Cinéma & Séries
5 bonnes raisons de (re)voir Massacre à la tronçonneuse
30 OCTOBRE . 2014
Tourné en 1974, primé à Avoriaz en 1976, « Massacre à la tronçonneuse » est immédiatement censuré sur notre territoire. Il ne sera autorisé en salles qu’en 1982. Si une vidéo de l’œuvre (en VHS) a bien circulé en France grâce à René Château, c’était à un prix prohibitif. Source intarissable de fantasmes, le film de Tobe Hooper est ressorti hier en France dans une version restaurée 4K. Nous étions à la séance de 14 h au Grand Action (Paris 5). Verdict ? C’est une claque. Un traumatisme qui mérite le visionnage, au-delà des clichés.
Pour au moins 5 raisons…
Un scénario implacable
Cinq jeunes gens s’aventurent à bord d’un van sur une route du Texas, à la recherche d’une maison de famille abandonnée, dans laquelle ils espèrent passer du bon temps. Dès les premières minutes, on devine que (évidemment), rien ne va se passer comme prévu. Il y a d’abord cet auto-stoppeur, qu’ils n’auraient jamais du prendre, qui raconte que sa famille, vivant non loin de là, sait mieux que quiconque abattre les bœufs « à l’ancienne » (à coups de masse) et préparer le fromage de tête. Au moment où il se taille les veines en gloussant de plaisir, il est expulsé du van. Mais la panne d’essence guette… Notre équipe, heureusement arrivée à destination, est forcée de passer la nuit au pied de la bicoque en ruines. On ne va quand même pas vous raconter la suite puisque vous l’avez devinée.
Une force d’évocation sans précédent
Non, « Massacre à la tronçonneuse » n’est pas un film gore. Le sang y gicle peu. Tout le talent de Tobe Hooper est de détourner sa caméra une seconde avant l’insupportable. D’ailleurs, les scènes de pure terreur sont rares. Tout comme la musique, organique et métallique. Glaçante. Le réalisateur a préféré distiller le malaise partout, tout le temps, ce qui fait beaucoup. Une station service providentielle ? Elle n’a plus d’essence. Des voisins auxquels on va pouvoir demander secours ? Une demeure infernale. Avec peu de moyens, Hooper a créé le piège parfait où chaque porte de secours entrebâillée mène à l’abomination.
Un tueur inclassable
Il y a des méchants de cinéma que l’on adore détester ou dont le charme nous envoûte. Leatherface (visage de cuir – du cuir humain, on imagine), le tueur à la tronçonneuse, n’entre dans aucune case. Déficient mental, reclus, s’exprimant par petits cris affolés ou sadiques, il est dépassé par l’arrivée soudaine de ces visiteurs un peu trop curieux et n’a d’autre choix que de les faire taire à jamais. Pour la scène du dîner familial, il campe bien malgré-lui une tentative de dandy grotesque, hirsute et obscène, dans un costume noir crasseux, la cravate nouée trop court.
Un fétiche cathartique
Faute de budget pour la bande-originale, le réalisateur a usé et abusé du son infernal de la tronçonneuse pour glacer le sang des spectateurs. Son tour de force est d’avoir fait de l’outil un fétiche synthétisant tous les maux transpirés par le film, et, au-delà par l’Amérique (le Vietnam, la société de consommation…). Il n’y a plus d’essence dans la région, mais l’engin en déborde en veux-tu en voilà, jusqu’au petit matin. La famille de Leatherface est incapable de s’entendre, la tronçonneuse est là pour trancher. Elle crie plus fort, elle aura le dernier mot. Littéralement.
Une scream queen légendaire
Une demi-heure. L’actrice Marilyn Burns (Sally), poursuivie en pleine nuit par Leatherface, hurle pendant une demi-heure non-stop. En général, les scream queens du cinéma sont stoppées dans leurs vocalises en quelques minutes, par un coup fatal. C’est d’ailleurs ce qui arrive au début du film à son amie Teri McMinn (Pam), dont le short et le dos nu ultra-sexy sont passés à la postérité. En retrait durant la première moitié du film, Marilyn Burns subira les outrages d’un face à face avec la famille de rednecks dégénérée… Ironie du destin, la resurrection du film intervient quelques mois après la mort de l’actrice, disparue en août dernier.
Guillaume Tesson
Massacre à la tronçonneuse, film d’1h24, interdit aux moins de 16 ans, visible dans six cinémas à Paris et proche banlieue : Le nouveau Latina
20 rue du Temple, Paris MK2 Bibliothèque
128-162 avenue de France, Paris Gaumont Opéra côté Premier
32 rue Louis Legrand, Paris Grand Action
5 rue des Ecoles, Paris Pathé Quai d’Ivry
5 rue François Mitterand, Ivry-sur-Seine Mégarama
44 avenue de la Longue Bertrane, Villeneuve-la-Garenne
– 2 DVD de bonus
– 1 livret inédit de Jean-Baptiste Thoret illustré de nombreuses archives (56 pages)
– 1 tablier « Massacre » créé exclusivement pour cette édition
– 1 jeu de 4 tirages de photos d’origine
– la reproduction de l’affiche américaine d’origine