Dans les coulisses de l’hôtel La Sivolière avec Florence Carcassonne

Hôtels & Chambres d'hôtes

20JAN. 2024

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Dans les coulisses de l’hôtel La Sivolière avec Florence Carcassonne

20 JANVIER . 2024

Écrit par Delphine Cadilhac

Pionnière de l’hôtellerie au féminin, elle fête ses 20 ans à la tête de La Sivolière, discrète institution cinq étoiles de Courchevel 1850, qu’elle a façonnée à son image. Un gros chalet skis aux pieds mêlant raffinement et convivialité, service bienveillant, personnalisé et décontracté, fort d’une ambiance de maison de famille bienvenue à la montagne. Première femme à occuper un poste de direction dans un hôtel de luxe à la fin des années 70, elle est passée par des adresses aussi renommées que le Plaza Athénée, le Royal Mansour Casablanca ou encore le Martinez à Cannes. Elle revient sur son parcours jalonné de défis… et d’anecdotes, évidemment !

Interview Florence Carcassonne, hôtel La Sivolière

Interview Florence Carcassonne, hôtel La Sivolière

Vos débuts dans l’hôtellerie, c’est un peu un hasard ?

« Cherchons jeune fille, bonne présentation, parlant anglais, pour grand hôtel parisien ». Quand cette annonce paraît dans Le Figaro au printemps 1978, j’ai vingt ans et n’ai jamais travaillé, « fille à papa » je rentre tout juste des Etats-Unis. Décidée à « devenir quelqu’un », je file en Fiat 500 au Plaza Athénée rencontrer Paul Bougenaux, directeur de l’illustre hôtel, qui me demande quand je suis prête à commencer. Je réponds « demain ! », et suis embauchée immédiatement car le lendemain, tombe un premier mai !

Florence Carcassonne, hôtel La Sivolière

Florence Carcassonne, hôtel La Sivolière

Il m’a confié le poste de secrétaire de réception de nuit, à côté du concierge clé d’or de nuit surnommé « Jojo la Caméra ». Mon père était très fier car je connaissais toutes les prostituées de Paris ! Mais ce fut très difficile, j’étais la première femme à intégrer un poste clé dans l’hôtellerie en France. On ne me donnait pas quinze jours à tenir… et cela fera bientôt 40 ans !

 

Le Plaza est un tremplin, les belles adresses vont alors se succéder…

Après le Plaza, je suis allée diriger l’hôtel de la Trémoille, puis j’ai été nommée directeur de l’hébergement au George V. Pendant trois ans, j’ai accueilli le monde entier : les Beatles, Pavarotti, Brejnev… C’était l’un des premiers russes à venir en France, je ne sais pas pourquoi, je me suis dit qu’il fallait que je photocopie son passeport, car c’était un moment important ! J’ai toujours cette photocopie dans l’un de mes tiroirs. Yasser Arafat venait chaque week-end et se déguisait pour ne pas être reconnu…

Vint ensuite le grand tournant : je suis appelée à la direction du Royal Mansour de Casablanca au Maroc, propriété de sa majesté Hassan II. Imaginez-vous ! Femme, catholique, célibataire à la tête de cette adresse ! On m’appelait « monsieur »… J’ai voulu partir au bout de trois mois… Ma mère, une femme forte, m’a emmenée voir Elizabeth Boucher-Bouhlal, propriétaire de l’hôtel Es Saadi à Marrakech, qui m’a donné les codes pour me faire accepter des Marocains. Et un incident m’y a aidée : une personne de la réception avait été accusée de vol par le ministre de l’intérieur de l’époque. Persuadée de son innocence, je suis allée témoigner au commissariat général, et contredire le ministre… De ce jour, j’ai eu la confiance de mes équipes, je suis restée cinq ans Au Royal Mansour et j’ai été la plus heureuse des femmes. J’ai reçu le Prince Charles, alors futur roi d’Angleterre, qui ne séjournait pas quelque part sans apporter son eau, pour la préparation de son thé. On lui repassait son journal tous les matins ! Le Sultan de Brunei m’a demandé un jour de lui acheter une maison : j’ai visité plusieurs biens, et ai choisi pour lui. Je ne sais même pas s’il en a profité une journée…

 

Au Martinez à Cannes, vous avez dû vivre des moments mémorables ?

J’y suis restée cinq ans après le Maroc, c’était un gros porteur de 480 chambres, mais bien plus facile à gérer que mon hôtel à Casablanca. Le festival de Cannes, les soirées Canal Plus, c’était super !

En 1998, j’ai accueilli les shows de Victoria Secret, ce qui a fait un petit « scandale » car ils détournaient l’attention portée à la montée des marches. Il faut dire : 120 mannequins lingerie, logées à l’hôtel, qui défilaient en tenue légère… La marque avait loué un Concorde qu’elle avait peint en rose !

 

La Sivolière, à Courchevel, c’est une grande page de votre vie…

J’ai été appelée ici il y a vingt ans alors que c’était un quatre étoiles. Un an et demi après, j’ai eu de nouveaux propriétaires qui m’ont donné carte blanche.

Hôtel La Sivolière

Hôtel La Sivolière

Cela n’a jamais changé depuis. J’ai fait gagner une étoile à l’hôtel :  ce n’est pas le mien, mais c’est vraiment tout comme !

 

Une personne vous suit depuis plus de 25 ans, c’est votre mère, au parcours tout aussi remarquable…

Elle a été l’une des premières attachées de presse, elle a débuté chez Lancel, puis est entrée chez L’Oréal. Elle a présenté Françoise Hardy à Jacques Dutronc ! Elle vivait avec Michel Audiard et a gardé un certain sens de la formule… Nous nous ressemblons, nous avons marqué notre milieu professionnel de notre empreinte.

 

Votre bureau aujourd’hui, aux murs couverts de photos, est la meilleure rétrospective de votre carrière 

Je suis très attachée à tous ces moments : que ce soit avec des people, des grands de ce monde ou mes clients – et leurs enfants – devenus amis, ces clichés résument ma vie hôtelière. La photo (dédicacée) avec Orson Wells est ma préférée : il a vécu six mois quand j’étais à La Trémoille. Il mangeait deux poulets tous les matins ! Les gens étaient subjugués par son charisme…

 

Une boule de cristal trône sur votre bureau, elle guide vos décisions ?!

Jean Taittinger me l’a offerte quand je dirigeais le Martinez, avec la consigne « quand vous ne savez pas, regardez dans la boule ». C’est mon trésor le plus précieux, elle a un côté rassurant.

 

Votre plus grande fierté ?

Mon équipe et la réputation de cette maison, qui est comme la mienne : j’aime quand les locaux me disent que La Sivolière est un établissement à part, reconnu pour son service. Il y a 19 hôtels 5 étoiles à Courchevel, on a tous des salles de bain et des chambres : il faut savoir se démarquer et ma vision de l’hospitalité guide chacune de mes décisions.

Hôtel La Sivolière

Hôtel La Sivolière

Le luxe, c’est aller au devant des désirs des clients. Rater l’arrivée d’un client, c’est rater la première impression… Je suis heureuse d’avoir lancé des services qui ont fait mouche, comme Mini Sivo, l’accueil sur mesure des plus petits (avec check-in sur un mini bureau, produits d’accueil dédiés en chambre et carte ad hoc au restaurant) et l’accueil particulier réservé ici aux chiens, avec « croquettes » à l’arrivée, pop-up store pour toutous et même une carte de mocktails cette année.

 

20 années à la tête de La Sivolière : comment imaginez-vous les vingt prochaines ?

J’ai toujours plein d’idées ! J’ai la chance de construire une extension de l’hôtel qui ouvrira fin 2025, que l’on va renommer Sivolière Hôtel & Résidence. Nous aurons notamment un nouveau spa de 800 mètres carrés avec une piscine de 25 mètres. J’ai carte blanche, comme toujours !

 

La Sivolière 5*
444 rue des chenus, 73120 Courchevel

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