Les spiritueux de stars, quand Beyoncé ou Kendall Jenner se mettent à la bouteille

Ces dernières années, les étiquettes de spiritueux ont vu fleurir des noms plus habitués aux tapis rouges qu’aux chais centenaires. Acteurs, chanteurs et sportifs de haut niveau s’encanaillent dans l’univers feutré des grands crus et des alcools vieillis, entre storytelling bien huilé et volonté affichée d’imprimer leur patte sur un marché où l’image pèse aussi lourd que la qualité du breuvage. Certains revendiquent un lien personnel avec la vigne ou le fût, d’autres flairent surtout l’opportunité d’ajouter une corde lucrative à leur arc déjà bien tendu. Il y a ceux qui investissent réellement dans un vignoble ou une distillerie, et ceux qui se contentent de prêter leur image à une marque le temps d’une campagne bien arrosée. Mais une chose est sûre : dans un monde où le prestige se vend aussi bien que le contenu des bouteilles, ces stars ne se contentent plus de trinquer, elles veulent être celles qui versent. Tour d’horizon de ces célébrités qui jouent les maîtres de chai.

Beyoncé Knowles-Carter : un whisky texan aux saveurs bien trempées 

La chanteuse, connue pour sa voix puissante et sa présence scénique inégalée, ne fait jamais les choses à moitié. Quand Beyoncé se lance dans le whisky, ce n’est ni pour jouer les égéries de passage ni pour poser avec un verre en cristal sur une affiche publicitaire. Son ambition ? Un whisky américain singulier, digne de son exigence artistique, et un hommage à son arrière-grand-père, Davis Hogue, un contrebandier texan de l’époque de la Prohibition.
Co-fondé avec Moët Hennessy, SirDavis n’est pas un simple coup marketing mais un assemblage pensé dans les moindres détails, sous la houlette du Dr Bill Lumsden, un maître en la matière.

Loin des bourbons sucrés qui coulent à flot aux États-Unis, elle a voulu un whisky avec du caractère, à base de seigle et vieillit en fûts de sherry. Assez costaud pour être bu sec, assez rond pour glisser tout seul en cocktail. Le flacon ? Une bouteille haute, moderne, avec un cheval noir en médaillon, clin d’œil à ses racines texanes.

© Sir Davis par Beyoncé

Si Beyoncé est bien cofondatrice et investie dans chaque détail, elle refuse le costume d’ambassadrice. Pas d’apparition glamour pour vendre la bouteille, pas de campagne promotionnelle saturée de son image. Sir Davis doit s’imposer par lui-même, par la qualité et non par l’ombre de la star. Un positionnement rare dans l’univers des spiritueux de célébrité, qui prouve que la chanteuse ne cherche pas juste à ajouter une ligne dorée à son empire, mais bien à s’inscrire dans la cour des grands du whisky.
89€ (70cl) SirDavis

Michael Jordan : un breuvage calibré comme un shoot à trois points

En 2016, Michael Jordan la légende incontestée du basketball et quatre autres propriétaires de franchises NBA ont décidé de viser un autre type de trophée : une tequila qui jouerait en première division. Cincoro est née de cette ambition, avec une idée fixe en tête : faire mieux que tout ce qui existe sur le marché. Pas question de se contenter d’une bouteille signée avec une silhouette de basketteur en plein dunk.
Le projet est mené comme une saison de playoffs : sélection méticuleuse des agaves, cuisson lente pendant 35 heures, vieillissement prolongé dans des fûts pour une tequila plus complexe que la moyenne.

© Cincoro par Michael Jordan

La Blanco mise sur la fraîcheur, avec des notes d’agrumes et d’herbes séchées. La Reposado, après plusieurs mois en fût, gagne en onctuosité avec des touches de caramel et de vanille. Quant aux versions vieillies, Añejo et Extra Añejo, elles révèlent des arômes profonds de cacao, d’épices et de fruits confits, portés par un affinage bien plus long que la norme. Un choix assumé, qui ancre définitivement Cincoro dans la cour des tequilas haut de gamme.
Jordan et son équipe ont également adopté une stratégie bien rodée : produire peu, faire monter la demande, laisser le bouche-à-oreille faire le reste : une tactique aussi implacable que son jeu sur le parquet. Résultat ? Avant même son lancement officiel, Cincoro s’arrachait déjà, chaque bouteille devenant un objet de convoitise !
À partir de 138€ (70cl). Cincoro

Lewis Hamilton : une tequila… sans l’ivresse

Quand on passe sa vie à piloter des bolides à plus de 300 km/h, on ne peut pas vraiment se permettre les lendemains brumeux. Amateur de tequila, Lewis Hamilton a pourtant décidé de contourner le problème en lançant Almave , un spiritueux sans alcool à base d’agave bleu. Une idée loin d’être anodine, puisque ce projet, développé avec la distillerie mexicaine Casa Lumbre et le maître distillateur Iván Saldaña, ambitionne de reproduire le goût d’une tequila artisanale, sans la moindre trace d’éthanol.

© Tequila Almave par Lewis Hamilton

Exit la fermentation, mais pas les saveurs : l’agave bleu de Jalisco est toujours au cœur du processus. Almave Blanco mise sur la fraîcheur et l’acidité, tandis qu’Almave Ámbar, plus profond, dévoile des notes d’agave grillé, de caramel et de bois fumé. Pensé pour être dégusté pur ou en cocktail, le breuvage veut séduire les amateurs de tequila qui, un soir sur deux, doivent aussi être raisonnables. Hamilton ne s’est pas contenté de coller son nom sur une bouteille : il a monté ce projet comme une véritable alternative, portée par son engagement pour un mode de vie saine. Un pari osé dans un marché où l’alcool reste roi, mais qui pourrait bien changer la donne. Almave a déjà séduit les professionnels du secteur, raflant des prix et s’assurant une place aux côtés des spiritueux classiques dans les plus grands circuits de distribution. L’initiative reflète une tendance actuelle vers des options plus saines et inclusives dans le monde des spiritueux.
À partir de 34,95€ (70cl). Almave.

Ryan Reynolds : un gin qui ne manque pas d’esprit

Aviation American Gin, ce n’est pas juste un spiritueux artisanal produit en Oregon, c’est une extension de l’humour absurde et du sens du marketing aiguisé de l’emblématique interprète de Deadpool.

© Aviation Gin par Ryan-Reynolds

Dès son entrée au capital en 2018, il a pris les commandes de la communication avec des campagnes publicitaires où il jongle entre autodérision et fausse arrogance, transformant une simple bouteille en phénomène pop-culture. Mais derrière la blague, un vrai produit. Conçu en petits lots avec des ingrédients soigneusement sélectionnés – genièvre, lavande, écorce d’orange douce et amère, cardamome, coriandre, salsepareille et anis -, Aviation se démarque par un profil plus floral et moins dominé par le genièvre que les gins traditionnels. Un positionnement premium qui a rapidement porté ses fruits : en deux ans, les ventes ont explosé, atteignant près de 630 000 bouteilles, au point d’attirer l’attention du géant Diageo, qui a mis la main sur la marque en 2020 pour la coquette somme de 610 millions de dollars. Reynolds, lui, ne s’est pas éclipsé après l’affaire. Toujours actionnaire minoritaire, il continue de façonner l’image d’Aviation, à grand renfort de publicités décalées et de mises en scène où il joue volontiers avec son propre personnage, Reynolds transforme chaque campagne en événement.
À partir de 32,95 € (70 cl). Aviationgin

Kendall Jenner : une tequila taillée pour Instagram

Après les podiums et la télé-réalité, Kendall Jenner a trouvé un nouveau terrain de jeu : la tequila haut de gamme. Lancée en 2021, 818 porte le nom de l’indicatif régional de Calabasas, où le top model possède une propriété. Un énième coup marketing d’une star ? Pas tout à fait. Avant même d’annoncer sa marque, ses tequilas ont discrètement été soumises à des concours, décrochant plusieurs récompenses, dont celle de meilleure Reposado du monde aux World Tequila Awards 2020.

© 818 Tequila Kendall Jenner

Derrière les millions d’abonnés qui aiment ses pubs bien huilées, 818 revendique une fabrication artisanale, à base d’agaves bleues Weber recueillies à la main à Jalisco. Déclinée en plusieurs versions – Blanco aux notes fraîches et vanillées, Reposado avec son caramel grillé, Añejo plus herbacé et Eight Reserve, un assemblage vieilli jusqu’à huit ans- la Tequila mise sur un positionnement premium, avec des prix qui flirtent avec ceux des plus grands noms du secteur. Kendall Jenner orchestre chaque lancement avec une précision chirurgicale : collaborations branchées, cocktails tendance, communication léchée autour d’une production « durable ». Un cocktail efficace qui, en trois ans, a fait de 818 un phénomène commercial. Depuis février 2024, la tequila du top model s’attaque au marché européen, bien décidée à s’inviter dans les verres des amateurs de spiritueux… et des aficionados du lifestyle Kardashian.
À partir de 69 € (70cl). drink818