Instant Grand Duc : le corps de mon ennemi

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21NOV. 2017

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Instant Grand Duc : le corps de mon ennemi

21 NOVEMBRE . 2017

Écrit par Guillaume Cadot

Le film

Un homme qui a passé sept années en prison pour un double meurtre qu’il n’a pas commis revient à Cournai, ville du Nord de la France aux mains d’une bande de notables véreux, pour régler ses comptes avec la puissante famille Liegard. Cet homme, c’est François Leclerc, joué par un Jean-Paul Belmondo sombre, période seventies.

On aime

Verneuil à la réalisation, Audiard aux dialogues enlevés, Francis Lai à la musique synthétique, le tiercé gagnant de ce drame sociopolitique à la française. La stature des interprètes (Belmondo, Blier, Pisier) donne du corps à cette description du milieu bourgeois de province et ses magouilles pour tenir la cité industrielle (ici la gloire du textile du Nord) à coups de matchs de foot et de discothèque poudrée.

Belmondo la joue sobre, dans une ville désertée, sur fond de musique planante qui fait déjà penser à Air ou BurgalatOn se délecte des bons mots et des phrases assassines de ce Rastignac des Trente Glorieuses qui essaie de trouver sa place au sein d’un monde qui le déteste. 

Les seconds rôles ne manquent pas non plus de panache ! Quel bonheur de retrouver des acteurs comme Claude Brosset, une des gueules du cinéma français, l’éternel Achille Volfoni dans Flic ou Voyou, déguisé en travesti. François Perrot, en directeur du Number One ou encore Bernard-Pierre Donnadieu en truand (toujours) blond (toujours)… Sans oublier Michel Beaune et ses éternels rôles de faux-derche soumis qui rappellent la force du cinéma polar français des années soixante-dix.

On retient quoi ?

Qu’il faut posséder une veste en tweed Gun Club check

Mythique ! Belmondo alias François Leclerc porte la même tenue du début à la fin du film, sauf bien sûr pour les flash-back, pendant lesquels son style évolue en fonction de son ascension sociale – on retient le smoking de rigueur pour diriger une discothèque, toute une époque !

Bébel nous honore d’un pantalon en laine couleur tabac qui colle bien à cette ville textile du Nord, un imperméable droit type Macintosh, une grossière cravate tricot marronnasse et une veste de sport en cachemire au motif Gun Club check. Evolution du Shepherd’s check noir et blanc, cet imprimé nous vient tout droit des vestes portées par les membres d’un club de tir américain. Toute une histoire ! Ce tissu aux multiples variations qui habille parfaitement la veste de sport. À porter le week-end avec un col roulé, un vieux jean et ses mocassins de collégien.

Qu’on aime le décorum de l’authentique discothèque

On rêve tous d’une boîte comme le Number One ! Canapés en velours rouge, tables en métal et verre, cabine du DJ, bar rond, personnel en veston blanc croisé, hôtesses en robe du soir comme les clientes, distribution de cigarettes et danseuses sur podium… Et elle existe encore ! Il s’agit du Macumba à Englos, petit village situé à 5 km de Lille. Mais on vous jure que personne n’est en smoking…

« J’ai fait le calcul, l’année dernière les déjeuners d’affaires m’ont pris 600 heures de ma vie. Maintenant c’est fini je déjeune d’un sandwich. On a beau dire, dans le sandwich, le meilleur c’est l’aile ! »

Qu’un vrai déjeuner-sandwich-bureau, c’est chic

Les déjeuners d’affaires vous barbent comme Bernard Blier aka le Président Jean-Baptiste Beaumont-Liégard ? Faites comme lui, déjeunez au bureau d’un sandwich ! Attention, du sandwich à la Grand Duc : avec table nappée, vin millésimé, assortiment de viandes froides et cornichons d’artisan. Faudrait pas se laisser abattre !

Guillaume Cadot

Le corps de mon ennemi
Un film d’Henri Verneuil – 1976
Avec Jean-Paul Belmondo, Bernard Blier, Marie-France Pisier
Musique de Francis Lai

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