Voyages
Un week-end à Vienne
L'oubliée de la gastronomie en vallée du Rhône
11 SEPTEMBRE . 2020
Vous étiez sur la route des vacances. Vous n’y pensez jamais. Pourtant, l’arrêt à Vienne, ville-étape sur le chemin de la Provence, révèle bien des surprises. Nous sommes tombés sous le charme à l’occasion d’une échappée estivale, à renouveler à l’automne...
La découverte : le marché gastronomique de Vienne
Le ciel est encore légèrement rosé de l’aube et les rues de Vienne sont en effervescence. Comme chaque samedi depuis le… XIIe siècle. On longe au pas de charge le temple d’Auguste et Livie érigé, il y a 2000 ans, au cœur de la cité, pour s’arrêter devant l’étal d’Emilie, tombée toute jeune dans le champignon.
Tous sont installés dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres autour de Vienne. « Je ne travaille qu’avec des éleveurs que je connais » assure d’ailleurs Jean-Paul Durand en nous présentant une bien appétissante côte de bœuf, « de l’Aubrac croisée limousine » précise-t-il.
Dans la rue d’à côté, on s’extasie devant un linéaire de quinze mètres aux cinquante nuances de rouges : framboise, groseilles, cassis, fraises, abricots, pêches, toute la palette des fruits d’été. Philippe Girardon sélectionne d’un coup d’oeil les barquettes que son commis, qui nous suit à la trace, court porter à la camionnette.
Quelques pas plus loin, c’est l’abondance verte. Courgettes en fleur et grandes feuilles de blettes qui accompagneront le pavé de bar que l’on retrouvera au menu, quatre heures plus tard, sur la table du Cottage, l’annexe décontractée de Clairefontaine, installée dans une ancienne ferme dauphinoise.
La gastronomie et les étoilés, une ancienne tradition locale
« La gastronomie et les étoiles Michelin sont une tradition régionale. Il y a 40 ans, il y avait près d’une dizaine d’Etoilés ici » raconte Philippe Girardon, fier d’avoir commencé pré-apprenti à 14 ans et demi au Bec Fin. Ce chef est devenu l’un des dignes héritiers de Fernand Point, premier triple chef étoilé en 1933 et père de la gastronomie moderne.
Explorer les vignobles du Rhône en gyropode
Une fois le marché arpenté au pas de course, notre guide file vers ses fourneaux. C’est qu’il est l’heure d’aller explorer le deuxième atout de la région de Vienne, son autre pilier gastronomique : le versant droit du Rhône où s’épanouissent ses vignobles prestigieux.
Objectif : Condrieu et Côtes-Rôties. On longe un bras du Rhône avant de se perdre dans les vignobles palissés. On attaque allègrement la pente avec notre deux roues tout terrain. Les contreforts du Pilat sont cultivés en vigne depuis les Gaulois, en attestent les nombreuses fouilles effectuées depuis 1967 qui font de Vienne un grand centre archéologique français. Mais c’est une autre balade…
Pour l’heure, on parcourt quelques arpents de Condrieu, vin fruité, délicieusement long en bouche, souvent taxé par incompréhension d’énigmatique puis on traverse une poignée des 330 hectares dédiés à l’AOC Côte-Rôtie.
« Dans les années 80 on trouvait encore des parcelles à la vente pour des prix très raisonnables. Aujourd’hui il n’y a plus de foncier disponible et le mètre carré est passé d’un franc à cent euros en trente ans » constate Martin Daubrée, propriétaire du domaine de Corps de loup à Tupin et Semons, 4,5 hectares de Condrieu et de Côte-Rôtie. « Quand vous voyez le terrain sur lequel on travaille vous comprenez la difficulté… » Et le prix du flacon, sommes-nous tentés d’ajouter !
De fait, les plants s’agrippent à des pentes très raides et se cultivent sur échalas pour gagner de l’espace et limiter les risques phytosanitaires. Les terrasses (ou chaillets) sont retenues par des murs en pierre sèche qui nécessitent d’être régulièrement restaurés. Certains datent de l’époque gallo-romaine car les Allobroges, l’un des peuples gaulois présents, cultivaient déjà la vigne.
Tanique, puissante et charpentée, la Côte-Rôtie considérée comme la plus bourguignonne des Appellations Côtes du Rhone se mérite. On l’appréciera avec une belle côte de boeuf.
Pour atténuer cette puissance, les vignerons s’autorisent de plus en plus un mélange de viognier -dans la limite de 20% comme le prévoit la réglementation. Il apporte de la finesse à ce vin coloré et épicé.
On poursuit le chemin jusqu’à surplomber la vallée du Rhône qui irrigue la région. Un point de vue à 180° qui vaut le détour. La ville à gauche, les vignobles de Saint Joseph tout au loin et le Mont-blanc en face.
P-M.C
Vienne en quelques bonnes adresses
Domaine Clairefontaine, 105 Chemin des Fontanettes, 38121 Chonas-l’Amballan
Restaurants La Pyramide et PH3 14 Boulevard Fernand Point, 38200 Vienne
Visiter le Château de Septème, 351 Route des Remparts, 38780 Septème
Préparer sa visite de Condrieu : sur le site vienne-condrieu
Préparer sa visite du Domaine de Corps de Loup : sur le site Corps de Loup
Réserver un gyropode sur le site gyropodescondrieu
Visiter le Musée archéologique de Vienne, Place de Miremont, 38200 Vienne
Et le Temple d’Auguste et Livie, Place du Palais Charles de Gaulle, 38200 Vienne
Les vignerons de la région fêtent les 80 ans des appellations Condrieu et Côte Rotie le week-end du 13 octobre. 14 domaines ouvriront leurs portes à cette occasion.