Auto
Toyota Yaris GR vs Alpine A110
La fine fleur des petites sportives contemporaines
23 AVRIL . 2021
Vous pensez que les autos sportives, modernes et - relativement- abordables étaient mortes ? Alors, suivez-nous à bord de la Toyota Yaris GR et de l’Alpine A110, soit les deux meilleures représentantes d'une espèce qu'on croyait éteinte : les petites sportives.
La Toyota Yaris GR, c’est la voiture de sport de l’année. Quoi de plus naturel que de l’affronter à une référence des sportives contemporaines, l’A110 qui a relancé la célèbre marque Alpine en 2017 ? Pour mieux les appréhender, nous sommes partis en direction d’une boucle entre Auvergne et Ardèche, haut lieu de départementales désertes et tournitocantes.
La hype Yaris GR
Depuis longtemps, le lancement d’une petite auto sportive neuve n’avait suscité autant d’enthousiasme. La Toyota Yaris GR – pour Gazoo Racing, le département compétition de Toyota – fut une exception. La voiture neuve qui réconcilie les amateurs de youngtimers et les petites sportives d’antan avec la production actuelle.
Quatre roues motrices, un moteur turbocompressé brutal et une boîte manuelle, à l’ancienne. La recette directement dérivée du rallye semble simple. Mais dans un segment déserté par la concurrence et condamné par les normes anti-pollutions, Toyota est l’un des derniers à encore oser.
Tous ceux qui ont conduit cette Yaris GR l’ont encensée. Plusieurs personnalités se sont empressées de signer le bon commande : Harry Metcalfe, à l’origine du magazine anglais Evo en 1998 et désormais connu sur Youtube avec sa chaîne Harry’s Garage, le gentleman-driver italien Eugenio Amos ou encore l’héritier amateur de glisse sur neige à ses heures perdues Powerslidelover, du compte Instagram éponyme.
Dans l’Hexagone, en février dernier le magazine Échappement l’a sacrée sportive de l’année. Une élection qui comptait beaucoup dans les années 1980-1990 et a couronné la Lancia Delta HF Integrale (1987), la Peugeot 205 Rallye (1988), la Ford Sierra Cosworth (1990) ou la Subaru Impreza GT Turbo (1995).
Homologation special
La Yaris GR fut conçue à la fois pour célébrer les récents succès de la marque en WRC, mais surtout pour fournir une base technique optimale pour cette catégorie dans les années à venir. Gazoo Racing s’était trop éloigné de la citadine Yaris pour le règlement du WRC, sa déclinaison routière produite à au moins 25 000 exemplaires a dû être mise en chantier. On les appelle homologation special, ces voitures homologuées pour la route, produites en série limitée par un constructeur, dans le but de répondre à une exigence d’un organisme régissant la compétition automobile: la FIA.
Cette terminologie nous ramène aux heures de gloires du sport auto : on pense aux autos mythique du Groupe B (1982 – 1986), dites Série 200 ou Stradale en italien et produites à au moins 200 exemplaires en versions de route : Audi Quattro Sport, Lancia Delta S 4 ou Peugeot 205 Turbo 16.
La fin des années 1980 et le début des années 1990 verront la naissance des autos d’homologation (2500 exemplaires) pour le Groupe A : Ford Sierra et Escort Cosworth, Nissan Sunny GTI-R ou Lancia Delta HF Integrale et Subaru Impreza suscitées.
La Yaris GR, un crapaud énervé ?
« Mais elle est moche » s’écrieront certains à la vue de la Yaris GR. C’est vrai qu’elle a une dégaine étrange de crapaud, surtout de trois-quart arrière avec ses hanches larges. De la Yaris d’origine, la GR ne conserve que le nom, les optiques, les rétroviseurs et l’antenne. C’est dire les coûts de développement… D’ailleurs même l’usine de production change, puisque contrairement aux autres Yaris assemblées en France à Valenciennes, la GR sort des usines… japonaises.
Malgré une caisse renforcée, allégée et des trains élargis (train arrière de la grosse Corolla), il est facile de la confondre avec la Yaris Hybride de votre voisine. Dès que vous passez derrière le volant, vous comprenez pourtant que son moteur, si il n’est qu’un 3-cylindres, est en fait l’un des plus puissants du moment : 261 ch pour 1.6 de cylindrée !
1000 km d’arsouille
L’arsouille, c’est ce pour quoi sont fabriquées et vendues ces deux autos ! Si vous l’ignorez, l’arsouille est une démonstration de conduite rapide, que l’on soit motard ou automobiliste. L’arsouille ne se présente pas comme une course en quête de première place ou de records de piste mais plutôt tel un moment dans lequel la concentration du conducteur et le potentiel de sa monture sont sollicités avec cohérence et plaisir.
Concernant la Yaris GR, la vivacité de sa mécanique, le petit gabarit et la motricité sans faille mettent immédiatement en confiance. Aussi, la boîte manuelle fait plaisir. Son maniement court et précis régale. Les plus acrobates relèveront le vrai levier de frein à main, ce qui sur une auto neuve relève de l’exceptionnel.
La sportive bonne à tout faire
Comme une GTI originale, la Yaris GR peut s’envisager comme l’unique voiture d’une petite famille, avec le confort moderne (sièges et volant chauffants, régulateur de vitesse adaptatif, caméra de recul…) et se dédoubler en arme de choix au premier enchaînement de virages venu. L’arsouille donc.
Sa transmission permet de choisir via un bouton au tableau de bord la répartition du couple entre le train avant et le train arrière. Concrètement, elle varie selon les modes : 60/40 en Normal, 30/70 en Sport et 50/50 en Track, notre favori.
L’assise surélevée du baquet surprend mais offre une visibilité parfaite. On retrouve du confort avec des sièges ou un volant chauffant et… trop de sécurité avec des bips en tout genre pour tenter de vous faire respecter le code de la route. Cocasse !
Et l’Alpine A110, alors ?
En passant de l’une à l’autre, un constat : l’Alpine a ce côté plus GT. Elle est reposante sur longue distance et sa position de conduite semi-allongée et cocoonée la rend finalement plus confortable.
En dehors du mode sport avec bruit d’échappement artificiel, on ne s’attend pas à une ambiance sonore à bord aussi contenue. Basse et aérodynamique, l’A110 peut même s’avérer relativement économique à l’usage (consommation de l’ordre de 7,5 l/100).
Aussi, elle pèse 150 kg de moins que la Yaris (1 123 vs 1 280 kg). Ça se ressent en sortie de courbes, avec des accélérations franches aidées par sa boîte automatique à double embrayage. On le sait, la française offre un bel équilibre avec des réactions saines qui la mettent à la portée du plus grand nombre.
Mais aussi un feeling, une précision de conduite qui ne demande pas forcément de la conduire toujours au taquet pour ressentir du plaisir. Enfin l’objet Alpine, un petit coupé bas et à moteur central, séduira facilement.
S’il fallait acheter deux modernes…
Pour des autos modernes, le duo était cohérent. Mais à choisir, impossible de les départager. Sur quatre conducteurs, nous serions deux à repartir avec la Yaris GR et deux avec l’Alpine !
Si les performances sont assez similaires, le prix l’est moins. La version Track (trois différentiels, suspension dite « circuit », jantes forgées BBS) de notre Yaris GR est facturée 37 600 €, soit 2 000 € de plus que la version de base. N’oubliez pas d’ajouter les 8 000 € de malus pour l’État français. Ce qui en fait malgré tout la plus abordable des sportives modernes. Qui a dit la dernière petite (aussi) sportive neuve de ce format ? Il y a bien Mini, avec son élitiste Mini JCW, et Ford, avec sa Fiesta ST aussi performante qu’abordable mais moins puissante et simple traction avant
L’Alpine confirme sa vocation de GT avec un prix élevé : 62 940 € dans notre définition Légende Gris Tonnerre / cuir brun. 743 exemplaires ont été coulés en 2020. Les versions 2018 s’affichent rarement en occasion sous les 54 000 €.
En France, 350 exemplaires de Yaris GR avaient été vendus entre novembre et le début du mois d’avril. Mais en Angleterre, elles s’affichent d’occasion plus chères que neuves ! Ça veut tout dire….
A.M
La Yaris GR en quelques chiffres
- 4 roues motrices – 1.6, 3 cylindres turbo
261 ch – 360 Nm – 1 280 kg - 0 à 100 km/h en 5,2 s – 230 km/h (bridé)
- Boîte de vitesses manuelle à 6 rapports
- 3,99 x 1,80 x 1,45 m (L x l x h)
- 8,2 l / 100 km
- À partir de 35 600 € (Pack Premium)
L’A110 en quelques chiffres
- Propulsion, moteur central arrière – 1.6, 4 cylindres turbo
- 252 ch – 320 Nm – 1 123 kg
- 0 à 100 km/h en 4,5 s – 250 km/h
- Boîte de vitesses automatique à 7 rapports
- 4,18 x 1,79 x 1,25 (L x l x h)
- 7 l / 100 km
- À partir de 62 100 €