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Citybreak : Montréal, les sports d’hiver autrement
20 FéVRIER . 2018
La pose des chaînes à onze heures du soir dans la montée vers la station vous est devenue insupportable ? Vous n’en pouvez plus de faire la queue au Sherpa en fin de journée ? Vous vous sentez obligé de skier tous les jours pour être certain “d’en avoir profité” ? Rendez donc visite à vos lointains cousins du Québec…
Quand on a découvert une première fois Montréal dans l’excès de chaleur du mois d’août, on peut avoir la curiosité de vivre la ville pendant le grand froid, recouverte son manteau blanc… Le rêve aurait pu virer au cauchemar si les températures exceptionnellement basses du début du mois de janvier avaient perduré -personne n’y est franchement préparé. Heureusement à notre arrivée, il ne faisait plus que -10°C !
Dès la sortie de l’aéroport de Montréal en hiver, les maudits français que nous sommes sont dépaysés -c’est ainsi que les québécois nous nomment quand ils sont de mauvaise composition. C’est que tout est plus grand : les voitures, les autoroutes et les centres commerciaux qui les longent… La ville est quadrillée par d’immenses axes parallèles et perpendiculaires. Un savant mélange entre les Etats-Unis et le Canada… Le chauffeur de taxi parle français avec un fort accent et vous soutient que c’est vous qui avez un accent. Bienvenue à Montréal !
Si, arrivés à ce niveau de l’article, vous commencez à froncer les sourcils, non, ne vous inquiétez pas : vous pourrez sans problème assouvir vos désirs de pistes. Certes, ce ne seront pas les Trois Vallées, mais depuis Montréal, comptez trois quarts d’heure en voiture pour vous rendre au Mont-Tremblant. On pourra même revenir en ville le soir même. Incroyable non ?
Si vous êtes prêts à rouler davantage (prévoyez quatre heures de route), le massif de Charlevoix vous offrira l’une des plus belles vues du pays, celle des pistes de ski au pied du Saint-Laurent, en bonne partie gelé à cette époque. Pensez à vous arrêter à la chute de Montmorency sur la route !
Mais les sports d’hiver, au Québec, sont loins de se limiter au ski et se conjuguent au pluriel. Il ne faudra surtout pas se priver du traîneau à chiens, des stages de conduite sur glace à proximité de Montréal, des patins à glace et même hockey sur glace dans les nombreux parcs de la ville… Pour les plus courageux, chaussez collant thermique (si, si), baskets et crampons : ici, l’hiver n’arrête pas les joggeurs.
Bien vêtu et surtout bien chaussé pour éviter les mauvaises chutes en cas de verglas (il suffit d’une petite pluie par -10°C..), vous pourrez arpenter la ville en long et en large, de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal à la Basilique Notre-Dame, en passant par le Vieux-Port et le Musée d’art contemporain ; et contempler son étendue des larges baies vitrées de la Brasserie Les Enfants Terribles, nichée à 184 mètres de hauteur. L’architecture est très variée, en témoigne Habitat 67, un ensemble de logements bâtis pour l’Exposition Universelle de 1967, fruit de multiples réflexions de l’architecte Moshe Safdie, portant tant sur la qualité de l’habitat en zone de densité, que sur le coût de la construction et la possibilité d’imbriquer des éléments préfabriqués pour le réduire.
A ce stade, n’espérez rien côté température : si le ciel se dégage, le thermomètre continuera de chuter, mais la lumière du Québec est belle et les rayons du soleil vous réchaufferont un peu jusqu’au milieu de l’après-midi.
Que nos cousins ne se vexent pas, mais côté gastronomie, ce n’est (toujours) pas ça. A vous de juger si vous devez accrocher la Poutine à votre tableau de dégustations périlleuses. Peut-être arriverez-vous à réserver une table au Pied de Cochon, le restaurant du chef Martin Picard, qui a bien sûr revisité et upgradé ce plat – ou plutôt rehaussé, le québécois ne supportant pas les anglicismes, ne l’oubliez jamais.
Une chose est sûre, il vous sera difficile d’engloutir votre traditionnelle tartiflette, sauf peut-être à dépenser une petite fortune dans des fromages d’importation, mais le rendu ne sera probablement pas le même, et ce n’est franchement pas le cadre. La diversité culturelle de la ville, en revanche, vous offrira la chance de découvrir d’autres saveurs, comme celles de la gastronomie afghane au Khyber Pass Restaurant.
Un conseil toutefois, avant de vous rendre au restaurant que vous aurez choisi, vérifiez s’il s’agit ou non d’un “apporte ton vin”. Si une partie des restaurants montréalais ne propose pas d’alcool à la carte (règlementation locale oblige), le client aura en contrepartie la possibilité d’apporter son vin.
Enfin, côté souvenirs, pensez à rapporter un peu de sirop d’érable à vos proches (au moins pour la forme), et surtout ne passez pas à côté d’un des plus beaux disquaires de la ville, spécialisé dans les vinyles.
Vous pourrez ainsi repartir avec un 33 tours d’un des plus grands compositeurs-chanteurs du Québec… Je ne parle ni de Garou, ni de Robert Charlebois, ni d’Eric Lapointe (pour ceux qui connaîtraient le Johnny Hallyday local), mais bien évidemment de Leonard Cohen, à qui le MAC rend hommage en ce moment-même.
Paul Dubois (texte et photos)