Gastronomie
Environnement : à la conquête du champagne écologique
Ruinart et la start-up EPC ensemble pour un projet durable
27 MAI . 2021
Qu’il s’agisse d’un programme pour promouvoir la biodiversité mis en place par Ruinart, la plus ancienne maison de champagne ou d’une nouvelle vision écoresponsable proposée par EPC, une bande de jeunes épicuriens, aucune initiative ne sera de trop pour tenter d’endiguer la course infernale déclenchée par le réchauffement climatique et ses conséquences dévastatrices. David contre Goliath ? Non ! David et Goliath engagés ensemble dans une même cause.
Du champagne pour l’environnement
Un projet pilote d’envergure menée par la maison Ruinart avec le soutien de Reforest’Action1 dont la mission, implicite, est de préserver, restaurer et créer des forêts en France et dans le monde, en réponse à l’urgence climatique et à l’érosion de la biodiversité versus une volonté de transparence et de mise en valeur des savoir-faire des vignerons prônée par la start-up EPC, voilà deux initiatives qui ne visent qu’à une seule chose : assurer un avenir plein de bulles d’excellence, pour un liquide précieux que Les Hardis ne sauraient renier.
Pour la première, il s’agit d’une expérimentation « visant à régénérer les sols, faire revenir la faune et la flore et rétablir des corridors écologiques », nous explique Frédéric Panaïotis, son chef de cave. Pour cela, la maison Ruinart a choisi le vignoble de Taissy, l’un de ses deux vignobles historiques (avec Sillery), sur la montagne de Reims, pour la bonne et simple raison qu’il regroupe 40 hectares non morcelés et ajoute ainsi de la valeur à l’expérimentation.
Il est bon ici de rappeler que ce vignoble est labellisé HVE2 et Viticulture Durable en Champagne. Deux normes valorisantes en matière de démarche environnementale, l’une nationale en pratique depuis 2014, l’autre régionale développée par le CIVC3 lancée en 2001. La première certifie que ses pratiques agricoles tendent à préserver l’écosystème naturel et réduisent au minimum la pression sur l’environnement (sol, eau, biodiversité…), la seconde plus spécifique à la Champagne englobe, outre d’être certifié HVE, la préservation des terroirs et la mise en valeur des paysages, la gestion responsable des déchets et sous-produits et la réduction de l’empreinte carbone.
Une norme très exigeante, mise à jour en 2020, qui regroupe pas moins de 99 points auxquels se conformer. La maison Ruinart incite d’ailleurs ses vignerons partenaires à se doter de ces deux certifications en les accompagnant dans cette démarche, avec octroi de surprimes s’ils y parviennent.
Replanter en dix ans un milliard d’hectares de forêt supplémentaires
En quoi cela consiste-t-il ? Tout simplement à planter des haies périphériques, selon les principes de vitiforesterie (ou, pour faire simple, l’art d’associer les arbres, les animaux et les cultures sur une même parcelle). Viendront se greffer des haies intraparcellaires et des îlots destinés à morceler la parcelle avec un maillage complet sans pression excessive sur le vignoble et sa conduite. En tout, plus de 14 000 arbres et arbustes, répartis en 4,4 km de haies et 800 m2 d’îlots seront plantés, entre 2021 et 2022.
Mais, peut-on se demander, en quoi est-ce vraiment utile ? Quand on sait que les forêts constituent le premier puits de carbone des terres émergées et que 80% de la biodiversité terrestre est abritée en forêt, on comprend alors mieux la démarche. Dans le monde, seulement 31% des terres sont aujourd’hui recouvertes de forêts contre 68% il y a quatre siècles, de quoi s’alarmer !
Planter des arbres constitue la solution la plus accessible et la plus efficace pour répondre à la crise climatique, tel est le fondement du mouvement Imagine lancé en mars par Laurent Boillot, PDG de la maison Hennessy, dans lequel s’inscrit cette expérimentation.
L’objectif de cette « Do Tank » internationale et citoyenne visant à mobiliser institutions, particuliers et entreprises ? Replanter en dix ans un milliard d’hectares de forêt supplémentaires (l’équivalent de la superficie des Etats-Unis), ce qui aurait pour effet de capturer jusqu’à 30% du CO2 émis par l’homme dans l’atmosphère, soit les deux tiers de ce qu’il a généré depuis la révolution industrielle. Sans parler des autres services rendus par les forêts : émission d’oxygène, approvisionnement d’eau, protection de la biodiversité, création d’emplois… Un retour en arrière qui s’avère donc essentiel.
Quelques exemples concrets à l’échelle de cette expérimentation ? Ces haies vont permettre à recréer un écosystème utile à la culture de la vigne et offrir des habitats aux coccinelles, connues pour être des prédateurs de pucerons -qui mangent les feuilles de vigne- ou encore aux abeilles, favorisant ainsi la pollinisation de la vigne. Elles forment aussi des passerelles de circulation pour les animaux et servent de coupe-vents pour protéger les vignes d’éventuelles baisses de température.
En quoi cela profite-t-il à la vigne et à la qualité du champagne ? Ce n’est pas l’objectif premier de cette expérimentation, explique la maison Ruinart. L’essentiel est ailleurs. Il s’agit ici de recréer une harmonie naturelle telle qu’elle s’organisait avant l’empreinte de l’homme.
Faire un produit d’excellence en ayant conscience qu’il doit se doubler d’un comportement d’excellence, en s’appuyant sur une alliée de choix, la nature !
EPC, repenser la chaîne de valeurs du champagne
Place maintenant à E Pluribus Champanum ! Un dérivé de la célèbre formule latine « e pluribus unum » (l’union fait la force) dont les trois fondateurs, Édouard, Jérôme, Camille – l’un fils et petit-fils de vignerons, l’autre ancien directeur commercial d’une grande maison de Champagne et la dernière, spécialiste en création de marques – n’ont retenu que les initiales.
Tous les trois se sont rencontrés par hasard mais ont en commun l’envie de profiter de la vie tout en lui donnant un sens. Ils sont passionnés de champagne, vous l’aurez compris, mais désireux d’en repenser toute la chaîne de valeurs, après avoir mené, micro au poing, leur petite enquête, qualitative et quantitative.
Le premier constat d’Édouard Roy, dont le grand-père a participé à la création d’une petite coopérative à Bethon, qui compte aujourd’hui plusieurs dizaines de vignerons : « le champagne est enfermé dans des clichés. Il est trop souvent lié à un anniversaire, un mariage, etc. Du champagne ? Mais qu’est-ce qu’on fête ? C’est la sempiternelle question. Et puis, on se la raconte quand on commande du champagne. Nous avons voulu dépoussiérer tout ça ! »
Autre constat, et pas des moindres : « Difficile de s’y retrouver dans la sphère champagne, terroir, cuvée… on s’y perd ! Alors, notre première volonté a été de se “payer une étiquette” ! Toutes nos cuvées sont traçables, valorisant ainsi à la fois le terroir champenois et le savoir-faire du ou des vignerons. Nous l’avons même flanquée d’une petite gravure laser. On peut tout savoir en un seul coup d’œil, et plus encore lorsqu’on active la réalité augmentée. »
Son lieu de naissance, le ou les vignerons à l’origine de la cuvée – EPC revendique cette mise en avant du vigneron, avec des cuvées spéciales comme celle du vigneron David Saivre en préparation – le taux de sucre, des notes sur sa fraîcheur, son fruité, l’excuse pour le boire et à quelle température (une pastille thermosensible est là pour indiquer quand la bouteille est assez fraiche pour être dégustée)… Une formidable antisèche placardée sur le ton désacralisé ardemment défendu par l’équipe.
Oubliez la flûte, passez au blida
La jeune start-up – née en juin 2019 – a sollicité Richard Dailly, un œnologue émérite et l’un des spécialistes français reconnu du chardonnay, comme chef de cave. « C’est lui qui sélectionne les vignerons appelés à devenir partenaires, lui qui élabore avec eux les cuvées. Aucun mélange, ni dans les cépages (100% chardonnay), ni dans les années, ni même dans les terroirs. Lui encore qui supervise le dosage puisque nous avons délibérément choisi d’en réduire le taux de sucre. » Toutes les cuvées de la maison revendiquent moins de sulfites et des taux de sucre de moins de 6g.
Leur cuvée Extra Brut est à 3g et, dernière nouvelle, ils viennent juste de lancer un Brut Nature 0g, « d’une belle stabilité », souligne encore Édouard. Toutes les cuvées de la maison se dégustent dans des blida, ce petit verre traditionnel champenois, oubliez la flûte ! Nos trois lurons ont même dessiné porte-blidas, planchette et seau à champagne, des petits plus dont on raffole ! Transparence, bienveillance et passion sont les mots d’ordre de cette équipe de choc qui cumule en deux ans 19 personnes, 130 000 bouteilles et une présence dans 11 pays.
L’union fait la force ? Ruinart et EPC, deux cas d’école qui illustrent avec brio la devise reprise par Édouard Roy. On applaudit des deux mains. Cela vous a donné soif ?
C.K
1 rendue possible grâce aux financements participatifs de citoyens et d’entreprises. Depuis sa création en 2010, Reforest’Action a planté et protégé plus de 10 millions d’arbres dans 25 pays et sensibilisé 20 millions de personnes à l’importance des forêts.
2 Haute Valeur Environnementale
3 Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne
Du 7 juin au 7 juillet, Ruinart présente en exclusivité à La Grande Epicerie de Paris Rive Gauche une édition limitée de ses cuvées emblématiques : R de Ruinart, R de Ruinart Millésime 2011, Ruinart Blanc de Blancs et Ruinart Rosé.
Pour l’occasion, l’artiste Alexandre Benjamin Navet traduit en couleur l’univers aromatique de chacune des cuvées de la Maison, en apposant ses traits de crayons sur la surface vierge de l’étui seconde peau qui enveloppe le flacon. Rendez-vous le 7 juin !
Profitez-en pour goûter l’une des cuvées de la maison EPC : nous, on recommande le Brut Nature 0g.