Les expositions à voir à Londres en ce moment

Expositions à voir à Londres © Pexels

Fans des années 80 à la Tate Modern

De la naissance de l’art optique dans les années 1960 à l’aube de l’ère internet, les artistes se sont emparés des avancées technologiques pour jouer avec notre perception du monde.

Electric Dreams Art and Technology Before the Internet Installation view at Tate Modern. Photo © Tate – Lucy Green

L’exposition de la Tate Modern, Electric Dreams, rend hommage aux pionniers de l’art optique, cinétique, programmé et numérique. Dans les salles du musée, on replonge aux racines d’une nouvelle ère portée par des installations sensorielles immersives, et des créations générées automatiquement. 

Carlos Cruz-Diez, Chromointerferent Environment, © Andrea Rossetti

L’Environnement Chromointerférent (1974) de Carlos Cruz Diez nimbe le visiteur de lumière striée, tandis que les images du film Tele-Mack tourné en 1968 dans le désert du Sahara par Heinz Mack nous expulse dans un univers rétro-futuriste kitsch et inquiétant à la fois. Au-delà des œuvres, les curieux peuvent s’interroger sur l’application de principes mathématiques complexes, et le rôle de la persistance rétinienne dans notre compréhension du réel. À partir des années 1970-1980, les avant-gardistes s’emparent des balbutiements de la technologie numérique, et expriment leur créativité à travers des machines… L’art devient alors un produit du numérique, plutôt qu’un simple témoin. Le minitel à l’écran multicolore d’Eduardo Kac (1985) et le Fictional Videogame Stills/ Are You Dreaming? (1991) de Suzanne Treister questionnent pour leur part la place de la réalité virtuelle. En sortant de l’exposition, n’oubliez pas de jeter un œil à l’installation délirante de Mire Lee, Open Wound, au niveau du Turbine Hall. Une exposition à voir : étrange et viscérale et à souhait ! 

© Suzanne Treister, Fictional Videogame StillsWould You Recognise A Virtual Paradise

Tate Modern
Electric Dreams, Art and Technology Before the Internet
jusqu’au 1er juin, 2025
Site Web

La Sicile, à la vie à la mort 

Témoin d’une époque où la mafia sicilienne régnait sur la Grande Botte, Letizia Battaglia a capturé les heures noires mais aussi les moments de vie d’une communauté hors normes.

© Letizia Battaglia

Pendant les années 1970, armée de sa caméra, elle a capturé l’horreur d’une société dévastée par le crime organisé. Entrée comme journaliste chez le quotidien l’Ora, Letizia devient une photoreporter qui frise avec omnipotence. Elle voit tout, elle est partout. L’exposition célèbre d’abord des moments de liesse, qui deviennent aussi banals que les traces de violences inouïes perpétrées au même moment, sur le même territoire désolé de Palerme en Sicile. Assassinats de juges, corps abandonnés dans des ruelles sales ou dans des voitures… Letizia était tellement rapide que ses clichés semblent encore dégager une odeur de poudre. Et puis il y a cette lettre, personnelle, qui menace de la faire taire. La photographe continuera son combat jusqu’en 1992, après l’assasinat de deux juges anti-mafia dont elle était proche.

©Letizia Battaglia

L’année suivante, son cliché de la veuve de Vito Schifani, le garde du corps de Falcone, révèle en filigrane le soulèvement d’une population qui ose enfin dire “basta”. Ça suffit. 

The Photographers’ gallery
Letizia Battaglia: Life, Love and Death in Sicily
jusqu’au 23 février
Site Web

Si Sienne m’était comptée

Grande attendue de la saison, l’exposition Siena: the Rise of Painting,1300-1350 ouvre à la National Gallery le 8 mars, après un premier arrêt au MET de New York. Au XIVe siècle, la bourgade concurrente de Florence veut s’émanciper de sa rivale. Elle va vite dépasser les querelles régionales pour produire des talents qui vont révolutionner l’histoire de la peinture : Simone Martini, les Frères Lorenzetti, et Duccio di Buoninsegna.

Bartolo di Fredi and French artist, Reliquary Triptych © Courtesy of the owner

Finis les retables d’églises qui montrent une distante éternité : les visages se font humains, avec une approche plus directe de la narration. La stylisation byzantine fait place à des modèles portés par la couleur. Sienne prospère et fournit également de somptueux manuscrits enluminés, des Madonne en ivoire, et des tapis qui révèlent des synergies débordantes de vitalité, tissées entre les artistes et les artisans.

Duccio Maestà, Christ and the Woman of Samaria © Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid

Pour l’exposition, le musée puise dans ses collections et réunit des pièces maîtresses jusqu’alors dispersées aux quatres coins de la planète. Démantelée au XVIIIe siècle, la Maestà de Duccio – premier retable double de l’histoire de l’art occidental – retrouve plusieurs pans de sa composition originale.

Simone Martini, The Virgin and Child © The Metropolitan Museum of Art, New York

Les six panneaux du polyptyque Orsini de Simone Martini, dont le célèbre Archange Gabriel, feront aussi le voyage hors du Louvre, du musée des Beaux Art d’Anvers et de la Gemäldegalerie de Berlin pour être de la partie. Nous y serons aussi. 

National Gallery of Art
Siena: The Rise of Painting, 1300-1350,
8 mars 2025 – 22 juin 2025
Site Web

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