Découvrez le Top 5 des expositions à voir absolument pendant la Biennale de Venise.

Art

26AVR. 2024

  • Home
  • Culture
  • Art
  • Découvrez le Top 5 des expositions à voir absolument pendant la Biennale de Venise.

newsletter

Art

Découvrez le Top 5 des expositions à voir absolument pendant la Biennale de Venise.

26 AVRIL . 2024

Écrit par Maïa Morgensztern

En parallèle à la Biennale, Venise affiche les meilleurs artistes et plasticiens du moment, visite guidée des musées et fondations à ne pas manquer cette saison de Pierre Huyghe à Francesco Vezzoli.

Chu Teh-Chun, Nature hivernal A, 1985

Pierre Huyghe, Être ou ne plus Être 

Voilà bientôt 20 ans que Pierre Huyghe repousse la frontière qui sépare l’homme de la machine. Avec l’arrivée de l’AI, on se demande ce qu’il peut bien rester de notre humanité… François Pinault, fervent défenseur de l’artiste, laisse carte blanche  à Pierre Huyghe dans son grandiose espace de la Punta Della Dogana, face à la Place Saint-Marc. Dans les volumes aménagés par Tadao Ando, Pierre Huyghe fait et défait l’humain dans une atmosphère mystérieuse, qui prend racine dans un autre monde pour venir titiller le nôtre. Dès l’entrée, nous sommes forcés d’ajuster notre regard, avant d’être confronté à Laminal, une figure monumentale dévisagée par un masque noir. Pour Pierre Huyghe, l’entité est “une subjectivité sans corps qui saisit, par le biais d’un réseau neuronal artificiel, des informations du dehors, à travers les réactions imprédictibles de cette enveloppe”.

Pierre Huyghe,
Pierre Huyghe, Mind’s Eyes, Courtesy of the artist and Galerie Chantal Crousel, Marian Goodman Gallery, Hauser & Wirth, Esther Schipper and TARO NASU

Plus loin, des aquariums habités par de frêles insectes marins se promènent autour d’une sculpture de Brancusi dans laquelle un crustacé a trouvé refuge. Dans les salles, des personnages masqués traversent l’espace, imperturbables et insensibles à notre présence. Un petit groupe nous mène nonchalamment vers la vidéo d’un bras robotique juché sur un squelette humain. Trouvé par Huyghe en 2017 dans le désert du Chili, le squelette subit des rites funéraires dont nous n’avons pas la clé. La fin de l’Anthropocène ? 


Pierre Huyghe, Liminal, Punta della Dogana, jusqu’au 24 novembre 2024. 

 

Eva Jospin emballe le Musée Fortuny 

L’exposition est présentée dans le cadre du Musei Civici Di Venezia, un organisme qui gère l’héritage artistique de la ville. L’exposition Selva (forêt) est née de la collaboration étroite entre l’institution et l’artiste française Eva Jospin, connue pour ses installations à base de carton. Les paysages feuillus d’Eva semblent prendre racine dans le travail de Giuseppe Penone, qui part du produit dérivé (une planche de bois ou, ici, un carton de déménagement) pour retrouver la forêt primordiale. Au rez-de-chaussée du Palazzo Fortuny, Jospin floute la frontière entre paysage naturel et artificiel, pour nous promener entre mythe et réalité. Sa sublime installation s’enchevêtre avec le décor du Palazzo Pesaro degli Orfei, un chef-d’œuvre d’architecture gothique vénitien investi par Mariano Fortuny au début du XXe siècle.

Selva, exhibition view at Museo Fortuny, Venezia, 2024. Photo by Benoît Fougeirol. © ADAGP, Paris

Le travail de Jospin affecte durablement notre perception de la nature, pour en révéler la beauté, mais aussi la fragilité. Ses derniers travaux se tournent également vers la tapisserie, une technique délicate qui réclame elle aussi un temps ralenti et incompressible pour se réaliser. Les œuvres, étourdissantes de détails, nous entraînent dans une composition qui paraît sans fond. On se laisse prendre au jeu à tenter de se cacher dans un recoin, hors du temps. Un fabuleux voyage. 


Eva Jospin, Selva, Museo Fortuny, jusqu’au 24 novembre 2024. 

 

Chu Teh-Chun, roulis cosmique 

Figure majeure de l’histoire de la gestuelle abstraite, Chu Teh-Chun (1920-2014) a toujours refusé de jouer le jeu des galeries d’art. Electron libre sur le marché autant que dans son approche picturale, l’artiste chinois s’installe à Paris en 1955 et s’imprègne de l’effervescence artistique environnante. À la croisée des chemins entre la tradition du paysage chinois et des recherches formelles de l’Occident, Chu développe un travail lumineux, dont les compositions exemptes de tout centre évoquent des nuées en douce ébullition. Son travail, longtemps resté sous le radar du grand public, est aujourd’hui très convoité des collectionneurs aguerris.

VENISE EXPO CHU TEH-CHUN © Yvon Chu

À Venise, le commissaire d’exposition Matthieu Poirier propose un accrochage étonnant à la Fondation Cini, sur l’île San Giorgio Maggiore, dans une piscine évidée datée des années 1960. Influencés par le biomorphisme et l’Art Informel, les sfumati atmosphériques sont magnifiés par l’éclairage dramatique… À force de suivre le roulis des nébuleuses colorées, on pourrait croire que l’île tangue sous nos pieds !


In Nebula, Chu Teh-Chun, Fondazione Giorgio Cini, jusqu’au 30 juin 2024 

 

Christoph Büchel, immigration choisie                                                                                                                                                                  

La Fondation Prada de Venise a donné carte blanche à l’artiste suisse Christoph Büchel, qui installe son projet monumental dans les méandres du Palazzo Ca’ Corner della Regina. Le palais, associé au Mont de Piété de la ville de 1834 à 1969, sert de lieu d’exposition à la fondation Prada depuis 2011. L’environnement immersif étalé sur plusieurs étages revisite le rôle des populations émigrées dans le fonctionnement du système économique. Le site comprend une large boutique de prêt sur gage avec des bijoux plus ou moins précieux, des armes à feu, des vêtements de seconde main et tout un bric-à-brac qui évoque des destinées que l’on devine difficiles. Juste à côté, une mallette sous verre protège une série de diamants synthétiques produits par la société Algordanza – qui produit des pierres précieuses à partir de cendres de défunts. Ici, les pierres précieuses sont nées de la destruction des possessions de l’artiste…

Installation view of “Monte di Pietà” A project by Christoph Büchel Fondazione Prada, Venice
Photo: Marco Cappelletti
Courtesy: Fondazione Prada

Un clin d’œil à la vidéo Break Down de Michael Landy que l’on retrouve en boucle sur l’un des petits écrans de surveillance dans les étages. À travers une sélection éclectique, comme une machine à laver, les archives de registres de banques des années 1790, un intérieur d’appartement modeste ou encore une salle de gaming, Büchel nous plonge dans le quotidien des populations aux franges de la machine financière: à la fois créatrices, consommatrices (de dettes, principalement) et en dehors du système. Avec ses références sur Gaza – et le tollé provoqué par son bateau de migrants lors de la Biennale 2019 – on se demande à quel point l’artiste est intéressé par la cause… ou bien par le scandale ?


Christoph Büchel, Monte di Pietà, Fondazione Prada, jusqu’au 24 november 2024

 

Francesco Vezzoli, du sourire aux larmes

Le Museo Correr attire notre regard sur l’œuvre de Francesco Vezzoli, et la relation entre héritage et culture contemporaine. Pour l’occasion, le commissaire Donatien Grau a sélectionné 36 travaux de Vezzoli, produits sur 20 ans, auxquels s’ajoutent 16 œuvres produites spécialement pour l’exposition. Le Musei delle Lacrime (le musée de larmes) met ainsi en regard les collections d’art venitien des XIIIe aux XVIIe siècles avec les tableaux texturés de Vezzoli. L’installation se visite dans les intérieurs modernistes dessinés par l’architecte Carlo Scarpa dans les années 1950. Les tableaux brodés de figures en larmes, créés il y a plus de 30 ans, sont truffés de références historiques variées. Les travaux d’Alighiero Boetti, Andy Warhol, ou encore Robert Mapplethorpe prennent ici un sens nouveau.

Francesco Vezzoli, Portrait of Paulina Porizkova as a Renaissance Madonna with Holy Child crying Salvador Dalì’s jewels (After Lorenzo Lotto), 2011.

Les œuvres défient aussi les canons de l’art, mais aussi du genre masculin – féminin, de l’héritage et du pouvoir. L’exposition est également imaginée comme une œuvre d’art conceptuelle à part entière et est accompagnée d’un guide audio écrit et narré par l’artiste. La frontière entre spectateur, commentateur et auteur se floute au fil des salles, au fur et à mesure des explications et des suggestions que Vezzoli susurre à nos oreilles.


Francesco Vezzoli, Musei delle Lacrime, Museo Correr, jusqu’au 24 novembre 2024

Ajouter à mes favoris Supprimer de mes favoris
Les îles grecques authentiques et hors des sentiers battus

Les îles grecques authentiques et hors des sentiers battus

Ajouter à mes favoris Supprimer de mes favoris
Les grandes tendances de l’édition 2024 de la Design Week de Milan

Les grandes tendances de l’édition 2024 de la Design Week de Milan