Les Débutantes glaçantes de Claire Tabouret

Culture

23JAN. 2015

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Les Débutantes glaçantes de Claire Tabouret

23 JANVIER . 2015

Écrit par Louise Bollecker

Des dizaines de paires d’yeux vous fixent. Ceux de fantômes ou de disparues, on ne sait pas trop. Ces yeux appartiennent aux nombreuses jeunes filles qui peuplent les tableaux de Claire Tabouret dans sa première collection en solo : les Débutantes.

Le thème de cette série était pourtant festif : la plasticienne s’est inspirée des photographies prises à l’occasion du Bal des Débutantes qui, chaque année, introduit officiellement dans le monde les jeunes filles de l’aristocratie et du show-biz. Etre jolie, avoir des parents célèbres et une personnalité intéressante sont les critères de sélection.

A partir de ces photographies de jeunes femmes souriantes aux robes très colorées, Claire Tabouret a peint neuf tableaux. Chacun a sa couleur (« rose bengale », « bleu azur », « blanc lunaire », « vert émeraude », « rouge feu », « arc-en-ciel », « jaune topaze », « vert de jaune » et « bleu minuit ») et présente un nombre aléatoire de jeunes filles. Ou plutôt de petites filles : les débutantes, au même visage fermé, ont l’air bien plus jeunes que dans la réalité.

Le teint livide, elles portent des robes longues dont les traînes s’entremêlent. Solidaires ou emprisonnées dans un monde glacial, au visiteur de faire son choix. Il règne dans ces tableaux une atmosphère pesante qui fait réfléchir sur l’instrumentalisation des jeunes filles dans la société et leur hyper-sexualisation. La monochromie (une première couche de fluo sur laquelle des couches de peinture plus sombre ont été apposées) des toiles apporte de la puissance à l’ensemble. De plus près, on remarque les traits saccadés et les éclaboussures qui viennent salir le portrait si ordonné des jeunes filles.

Dans la vaste galerie Bugada & Cargnel (un ancien garage), ces tableaux sont donc une réflexion fascinante – quoiqu’un rien malsaine – sur l’individu dans la société, la place des femmes et le thème de la disparition (certaines robes semblent presque liquides et une ambiance fantomatique se ressent). Il ne vous reste plus que quelques semaines pour découvrir l’oeuvre de Claire Tabouret, surveillée de près par les collectionneurs.

 

Louise Bollecker

 
« Les Débutantes » de Claire Tabouret
A la galerie Bugada et Cargnel
7-9, rue de l’Equerre
75019 Paris
Jusqu’au 7 février 2015, du mardi au samedi de 14h à 19h
Entrée gratuite
 
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