Assemblages

Assemblages, un bar dans une ébénisterie du Marais

Vendredi soir, 19h00, l’endroit est presque vide. Il est encore tôt et ça nous donne l’avantage de choisir l’ambiance qu’on espère pour ce soir. Plutôt énergique côté rue dans l’espace bar à vin, en face d’un super comptoir en bois habillé de plaques de cuivre et sous une pluie de luminaires imitant le ciel (on souhaiterait presque faire un vœu). Ou plutôt calme et feutrée, dans la salle du fond ressemblant à un auguste salon. On se la joue tranquille en se dirigeant vers le cocon feutré. Pour s’y rendre, on passe devant ce qui fait la particularité du lieu : un atelier d’ébéniste.

C’est ce qui a piqué notre curiosité avant de pousser la porte de ce bar à vin. Comment le propriétaire, Eric Wilmot, a-t-il eu l’idée d’installer un atelier face à quelques tables ? Ebéniste depuis une dizaine d’années, il a dû réfléchir au moyen de revenir à Paris sans abandonner son métier d’artisan. Impossible pour lui d’avoir un espace dans Paris intramuros. A moins que…

Pourquoi ne pas assembler le bois la journée et parler de l’assemblage des cépages des bouteilles servies le soir ? C’est ainsi qu’il a imaginé un établissement tout de bleu vêtu pour mettre en valeur son travail manuel. Un endroit où la matière est reine (poutres apparentes au plafond, parquet grinçant au sol), le beau est roi et les détails donnent au mot « luxe » tout son sens : celui du raffinement et de l’authenticité.

Un bar dans le Marais… Mais pas que !

Un coup d’œil derrière les baies vitrées pour voir le plan de travail massif et ses outils, puis on s’installe près de la très belle bibliothèque fabriquée, bien sûr, par Eric Wilmot (inspirez-vous de certains livres qui y sont rangés) et on ouvre la carte. Celle-ci démarre par ce qui se boit. En bouteille ou au verre, les références pointent partout en France. Parfois bio, quelquefois nature, mais tout le temps pensées pour faire découvrir aux touristes (non loin de la place des Vosges, vous vous souvenez) les paysages viticoles français.

Pendant que le rock alternatif du groupe Alt-J nous susurrait ses mélodies aux oreilles, on a trempé nos lèvres dans un Graves Château Sirio 2016. Un assemblage de sauvignon et sémillon qui pointe à 12,5°. Vêtu d’une robe claire aux légers reflets verts, le bonhomme dévoile un caractère frais, minéral, légèrement boisé et doucement floral.

On a tellement apprécié (c’est aussi l’un des coups de coeur d’Eric Wilmot), qu’on a voulu faire plus ample connaissance et on est restés ensemble toute la soirée. Mon voisin de table à quant à lui descendu un verre de Chinon d’Olga Raffault cuvées Les Barnabées 2018 et un de Pic Saint Loup Chant des Roches 2016 de De Villeneuve.

Pour accompagner le liquide, l’artisan a construit une carte de solides réjouissants à picorer : du tarama puissant à la texture agréablement granuleuse, des planches de charcuterie ibérique (jambon ibérique, saucisson…) ou de fromages français. Ceux-là changent chaque semaine pour ne pas rendre le spectacle ennuyeux (ce soir-là, comté affiné 20 mois, ossau-iraty, fromage de chèvre, saint-nectaire…), de la rillette de canard qui s’étale avec grande joie sur du pain de campagne toasté…

C’est généreusement servi avec du mesclun, justement assaisonné, ce qui est rarement le cas, alors disons-le ! Les tarifs sont très doux, surtout pour le quartier, et encore plus au vu du standing de l’endroit. Le propriétaire nous a même glissé à l’oreille qu’il était possible de privatiser les deux caves voutées en pierre. A vous de jouer. 

A.L-J

Résumons

Atmosphère : calme et envoûtante

Le plat à ne pas louper : la planche de fromages et le tarama à tartiner généreusement sur le pain de campagne

Liquides : Au verre à partir de 6€, bouteille à partir de 25€ pour découvrir la France

Prix : Plutôt très correct vu le quartier et surtout le lieu