Rencontre : Alice Moireau,

La cuisine simple du Pays d’Alice

Cuisine

21JUIN. 2021

newsletter

Cuisine

Rencontre : Alice Moireau

La cuisine simple du Pays d’Alice

21 JUIN . 2021

Écrit par Mathilde Lasserre

Photographies par Jade Deshayes, Remy Taveira

Depuis qu’elle a quatre ans, Alice Moireau est une dingue de cuisine et rien ne peut l’en détourner (sa carrière de mannequin comprise). Pendant le premier confinement, elle s’est fixé le défi de cuisiner et de publier une recette par jour, rencontrant ainsi un vif succès sur Instagram. Depuis, elle a choisi d’en compiler 60 dans un livre intitulé Au pays d’Alice. On y découvre des recettes jolies, simples, qui donnent envie d’être cuisinées et surtout dégustées. On a rencontré l’intéressée.

Alice-moireau-livre-recettes-les-hardis-6

Alice Moireau aime raconter des histoires

Alice parle vite, très vite. C’est une enthousiaste à tendance frénétique ; une sorte de train lancé à toute allure qui ferait frémir la LGV Paris-Bordeaux. Déjà, trouver un créneau d’interview n’a pas été chose aisée (pour sa défense, il faut dire qu’on chôme pas non plus de notre côté) et même une fois calé, il a failli sauter deux-trois fois. Peu importe, on a fini par y arriver, un mercredi à 18h30 alors qu’Alice sortait d’une réunion avec l’équipe du Fooding, intégrée juste avant le premier confinement.

Alice-moireau-livre-recettes-les-hardis-1

Une bonne nouvelle puisqu’Alice est passionnée de bouffe depuis sa plus tendre enfance : un stage au sein du fameux guide constitue donc le Graal de toute foodista. La mauvaise, c’est qu’elle y intègre l’équipe événementielle… un mois avant que la France soit à l’arrêt. Mais à l’époque, c’est presque le cadet de ses soucis. L’aîné ? Le pays est au point mort, et donc la vie d’Alice aussi. Sauf que la contemplation passive en se tournant les pouces, elle ne sait pas trop faire.

Alice-moireau-livre-recettes-les-hardis-13

Voilà bientôt dix ans (elle a 25 ans aujourd’hui) qu’elle mène ”plusieurs vies de front” : des vies qui rythment ses semaines et font qu’aucune ne ressemble à la précédente. D’abord, il y a sa carrière de mannequin, entamée à 14 ans après qu’elle ait été repérée dans la rue. Pourtant, pas question de lâcher l’école : pour elle, le mannequinat a une fin… mais il n’est pas une fin en soi. Et puis, Alice a toujours adoré son parcours scolaire ; elle aime apprendre et n’est pas du genre à placer ses œufs dans le même panier (sauf si c’est pour un clafoutis).

Alice-moireau-livre-recettes-les-hardis-UNE

Après le bac, elle intègre un IUT Tech de Co à Paris dans l’espoir d’apprendre tout ce qu’il faut savoir pour ouvrir un commerce, ou plutôt un restaurant. Gestion, compta, tout y passe. Même la motivation d’Alice qui lâche sans filtre : “c’était horrible, j’ai détesté”. Pas question de se laisser abattre : elle continue avec l’école Estienne en design et stratégie de communication. Cette fois-ci c’est un coup de foudre pour cette « trop bonne école » où Alice passe certaines des “plus belles années de sa vie”. Dans sa classe, ils sont seulement vingt et toutes les compétences et personnalités se complètent. Certains sont branchés reliure, d’autres dorure, d’autres graphisme…

Alice-moireau-livre-recettes-les-hardis-3

Et elle alors ? “J’ai un profil plutôt hybride car je ne viens pas d’un milieu artistique.” Pourtant les parents d’Alice sont tous les deux peintres – mais pas vraiment du genre ”artistes maudits” comme elle le dit en riant. “C’était un travail comme un autre avec des commandes, un timing et un rendu. Du coup, ça m’a donné une vision très concrète de l’art : je l’envisage comme de l’artisanat avec une pointe de créativité. Surtout pour moi, l’artiste c’est quelqu’un qui sait faire quelque chose de ses mains. Mon truc à moi, c’est de raconter des histoires, surtout.”

Parce qu’elle est bonne communicante (on confirme), elle a une facilité pour lier les gens entre eux, les fédérer. Elle n’est experte en rien, mais elle s’intéresse à tous ceux qui le sont et elle sait créer des miracles entre eux. D’ailleurs, quand elle organise des dîners ou des vacances dans la maison où elle a grandi -une ancienne guinguette à Olivet- elle aime mélanger les genres et les classes sociales ; bref, faire sauter les a priori.

Alice-moireau-livre-recettes-les-hardis-9

 

Alice Moireau aime recevoir en grandes tablées

Puisque quand elle invite, pas question de se mettre les pieds sous la table : tout le monde prend un économe, une patate, et en avant Guingamp. C’est ça qui la fait vibrer depuis son plus jeune âge, Alice. Les grandes tablées, le partage, la fête, le plaisir. Sûrement un rapport avec ses premiers souvenirs, construits en présence de sa marraine Nello Renault, “une incroyable styliste culinaire avant l’heure, du moins avant l’ère Instagram, voire Internet.” Hyper charismatique, elle organisait chaque année une fête de printemps sur un thème donné (“mais toujours drôle, jamais chiant”). Cette ambiance de fête, de créativité, bref de kiff, c’est ça qu’Alice a toujours associé à la cuisine… et c’est pour ça qu’elle l’a associée à sa vie, ses stages, ses jobs et même récemment, son sujet de mémoire pour Sciences Po.

Alice-moireau-livre-recettes-les-hardis-8

Du coup, quand le monde extérieur a cessé de tourner, Alice a d’abord paniqué. Et puis elle s’est recentrée sur la cuisine avec un défi : poster une recette par jour sur son compte Instagram. La mayonnaise prend : en quelques semaines, elle gagne des milliers d’abonnés. D’habitude, avec son planning tourbillonnant, Alice est plutôt fourrée au restau ; la cuisine, c’est un dîner hebdomadaire maximum avec une liste de courses bien précises. Là, elle découvre avec joie la vie de foyer (elle s’est confinée avec son copain de l’époque), la gestion du frigo, des restes, etc…

Alice-moireau-livre-recettes-les-hardis-2

Ses fans réclament un livre et l’idée commence à germer : Alice adore lire et se passionne depuis longtemps pour la reliure, la gravure, etc… Mais le déclic vient d’une conversation avec son pote écrivain Paul-Henry Bizon (“il écrit tellement bien que même ses SMS me font rêver”). Un jour, justement, il lui écrit : “comment vais-je faire pour cuisiner maintenant que tu ne postes plus quotidiennement ?” Ni une, ni deux, elle balance : “on n’a qu’à faire un livre”. Silence radio pendant trois semaines au bout desquelles Alice reçoit : “j’en ai parlé aux éditions de la Martinière, ça va se faire !

La collaboration est géniale : elle fait toutes les photos, ils lui accordent une entière confiance. Du coup, Au Pays d’Alice lui ressemble vraiment. Et d’ailleurs, si elle devait le décrire à quelqu’un ? “Je dirais que c’est un livre de cuisine modeste, ménagère, avec un petit twist en plus qui ne le rend pas chiant mais pédagogique. Je l’ai écrit pour donner envie aux gens de désacraliser la cuisine”. Une opération réussie.

Alice-moireau-livre-recettes-les-hardis-11.

 

“Je dirais que c’est un livre de cuisine modeste, ménagère, avec un petit twist en plus qui ne le rend pas chiant mais pédagogique. Je l’ai écrit pour donner envie aux gens de désacraliser la cuisine” – Alice Moireau

 

Alice-moireau-livre-recettes-les-hardis-10

 

 

Alice Moireau promeut des recettes simples, efficaces et savoureuses 

Et comment se fait-il que tout ait l’air aussi simple ? A priori, pas de secrets, ça a l’air simple parce que ça l’est ! Et puis, ce sont des recettes qu’Alice fait tout le temps (comme les frites de carottes par exemple), qu’elle aime manger et qui n’ont donc rien d’irréalisable. Si elle pouvait faire passer un message à des millions de gens avec ce livre ? “Le secret du kiff, c’est de manger !” rigole-t-elle spontanément avant d’ajouter : “non, attends, je réfléchis à un truc et je te l’envoie par sms” (Le sms n’est jamais arrivé donc on a gardé le premier, qui nous va bien).

Alice-moireau-livre-recettes-les-hardis-4

Nous, on a trouvé ce livre réjouissant : d’ailleurs, on a dit texto à Alice qu’il nous aurait bien servi pendant le confinement. Divisé en sept parties, il met à l’honneur 60 recettes tantôt tradis, tantôt internationales, italiennes, sucrées, pique-nique. La mise en page est simple, le papier est beau et les intitulés donnent immédiatement envie de se mettre aux fourneaux. Désormais, la vie a repris mais les recettes restent. En attendant la deuxième édition, Alice rêve de voyages et surtout d’apprendre à cuisiner des spécialités dans des ménages étrangers. Le pays d’Alice ne fait donc qu’agrandir ses frontières.

M.L


Portrait chinois

Un autre livre de cuisine ? Ceux de ma marraine.

Le poivre avant ou après la cuisson ? Avant ! 

Si je te dis poireau ? Mon surnom quand j’étais petite !

Ton plus gros ratage ? Un riz gluant… qui n’a jamais « gluanté » !

Ton dernier coup de cœur culinaire ? Un dîner « aux deux amis » où l’un de mes amis est en résidence

A la cuillère ou au shaker ? Au shaker

Tu penses quoi des cafés gourmands ? C’est simple : je déteste. Je n’aime pas du tout le concept des verrines, tellement 1994. Et puis, j’aime quand il y a de la mâche, de la texture : sur de si petites portions, il n’y a pas de zone, il n’y a pas d’espace.

Aïoli ou sauce gribiche ? Oh, c’est impossible ! Bon, d’accord : l’aïoli parce que tu peux le manger avec plus de choses.

Tu te vois où dans dix ans ? Dans une guinguette au Costa Rica !


Le livre

Alice-moireau-livre-recettes-les-hardis-12

 

Alice Moireau et Paul-Henry Bizon, Au Pays d’Alice, éditions La Martinière, 2021, 13,99 € dans toutes les bonnes librairies

Ajouter à mes favoris Supprimer de mes favoris
Un week-end aux Sources de Cheverny

Un week-end aux Sources de Cheverny

Ajouter à mes favoris Supprimer de mes favoris
Billy Besson vole au vent

Billy Besson vole au vent