Gastronomie
Petit Gris : Small is beautiful Porte de Champerret
27 JANVIER . 2020
Parfois, on ne sait pas trop pourquoi, une fleur éclot dans un coin de rocaille désertique. Heureux alors celui qui, passant par là, la découvre. C’est un peu le sentiment qui nous a étreint en sortant de Petit Gris, une petite perle rare posée au milieu du grand n’importe-quoi de la Porte de Champerret. Découverte.
Thierry Richard
(Texte et photographies)
Trouver une table convenable dans ce coin de l’extrême-dix-septième n’est pas chose aisée. Alors on interroge ses indics du quartier (merci Elsa) et on pousse la porte de Petit Gris. Un minuscule caboulot aux airs de refuge campagnard où la lumière, pénétrant à grands flots, inonde des tables de bois usé, aux veines de vieillard, comme on les adore.
Le thermostat de l’atmosphère est au calme, la clientèle parle à voix basse et les fleurs sont séchées dans leurs pots de terre. On sent flotter dans l’air apaisé comme une volonté de retour à l’essentiel qui a tout pour nous plaire.
On apprendra ensuite que le jeune chef installé ici, Jean-Baptiste Ascione (25 ans, ancien de la Machine à Coudes à Boulogne), a participé à Top Chef en 2015, mais à dire vrai, on s’en moque complètement. Car ce qui nous intéresse, c’est la cuisine qui sort du mini-passe-plat. De petites assiettes toutes différentes, colorées et vivaces que l’on envoie comme on sèmerait des graines de fleurs multicolores dans un champ en friche.
Car au Petit Gris, on suit cette envie de mettre en avant le partage (on l’avait aussi croisé il y a peu chez Carni) en proposant des plats en petites portions (enfin, façon de parler) que l’on peut aisément partager. Deux ou trois assiettes commandées par personne avant d’attaquer le sucré, et nous voilà bien.
Quoi de plus facile, par exemple, à répartir entre gourmands que ces “Cromesquis d’escargot et de chorizo, mousse de persillade” au vert cinglant et à la saveur d’escargot légèrement épicée. On glissera de même quelques beaux coups de couteaux communs au “Camembert fermier frit en croûte de noisette, salade frisée aux noix” comme un assassinat version Duc de Guise. Plus simple mais d’une simplicité corsée, les “Pommes Darphin, jus truffé” croquent sous la dent alors que le “Céleri confit pendant 4h et kumquats, tarama de cabillaud fumé” affirme douceur et rondeur tiède.
Les “Encornets de Saint Jean de Luz juste grillés, butternut confit et écume d’encre” développent, sous une cuisson parfaite, des saveurs plus raffinées, entre terre et mer profondes.
Côté douceurs, la “Pavlova basilic et citron”, très joliment présentée dans son harmonie blanche et verte, rafraîchit quand la “Crème caramel au café, mousse de mezcal” assure un très étonnant mais bienvenu contraste où le goût fumé du Mezcal ajoute une pointe d’intérêt aux saveurs de café. Café que l’on sert ici dans des tasses en béton. C’est joli.
La carte des vins est à fond dans le nature/biodynamie. Le vin de Loire que nous avions choisi perlait encore sur la langue au moment de la dégustation mais développait des arômes croquants de fruits rouges intenses (Red Red Wine 2018, La Vinoterie).
On sent bien, chez Petit Gris, dans une économie de moyen propres aux ouvertures, de l’enthousiasme et une envie de bien faire dans le choix de produits locaux et saisonniers. Mais cela se double d’un réel talent créatif qui, c’est une certitude, nous fera revenir.
T.R.
Résumons
Atmosphère : La campagne à Paris dans un mouchoir de poche.
Le plat à ne pas louper : Le camembert frit pour se vautrer avec délectation dans la régression ou le cromesquis d’escargot pour faire écho au nom du restaurant.
Liquides : Sélection courte de vins bio et (très) nature.
Prix : Sur-mesure grâce au principe des petites assiettes mais attention au dérapage !
En pratique
Petit Gris
67 rue Rennequin
75017 Paris
Téléphone : 06 11 34 69 91
Fermé dimanche et lundi
Réservations acceptées
Menu déjeuner à 32 €
A la carte compter entre 35 € et 45 €
Métro : Porte de Champerret