Style de vie
Jamais tape-à-l’œil ! Les lunettes de Cary Grant en mettent plein la vue
11 FéVRIER . 2020
Inspiré par La Mort aux Trousses, Giampiero Tagliaferri, directeur artistique d‘Oliver Peoples, a recréé les montures portées par Cary Grant dans le chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock. Les élégants les traquaient depuis si longtemps.
Par Frédéric Brun
Difficile de passer inaperçu. Même avec des lunettes noires, Cary Grant, alias Roger O. Thornhill crève l’écran. Le guichetier de la gare ne se laisse pas avoir. Eve Kendall, sous les traits d’Eva Marie Saint, certainement pas non plus. Dans le wagon restaurant du train pour Chicago, la jeune femme blonde enflamme le beau fugitif en cavale se croyant à l’abri derrière ses verres fumés.
Combien de fois les amateurs seront allé fureter, farfouiller, fouiner chez leur opticien de quartier ou sur internet pour tenter de retrouver la référence du modèle, l’adresse du faiseur de ces montures ? Nul ne sait vraiment qui réalisa le modèle d’origine, porté dans le film sorti en 1959.
Pour le reste de la panoplie, les griffes sont connues. Le complet en prince-de-galles gris clair a été réalisé chez Kilgour, French & Stanbury, à Savile Row, par Arthur Lyons le tailleur attitré du duc de Windsor. Puis Quintino, tailleur réputé de Beverly Hills où Cary Grant avait ses habitudes, fut chargé d’en exécuter des doublures, notamment pour les scènes d’actions et les cascades. Les richelieus chocolat étaient signés Crockett & Jones. La manufacture de souliers de Northampton est fière de posséder encore les formes en bois, à l’exacte mesure des pieds de la star de Hollywood, resté fidèle à l’artisanat de sa terre natale.
Mais alors, les lunettes ? Les spéculations vont bon train. Peut-être Tart Optical Enterprises Inc., petite entreprise fondée en 1946 par le lunetier chic new-yorkais Julius Tart, très en vogue à l’époque et toujours en activité ? Ou Moscot, marque également fondée à New York City, en 1915, et fournisseur attitré de Woody Allen ?
Qu’importe, puisque, désormais, ces lunettes sont de retour, rééditées Oliver Peoples. Une marque dynamique, créée en 1987 à Los Angeles par Larry Leight et Ken Schwartz, et rachetée en 2008 par le géant Luxottica. Avec des montures très inspirées du cinéma, des stars de l’Age d’or de Hollywood, et des lignes directrices du style Ivy League américain, et appuyées sur un marketing offensif pour plaire aux Millenmials, les lunettes Oliver Peoples séduisent les gens en vue outre-Atlantique, de Jeff Bezos à Brad Pitt.
Directement inspiré par la fameuse scène du train de La Mort aux Trousses, à l’érotisme incandescent symbolisé par les allumettes et la cigarette, Giampiero Tagliaferri, le directeur artistique d‘Oliver Peoples, a souhaité se rapprocher le plus possible du modèle d’origine mais aussi plus globalement des choix et des goûts de l’acteur.
Après plusieurs conversations avec Barbara, veuve de l’artiste et la dernière de ses cinq épouses, et avec sa fille Jennifer, il a pu dessiner six montures, de couleurs différentes. « Cary Grant était un homme à l’élégance naturelle. Sa garde-robe était impeccable en toutes circonstances, mais surtout sa confiance et sa sophistication le rendent éternel. Et toujours aussi inspirant pour les hommes d’aujourd’hui » souligne le créateur.
Les puristes préfèreront le modèle en acétate façon écaille de tortue, tandis que les plus audacieux opteront pour la version en plaquée or 18 ct. Dans tous les cas, les extrémités des branches sont chiffrées du monogramme CG, dans la typographie du papier à lettre de l’acteur. L’étui, sur mesure, reprend les couleurs du costume. Un souci du détail qui attire l’oeil.
F.B