HP-01, la montre électronique de Donald Trump

Nous sommes en 1977. Malgré la crise pétrolière, les Cadillac, Chevrolet et autres puissantes berlines Buick sillonnent l’asphalte. L’Amérique qui n’a pas encore élu Ronald Reagan est au sommet de sa puissance et aux ordres de Wall Street.

Un affairiste nouveau riche du nom de Donald Trump épouse une mannequin tchèque, Ivana qui, quelques mois plus tard, donne naissance à leur fils aîné. Le magnat de l’immobilier porte des costumes trois pièces rayés et des cravates flashy. Il aime les bimbos, les voitures de sport et tout ce qui brille.

Comme la HP-01, notamment sa version en or. HP ? Pour Hewlett Packard. Une marque bien entendu largement inconnue des amateurs et des collectionneurs de montres. Rien d’étonnant à cela car c’est une multinationale spécialisée dans l’informatique.

HP, l’informatique à l’attaque de l’horlogerie

A l’époque, les grandes firmes dominent le monde et distillent le modèle américain. Parmi les futurs géants informatiques, apôtres du Personal Computer (PC), IBM, Dell ou encore Hewlett Packard, justement. Issue de l’univers de l’électronique et de l’instrumentation, la marque, née en 1939 (et disparue le 31 octobre 2015), est l’une des plus puissantes sociétés américaines.

Elle développe alors différentes gammes d’outils de travail pour les particuliers, les fameuses stations de travail HP, mais aussi des calculettes scientifiques… et une montre, la HP-01.

Mieux qu’une Rolex, c’est la montre du parvenu, celui qui a réussi dans les affaires.

 

Précurseur des montres calculette, smart watch avant l’heure, c’est un objet de luxe dont la version de base en acier inoxydable, avec bracelet chromé intégré, au design subtil, vaut environ 650 dollars de l’époque (soit 2000 dollars d’aujourd’hui). La montre, véritable vitrine du savoir-faire de HP contient quatre circuit intégrés. Une véritable révolution.

La HP-01, une montre électronique incarnation de l’American Dream

L’idée ? Mieux qu’une Rolex, c’est la montre du parvenu, celui qui a réussi dans les affaires. La HP-01 c’est l’incarnation de l’American Dream, la puissance de l’oncle Sam à l’état brut, ne serait-ce que par son poids qui n’a rien à voir avec la future montre-bracelet calculette en plastique du Japonais Casio. Hewlett Packard rêve alors d’accrocher ses toquantes aux bras de tous les Trump du pays.

Les couleurs de la 01, loin des fadasses instruments techniques, s’accordent au blond platine des mannequins et aux coloris des Porsche 911 qui pullulent dans les rues de Manhattan.

 

Le cadran aux lignes rectangulaires ressemble à une machine à calculer d’épicerie, le rouleau de papier en moins. Il comprend un écran digital à affichage numérique rouge et 28 boutons permettant de réaliser des opérations bien plus complexes que nombre de montres connectées de notre temps : affichage date (calendrier de deux cents années), calculatrice, réveil, chronomètre, minuteur… Les fonctions de calcul et de temps sont cumulées. Le stylet, permettant d’actionner les minuscules boutons, est dissimulé dans le fermoir.

La montre électronique préhistorique devenue objet de collection

Du grand art, à la croisée du savoir-faire industriel de HP, de l’horlogerie et du design, dont les rares modèles encore en état de fonctionnement parvenus jusqu’à nous, atteignent 10 à 15 000 euros pour les versions chrome, bien plus pour les versions or.

Produite jusqu’en 1981, et promue à grand renfort de publicités, la HP-01 ne survivra pas à l’arrivée des écrans à cristaux liquides, bien moins énergivores.

Mais l’évolution de l’horlogerie contemporaine et l’apparition des smart watch a renforcé l’intérêt des collectionneurs pour les pièces pionnières, précurseures ou vintage.

Ce modèle parfaitement trumpiste par sa conception comme par son fonctionnement, est une parfaite combinaison des trois. Apple et ses suiveurs peuvent remballer leurs bracelets en plastique à l’obsolescence programmée. Circulez, il n’y a plus rien à voir.

A.M | Nos remerciements à Stéphane de Montres Mania (Paris 6) pour avoir partagé ses connaissances et sa montre, ainsi qu’à Alexander Keyes Rash du Serpent à Plume (Paris 3) de nous avoir prêté son poignet…