Robert Combas, l’énergie faite peintre

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29NOV. 2018

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Robert Combas, l’énergie faite peintre

29 NOVEMBRE . 2018

Écrit par Aymeric Mantoux

Robert Combas est le stéréotype du grand artiste : tout chez lui n’est qu’art et création… Nous avons rencontré le peintre de 61 ans dans son atelier à Ivry sur Seine, alors qu’il inaugurait sa nouvelle exposition à la galerie Laurent Strouk à Paris. On est tombés sous le charme de l’artiste, de son univers et de son incroyable énergie.

Propos recueillis par Aymeric Mantoux

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Robert Combas à Sète, août 2018 © Geneviève Combas

Les cocktails et les vernissages ? Très peu pour lui… La peinture est toute sa vie. Il n’a pas de téléphone, pas d’ordinateur, et jamais un sou en poche, parce que sa femme Geneviève veille à tout (ils se sont mariés l’an dernier, mais sont ensemble depuis 30 ans) afin qu’il puisse se consacrer corps et âme à son travail. Il est rare d’ailleurs qu’une production soit aussi consistante : travailleur infatigable, auteur d’une œuvre maousse (plusieurs milliers de toiles, sans compter les lithographies, les meubles et les sculptures), et d’innombrables expositions, il ne lui manquera qu’une rétrospective majeure dans un grand musée parisien… Pour bientôt, on l’espère !

 

Où en est votre groupe de rock ?

Ces dernières années, il y a eu beaucoup de concerts, et puis ça s’est arrêté. J’ai mis sur pause pour le moment. J’ai été un peu déçu avec les résultats. Mais ça n’a jamais été mon activité principale !

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© Aymeric Mantoux

Comment définissez-vous justement votre activité principale ?

La peinture c’est plus grand que la vie, comme le cinéma. L’art contemporain au contraire, glorifie la linéarité, les concepts, avec des gens qui ne travaillent plus et possèdent des ateliers. Je n’en vois pas l’intérêt. Il devrait y avoir une séparation entre les notions de peinture et d’art contemporain. Qu’y a-t-il de commun entre un ballet, une installation vidéo et une toile ? Ce sont des formes d’art, mais ce sont surtout des disciplines très différentes. Tant de gens sont persuadés que la peinture est morte, mais ils se trompent !

« Il devrait y avoir une séparation entre les notions de peinture et d’art contemporain. » – Robert Combas

Pourquoi pensez-vous n’avoir pas eu plus de reconnaissance internationale ?

A cause de mon goût pour la couleur et le fait que je sois un artiste contemporain pensent que je suis proche de la figuration narrative, mais ce n’est pas le cas. Je m’affranchis en effet de toute influence « photographique ». Il y en a quelques-unes, mais je m’oppose à tout ce qui n’est pas la peinture. Je suis un héritier des impressionnistes, de tous les modernistes, même de l’art brut et de tout le reste. Ce que je n’aime pas dans la figuration narrative c’est son aspect photographique. C’est froid. Je ne comprends pas que l’on puisse peindre des milliers de peintures qui sont toujours les mêmes et qui ne contiennent aucune émotion.

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Robert Combas, « Geneviève entourée de ses verts pas turages, des verts de feuilles et des bleus du ciel et de la mer. Depuis quelques jours, un bébé est arrivé qui se ballade dans le jardin de ma fée. IL chie partout mais va bientôt s’envoler, il commence à se faire grand ce goéland. » Acrylique sur toile, 2018 © Galerie Laurent Strouk

Mais vous avez été embarqué dans le mouvement. Dans les années 1980 vous avez même eu des solo show avec le célèbre galeriste new-yorkais Léo Castelli ?

J’ai été à la fois chanceux et malchanceux. Mes peintures ont voyagé à new York et en Californie et Leo Castelli a été l’un des plus grands marchands du XXe siècle. Mais quand j’ai travaillé avec lui, il était déjà vieux et plus tellement à la mode… Mes deux expositions n’ont pas fonctionné car au même moment Keith Haring et Basquiat ont émergé. Modestement, j’ai été mis de côté. Mes œuvres valaient 3000 $ et pour le marchand de Basquiat, ce n’était rien. Les artistes pop américains, même inconnus, valaient déjà le double. Rapidement ils sont devenus des légendes, et mon travail a cessé d’intéresser les galeristes américains.

Vous êtes connu depuis 35 ans et en même temps, on vous redécouvre sans cesse. Quel est votre secret ?

Je suis un peintre et je l’ai toujours été. Même quand ce n’était pas à la mode, même quand certains pensaient que tout avait déjà été fait. J’ai essayé de rester moi-même, d’être consistant dans mon travail. Je mets toute ma passion, toute mon énergie, tout mon travail dans mes toiles. Parfois je suis paresseux et cet aspect de ma personnalité trouve son chemin dans mes œuvres. Cela leur donne une touche abstraite. Il y a beaucoup de poésie dans ce que je fais.

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Robert Combas, « Nigou se repose et fait union avec la terre qu’elle semble ressentir comme nous, sous notre couverture. Toutes les odeurs se rapprochent de son groin pour lui donner des sensations de méditerranée. Et c’est le calme plat malgré les poissons verts qui passent en groupe dans le ciel bleu clair. Elle aussi respire sur la terre imprégnée de l’herbe et des pierres des feuilles et de la chaleur de l’été légèrement brisé. Parmi les arbres Parmi les pins, Poissons volants à calme entreprise Chienne roulant son groin sur le parterre de terre L’ombre des plantes vertes rafraîchit sa gueule d’atmosphère », acrylique sur toile, 2018 © Galerie Laurent Strouk

Vous semblez n’avoir jamais été autant à la mode !

Modestement, je pense faire partie des artistes qui peuvent parler au monde entier. Bien que je puisse me définir comme un peintre français, mon travail est très apprécié en Suède, au Brésil ou en Afrique, bien des pays dont je ne connais pas la langue. Mais je m’exprime à travers mes peintures et je suis certain qu’ils comprennent ce que je veux transmettre.

Un critique a même écrit de vous « Combas reprend la peinture là où Picasso l’a laissée« …

Picasso, c’est un maître absolu. Impossible de le critiquer. Il avait une personnalité hors du commun et un incroyable talent. Mais c’était une autre époque. Moi je ne fais pas l’unanimité. Mais j’ai de la chance d’avoir de vrais amateurs et d’importants collectionneurs. Il y a toujours eu beaucoup de gens qui ont cru dans mon travail.

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Robert Combas, « En hippocampe rouge et blanc. Fier con et intelligent étalon des mers et des sons de la houle, dieu du vent qui parle et des vagues qui roulent en tapis de restes de larmes qui parviennent jusqu’au rivage. Des larmes et des lames, des bleus et des verts et le reste d’outre ciel ou de mer », acrylique sur toile, 2018 © Galerie Laurent Strouk

Cette exposition avec pour thème la Méditerranée, c’est Combas enfin en paix ?

J’ai essayé de ralentir, d’être plus calme. C’est pourquoi j’ai réalisé cette série de toiles vertes, inspirées par mon jardin méditerranéen de Sète. Ce ne sont pas vraiment des peintures « écologiques », mais elles représentent un univers familier et sympathique. Je suis toujours heureux de travailler. Parfois c’est intense, parfois je n’y parviens pas. Je ne peux peindre que quand je suis en forme. Pour cette exposition, je n’ai pas arrêté pendant des mois. Je me suis senti vraiment inspiré.

A.M.

« Le théâtre de la mer »
Galerie Laurent Strouk,
Jusqu’au 22 décembre
22 avenue Montaigne
75008, Paris
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