Manara, de Bergman au Caravage

On a tous en tête les pages sulfureuses pour l’époque, tournées avec délice, de son album mythique, paru en 1984, « Le Déclic ». Un trait précis, élégant, une ligne claire qui s’attarde volontiers à souligner avec maîtrise les courbes féminines les plus séduisantes (et dénudées, mais cela va sans dire). Dire de Milo Manara qu’il est l’un des maîtres de la bande dessinée érotique est un euphémisme. Il en a redéfini les contours, élevé le style et ému des générations d’hommes que la sensualité de son trait a immédiatement conquis.

Autant dire qu’il ne faut pas passer à côté de l’exposition que lui consacre actuellement la galerie Huberty-Breyne, sous le titre évocateur de « De Bergman au Caravage ». On y retrouve des planches originales de ses nombreux albums ainsi que des illustrations et dessins divers, certains issus de collaborations prestigieuses avec Hugo Pratt ou Fellini. Près d’une centaine d’œuvres réunies pour l’occasion.

Beauté, allure et sensualité sont les termes qui définissent le mieux l’esthétique de Manara. Son archétype féminin est d’une grâce folle : mince, cheveux longs, formes affirmées, il est un pur objet de fantasme. Un sentiment favorisé par la sophistication presque photographique de la représentation du corps féminin dans l’œuvre du dessinateur érotique, né en 1945 en Italie du Nord.

C’est donc pour l’amateur une occasion unique d’embrasser d’un seul regard le résumé de près de 40 ans de carrière, des premières Aventures de Giuseppe Bergman (1978) aux planches de l’album « Le Caravage », à paraître prochainement aux Editions Glénat. Alors on y file dare-dare.

Thierry Richard