac, 75007 Paris
lesombres-restaurant.com

Le Jules Verne

Certes, une fois assis, vous ne pourrez l’admirer, cette Tour Eiffel. Puisque c’est à l’intérieur que vous allez y dîner. Prenez le temps de tourner autour, de la contempler de loin, puis de près, avant de filer, par cet ascenseur privé, jusqu’au 2e étage. Plafonds peints à la main, miroirs décorés à la feuille d’or blanc, tables en terrazzo de pierre incrustée : Aline Asmar d’Amman, l’architecte a revu la décoration en version haute couture. Pour maestro de cette élégance, le chef Frédéric Anton. 6 mois à peine après en avoir repris les rênes, il obtient un premier macaron Michelin.

Puis en 2024, accrochant une seconde étoile perchée à 125 mètres, ce Meilleur Ouvrier de France hisse le Jules Verne au titre du plus haut restaurant du monde doublement étoilé. Trois salles pour trois panoramas, du Champ-de-Mars au Trocadéro en passant par le Quai Branly. Une carte et deux menus dégustations en 5 ou 7 plats pour une expérience aux envolées exceptionnelles. De cette galette soufflée, d’une folle légèreté à ce baba infusé, avec quelle délicatesse en passant par ce veau touché par la grâce d’une crème de genièvre : inoubliable et parfait. Et forcément, c’est quelques mois à l’avance qu’il faut réserver.

Le Jules Verne
Champ de Mars, 75007 Paris

Ducasse sur Seine

Rendez-vous est donné sur le quai du port Debilly, juste en face de la tour Eiffel. Paré à appareiller pour 90 minutes de plaisirs ? Il ne s’agirait pas de manquer le départ ! Car c’est à une croisière que l’on vous convie, de Trocadéro au pont de Bercy. Un périple sans bruit : le bateau affrété par le chef Alain Ducasse est propulsé à l’électricité. Le décor flamboie par sa sobriété, en teintes douces, délicatement éclairées, aux tables bien espacées aux larges baies vitrées. Ducasse sur Seine met Paris en scène pour 1h30 sur grand écran.

Sous vos yeux, le défilé des plus beaux monuments. Dans l’assiette, les propositions tout en raffinement imaginées en complicité avec le chef Jean-Philippe Berens. Les produits sont livrés chaque matin à bord, garants d’une implacable fraîcheur. Au menu ? Une pointe d’inventivité pour réveiller une cuisine bien maîtrisée : les agrumes titillent les langoustines, le basilic chatouille le bar et les végétariens s’emballent pour le Cookpot, un des plats signature. A accorder avec une des cent références sélectionnées par Bernard Neveu, le nouveau directeur de la sommellerie maison, successeur de Gérard Margeon.

Ducasse sur Seine
Port Debilly, 75016 Paris
ducasse-seine.com