Gastronomie
Onii-San, l’izakaya joyeux qui bouscule le Marais
19 OCTOBRE . 2020
Quand on est passionné du Japon et de sa gastronomie, qu’on y va tous les ans et qu’on regrette de ne pas trouver à Paris un izakaya un peu borderline dans l’esprit tokyoïte, que fait-on ? On fait comme Arthur Cohen et ses associés, on ouvre le sien ! Cela s’appelle Onii-San et on est tombés sous le charme exotique de ce micro-resto très mode-mode-mode.
Il faut remonter toute la rue des Archives jusqu’à tutoyer les abords de la rue de Bretagne pour trouver, derrière une façade aux accents arrondis façon seventies, cet izakaya qui commence à faire les beaux jours (à défaut des nuits) du Marais. Izakaya kezako ? Pour qui n’a jamais mis les pieds dans une ville japonaise, il s’agit de l’équivalent, en quelque sorte, de notre bistrot du coin de la rue. Une adresse populaire et vivante où l’on déguste dans une ambiance chaleureuse des petits plats accompagnés de Saké.
A peine la porte poussée d’Onii-San, on change de fuseau horaire. Dans un décor hétéroclite mêlant tradition et modernité, aux murs de pierres grattées ornés de potiches et colifichets aux pieds desquels sont disposées quelques tables cernées de fauteuils design de cuir fauve, on ressent immédiatement cette vibrante atmosphère que l’on imagine à Shibuya. Un long bar de bout de salle prolonge le regard, zigzagant entre les piles de bols et assiettes en céramique rose.
C’est là que, dans une cuisine aussi petite et encombrée qu’un appartement de Tokyo, se concoctent les assiettes débridées que se partagent les habitués et curieux de passage, dans une ambiance joviale au service enlevé.
Tartare de thon gras, crème de wasabi, ponzu-yuzu-jalapeno, oeufs de truite, Hokkaido milk bread.
Côté assiettes, on mixe les ambiances, les saveurs et les influences. Toujours en petites portions que l’on se régale à partager, on trouve aussi bien un “Avocat Dengaku, egg yolk, miso caramélisé, noix de pécan et nori” dressé en bataille, aux saveurs délicatement sucrées, qu’un “Tartare de thon gras, crème de wasabi, ponzu-yuzu-jalapeno, oeufs de truite, Hokkaido milk bread” gourmand, généreux et bienheureusement déroutant (j’ai adoré).
Avocat Dengaku, egg yolk, miso caramélisé, noix de pécan et nori.
Incontournable pour tous les amateurs de nourritures japonaises le “Wagyu sando, crazy” est un sandwich de boeuf d’une tendreté diabolique où le pain de mie grillé joue les gros dur mais plie du genou devant la sauce épicée qui vous emporte le palais de ses pointes aiguisées. Un must !
Wagyu sando, crazy, un sandwich de boeuf d’une tendreté diabolique.
Petit pêché mignon, on a aussi goûté un “Tamaki au thon gras” d’une simplicité irréprochable. Roulé à la main, il combine avec bonheur le poisson cru, l’algue nori croquante et la douceur d’un riz tiède.
Les desserts existent ici mais ce n’est clairement pas l’essentiel. Si une envie de sucré vous saisit en fin de repas, vous pourrez toujours déguster un “Fondant au chocolat et matcha” ou, comme moi, une “Glace au sésame noir” dont on ne se lasse pas.
Et avec tout cela qu’est-ce qu’on boit ? Du Saké, bien sûr. Mais là s’arrêtent mes compétences. Alors, faites comme moi et laissez vous conseiller…
Voilà une adresse qui non seulement vous dépayse les papilles mais qui, par son ambiance légère et joyeuse (on en a bien besoin par les temps qui courent), vous fera oublier un temps le gris de Paris et son couvre-feu assassin.
T.R
