Dans les coulisses de Château Mouton Rothschild à Pauillac, domaine viticole du Médoc

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Dans les coulisses de Château Mouton Rothschild à Pauillac, domaine viticole du Médoc

05 DéCEMBRE . 2024

Écrit par Maïa Morgensztern

Le grand cru bordelais fête sa nouvelle étiquette arty signée du plasticien français Gérard Garouste, et cent ans depuis l’arrivée du baron Philippe de Rothschild à Pauillac. L’occasion de se glisser dans l’un des plus grands domaines viticoles au monde !

Domaine Viticole du Médoc © Maïa Morgensztern

Fronton du Domaine Mouton Rothschild, domaine Viticole du Médoc © Maïa Morgensztern

D’ordinaire très discrète, la famille Mouton Rothschild est à la fête. Voilà cent ans que le baron Philippe de Rothschild, de la célèbre lignée de financiers anglais, a pris les rênes du domaine viticole du Médoc Château Mouton Rothschild, à Pauillac. Dès 1922, le jeune baron a déjà beaucoup d’idées pour faire fructifier l’ancien Château Brane Mouton, acheté en 1853 par son arrière-grand-père, le baron Nathaniel de Rothschild.

Domaine Mouton Rothschild, domaine viticole © Maïa Morgensztern

Domaine Mouton Rothschild, domaine viticole © Maïa Morgensztern

Il entame notamment une série de grands travaux pour pouvoir accueillir et contrôler la chaîne de qualité de la production sur place. Dans les sous-sols des chais, les caves historiques sont toujours là, et gardent jalousement une bibliothèque constituée de 24 bouteilles par an depuis 1959, ainsi que le stock privé de la famille depuis 1974. Les couloirs sombres où la poussière s’amoncelle sur le trésor mènent jusque dans l’immense salle des années 1920, et ses centaines de fûts qui recèlent le jus des crus en cours de production.

 

La collection familiale, conservée en tiré-bouché (le vin est stocké directement après la production, sans habillage d’étiquette), manque pourtant d’un élément crucial : un étiquette devenue presque aussi célèbre que le vin, et que le baron a fait dessiner pour la première fois en 1924 pour marquer l’arrivée de la mise en bouteille au château.

© M. Anglada

De gauche à droite : Julien de Beaumarchais de Rothschild, Gérard Garouste, Philippe Sereys de Rothschild, Camille Sereys de Rothschild © M. Anglada

L’idée s’avère un moyen efficace d’attirer l’attention sur le savoir-faire de la maison, alors que le marché de l’exportation se développe. L’opération devient pérenne avec le retour du baron Philippe de Rothschild à Pauillac, après un exil forcé de la famille juive en Angleterre lors de la seconde guerre mondiale. Le cru 1945 – inauguré en 1947 – arbore un fier V de la victoire imaginé par l’artiste Philippe Jullian.

 

Jean Cocteau, Salvador Dali, Juan Miró, Wassily Kandinsky, Andy Warhol, Peter Doig, William Kentridge ou encore Anish Kapoor signent tous une fameuse étiquette. Après Olafur Eliasson puis Chiharu Shiota ces deux dernières années, c’est au tour d’une autre star de l’art de révéler son travail.

© Maïa Morgensztern

© Maïa Morgensztern

Dans la salle dédiée au musée des étiquettes, l’honneur revient à Julien de Beaumarchais de Rothschild, chargé des activités artistiques et culturelles de la propriété, de briser le secret. Les invités retiennent leur souffle… L’artiste français Gérard Garouste monte sur scène, et dévoile l’œuvre d’art qui va figurer sur les bouteilles du Premier Cru 2022.

 

“Nous avons choisi un artiste qui représente une transition. Celle de la tradition des cent ans écoulés, et qui annonce les cent ans à venir ”, explique Philippe Sereys de Rothschild, le fils aîné de la baronne Philippine de Rothschild, lors du dîner de révélation qui s’est tenu au château le 30 novembre 2024. Sur la table, des millésimes spectaculaires comme le Mouton Rothschild 1982 rappellent aux convives triés sur le volet que le bon vin et l’art sont une affaire d’expertise, d’intuition, et de temps.

 

L’œuvre de Gérard Garouste, siglée 1922 -2022 en lettres d’or, représente un hommage au baron Philippe de Rothschild. À droite, on peut voir son portrait en homme travailleur et visionnaire. Au centre, le frontispice du domaine figure l’instant présent. À gauche, une figure de bélier aux traits légèrement humanisés évoque l’éternité à travers l’animal de l’armoirie familiale.

Gérard Garouste © Bertrand Huet

Gérard Garouste © Bertrand Huet

La lecture de droite à gauche, peu anodine, se décrypte comme la lecture d’un texte en hébreu pour évoquer en filigrane l’histoire de la famille, et l’intérêt de Garouste pour la symbolique et le judaïsme auquel il s’est converti dans les années 1990. “Notre passage sur terre est insignifiant. La transmission – un des piliers de la culture juive –  est la seule chose qui puisse donner un sens à nos actes”, explique l’artiste. En 1991, Gerard Garouste a créé l’association La Source avec sa femme Elizabeth pour venir en aide aux jeunes en difficultés à travers la découverte de l’art.

Visite sur demande, réservations au moins deux mois avant l’avance. Téléphone : 05 56 73 21 29. Château Mouton Rothschild. 33250 Pauillac. 

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