Gastronomie
Escapade parfumée et couleurs pastel au Délice de Condorcet
29 AVRIL . 2019
Bien évidemment, en matière de cuisine chinoise, comme pour le reste, il y a à Paris à boire et à manger. Du traiteur chinois en bas de l’escalier avec ses barquettes plastiques bon marché au Shang Palace dans sa version luxe de Hong-Kong, il y en a pour toutes les baguettes. Mais quand le hasard de la proximité vous fait découvrir une belle adresse combinant saveurs inédites et prix modérés, on jubile. Visite au bien nommé Délice de Condorcet.
Par Thierry Richard
(Texte et photographies)
C’est une impression de lumière et de clarté qui se dégage de ce restaurant chinois pas comme les autres. Le décor évoquerait d’ailleurs plus vraisemblablement l’épure japonaise que les couleurs criardes et les néons vibrant du chinois au glutamate du coin de la rue. Des bois clairs et ajourés, une salle toute en longueur, des orchidées graciles en guise de bienvenue, un comptoir, quelques bibelots sélectionnés illustrant l’Empire du Milieu et tout au fond deux petits bouts de femme s’activant en silence.
Car au Délice de Condorcet, tout est frais et fait maison. Il faut donc arriver quelques instants avant le service du déjeuner et assister à la confection à la main de très beaux raviolis au boeuf et oignon aux teintes pastel (la pâte artisanale est colorée aux herbes, à la betterave…) Un travail minutieux et captivant qui vous fige le regard quelques minutes durant.
Vous l’avez compris, ici pas de boeuf aux oignons ou de porc au caramel. La carte est longue mais fait la part belle à des spécialités chinoises peu courantes et réparties essentiellement entre raviolis grillés ou en soupe et nouilles chinoises aux diverses accommodations.
Par esprit de découverte, on débute avec une petite salade, fraîche et vivace de “Céleri vert et peau de tofu”. Elle est croquante, doucement assaisonnée et la peau de tofu nous fait découvrir une nouvelle texture ferme et juteuse. Puis, bien sûr, quelques raviolis. Les “Wonton de porc et crevette” servis dans leur bouillon sont un vrai régal avec quelques lamelles d’omelette, des herbes et des champignons noirs.
Mais mes préférés resteront ces “Raviolis grillés”, servis par 8 (c’est généreux) aux couleurs délicates. La farce est bien ferme, la pâte pas trop épaisse, cuits vapeur et grillés à la base. Avec une sauce piquante maison, c’est à tomber.
On enchaîne avec les nouilles, elles aussi multicolores. Servies dans de grands bols, elles sont chaudes dans un bouillon comme les “Nouilles au boeuf” avec oeuf, légumes verts et champignons noirs, ou sans bouillon avec des légumes finement détaillés (carottes, chou, concombre, etc.) qu’il faut bien mélanger avec la préparation de viande posée au sommet comme ces “Nouilles au porc de Pékin” où la viande en sauce rougeoyante est hachée menue.
Mes préférées ? Les “Nouilles versées de l’huile chaude”. On passera sur le français couleur locale de l’intitulé pour se concentrer sur le bonheur de ces pâtes aux légumes et petits dés de porc sur lesquelles le chef verse, en fin de préparation, une huile chaude pimentée. C’est à l’image de toute la cuisine de ce Délice de Condorcet : simple, frais, très bien fait, exotique et très parfumé.
Pour les amateurs aux appétits solides, on pourra finir avec de délicieux “Mochis au matcha et sésame noir”.
Bien qu’un peu débordé en cas de forte affluence, le service est très avenant (il faut parfois tendre un peu l’oreille) : c’est sans doute ici que pour la première fois je me suis entendu dire “cela va faire sans doute trop, car c’est très copieux, prenez-en moins…”
Voilà donc un chouette coup de coeur dans un quartier qui déjà n’en manque pas. La preuve ? J’y suis déjà retourné deux fois…
T.R.
Délice de Condorcet
10 rue Condorcet
75009 Paris
Téléphone : 09 87 46 69 66
Fermé le dimanche
Menu déjeuner à 9,80 € et 11,80 €
A la carte compter entre 15 € et 20 €
Métro : Poissonnière, Anvers