Les plus belles expositions de Paris, Londres et New York en 2024

Barbara Kruger Untitled (No Comment), 2020 Three-channel video installation, colour, sound, 9 min. 25 sec. Installation view, BARBARA KRUGER: THINKING OF YOU. I MEAN ME. I MEAN YOU. The Art Institute of Chicago – AIC, Chicago, September 19, 2021-January 24, 2022, Courtesy the artist and Sprüth Magers, Photo: The Art Institute of Chicago

Londres en pleine révolte 

Entre les expositions Hiroshi Sugimoto à la Hayward Gallery, Marina Abramović à la Royal Academy, et les nombreuses expositions aux sujets contestataires de la Tate et du V&A, Londres a prouvé en 2023 qu’elle méritait toujours sa place de capitale de l’art contemporain. Pour la rentrée 2024, la Serpentine Gallery accueille Barbara Kruger. Pour sa première exposition personnelle à Londres depuis 20 ans, l’artiste américaine installe des œuvres spécialement adaptées au lieu, et conçues à partir des pièces iconiques retravaillées en format vidéo, comme Untitled (I shop therefore I am) (1987/2019) et Untitled (Your body is a battleground) (1989/2019).

Barbara Kruger: Thinking of You. I Mean Me. I Mean You.,(Installation view, 1 February – 17 March 2024, Serpentine South) Photo: George Darrell

L’exposition Thinking Of You. I Mean Me. I Mean You. met en scène des installations visuelles et sonores ainsi que de larges bannières inspirées des techniques publicitaires des années 1970. Au fil des ans, Kruger a développé un style unique en utilisant des images en noir et blanc, sur lesquelles se superposent souvent des textes courts et ironiques imprimés en blanc sur fond rouge. Les pronoms « you » (tu)  « your » (ton/ta), « I » (je), et « we » (nous) de ses textes permettent d’interpeller le public face à l’œuvre, histoire de provoquer une discussion Si l’artiste rêve que son travail devienne archaïque et démodé, les sujets qu’elle aborde, comme la société de consommation, le pouvoir, la sexualité et les inégalités sociales sont pour le moment bel et bien d’actualité. 

Barbarak Kruger, Serpentine Gallery, Kensington Gardens, Londres W2 3XA
Du 1er février au 17 mars 2024

À New York, le MoMA en deuil

Si vous planifiez un voyage à New York, l’exposition dédiée à Käthe Kollwitz est peut-être ce que vous verrez de mieux. Alors que les artistes des années 1920 se tournent vers l’abstraction et s’interrogent sur le rôle du médium artistique, l’artiste originaire de Prusse 

(Russie actuelle) milite pour un art expressionniste engagé. Malgré l’atmosphère angoissante de ses lithographies, d’où émanent d’indescriptibles souffrances sourdes, les œuvres de Kollwitz sont parfois portées par de fragiles lueurs d’espoir. La grande rétrospective du MoMA met en lumière des pièces iconiques qui abordent les thèmes de la maternité, de la résistance et du deuil.

Käthe Kollwitz, The Parents (Die Eltern) from War (Krieg), 1921–22, published 1923. One from a portfolio of seven woodcuts. Composition (irreg.): 13 13/16 x 16 3/4″ (35.1 x 42.5 cm); sheet (irreg.): 18 5/8 x 25 11/16″ (47.3 x 65.3 cm). The Museum of Modern Art, New York. Gift of the Arnhold Family in memory of Sigrid Edwards. © 2023 Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn.

L’exposition compte environ 120 dessins, gravures et sculptures qui révèlent aussi en filigrane les conditions de vie de prolétaires, dont Kollwitz soutient la cause. Parmi les œuvres majeures de l’exposition, Woman with Dead Child (1903) est accompagnée de dessins préparatoires et révèlent le processus artistique de Kollwitz. La perte de son fils cadet Peter au champ d’Honneur en 1914 pousse l’artiste vers la cause pacifiste et socialiste. Ses œuvres postérieures au drame sont marquées par des images de mères protégeant leurs enfants, dont un autoportrait de 1919 où elle serre en vain sa progéniture. A 52 ans, Käthe est la première femme à devenir membre de l’académie des Arts de Berlin. 

Käthe Kollwitz, MoMA, 11 West 53 Street, New York
Du 31 mars au 20 juillet 2024

Paris sera toujours Paris ! 

Après avoir frappé un grand coup avec les expositions Mark Rothko à la Fondation Louis Vuitton, Sophie Calle au Musée Picasso, et Picasso – Dessiner à l’infini au Centre Pompidou, la ville Lumière revient à ses premières amours. L’exposition Le Paris de la modernité. 1905-1925 du Petit Palais replonge à la Belle Époque, et nous fait revivre cette période d’effervescence artistique autant qu’industrielle. La révolution prend vie dans les rues, où les voitures à moteurs filent sur les avenues avant d’emmener les badauds au Salon de la locomotion aérienne du Grand Palais. Le soir venu, les amoureux s’embrassent dans des guinguettes ouvertes sur le ciel, grâce à l’arrivée de l’électricité.

Severini Gino (1883-1966). Paris, Centre Pompidou – Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle. AM4411P.

De Montmartre à Montparnasse, les trublions de l’art d’ici et d’ailleurs se mêlent aux ingénieurs et aux scientifiques pour tenter de définir des lendemains heureux… Robert et Sonia Delaunay, Marcel Duchamp, Tamara de Lempicka, Modigliani et Joséphine Baker, captent l’air de ces temps nouveaux pleins d’insouciance, avant qu’ils ne laissent place à l’angoisse et aux horreurs de la guerre. A travers 400 oeuvres et objets, le Petit Palais retrace cette folle envie de vivre dans un parcours chronologique et thématique, principalement concentré autour des Champs-Élysées. L’exposition clos le cycle de la trilogie Paris Romantique (1815-1858)  et  Paris 1900, la Ville spectacle dédié à la plus magique des capitales. 

Le Paris de la modernité. 1905-1925, Petit Palais, Avenue Winston Churchill, 75008 Paris
Jusqu’au 14 avril 2024