Galeries parisiennes : 5 expositions à voir cet hiver

Vue de l’exposition à la galerie Laure Roynette, à Paris. © Laure Martin pour Les Hardis.

1. L’art textile de Brent Wadden à la galerie Almine Rech

Formé à la pratique du dessin et de la peinture, Brent Wadden se dirige peu à peu vers la création d’oeuvres tissées. Des productions de peuples autochtones du Canada aux patchworks des Gee’s Bend en Alabama en passant par les boros japonais ou les tapis Boucherouites marocains, Brent Wadden conjugue toutes ces inspirations au sein d’œuvres tissés réalisées minutieusement à la main.

Brent Wadden, courtoisie galerie Almine Rech, Paris

Animé par une approche éco-responsable, Brent Wadden s’oppose à la fabrication des textiles produits en masse et intègre une composante de taille dans sa collecte de matériaux : l’approvisionnement en boutique de seconde main uniquement. Cette particularité, loin de s’imposer comme une simple contrainte dans le processus créatif de l’artiste, semble même devenir une force principale de son œuvre. Grâce à l’acceptation du fini, de l’aléatoire et du hasard dans la réalisation de sa composition, il livre des tissages géométriques aux textures changeantes, aux formes imparfaites et aux couleurs variées… dont ressort une immense poésie.

René, Brent Wadden
Du 8 janvier au 5 mars
Galerie Almine Rech,
64 rue de Turenne
Paris IIIe

2. Les moments suspendus de Barbara Penhouët à la galerie Laure Roynette

Pour sa première exposition personnelle à la galerie Laure Roynette, Barbara Penhouët voit les choses en grand. Pour l’occasion, cette jeune artiste envahit littéralement les murs de la galerie en renonçant à l’accrochage classique du traditionnel white cube… pour privilégier une accumulation de tableaux digne des plus fastueux salons du XIXe ! Ces peintures de toutes tailles, plus colorées, lumineuses et contrastées les unes des autres immortalisent le corps humain dans des moments furtifs — voir imperceptibles — de notre quotidien. Véritable artiste de l’instantané, elle déjoue les représentations classiques à travers des cadrages osés, tout en contre-plongées et décalages parfaitement choisis.

Également fascinée par l’omniprésence de la technologie dans notre vie, Barbara Penhouët met en scène des personnages en pleine contemplation d’un écran… qui n’est finalement pas représenté. De quoi vous faire réfléchir la prochaine fois que vous trainerez (un peu trop longtemps) sur Instagram.

Rayon vert, Barbara Penhouët,
Du 6 janvier au 6 mars
Galerie Laure Roynette
20 rue de Thorigny
Paris IIIe

3. L’incroyable Chantal Akerman à la galerie Marian Goodman

Pour cinéphiles, on ne la présente plus ! Chantal Akerman, cinéaste, artiste et écrivain belge, n’est rien d’autre qu’une des figures de proue du cinéma moderne. Véritable passionnée, elle réalise son premier court-métrage Saute ma ville à l’âge de 18 ans et dirige son premier long-métrage Je tu il elle à tout juste 24 ans. Sa filmographie riche et multiforme compte près de cinquante films dans lesquels elle interroge les thématiques de la frontière, l’enfermement ou encore l’altérité.

Courtoisie galerie Marian Goodman, Paris.

Pour cette exposition, la galerie a souhaité réunir deux installations vidéos de l’artiste From the Other Side (2002) et Je tu il elle, l’installation (2007). La première, spécialement conçue pour la Documenta XI en 2002, n’a pas été montrée depuis plus de 10 ans, et s’intéresse au sort des migrants mexicains qui cherchent à passer la frontière désertique de l’Arizona. La seconde, adaptée de son premier long métrage, juxtapose simultanément trois partie de film en créant de nouvelles narrations et résonances dans l’espace… Diamétralement différentes et complémentaires, ces deux installations permettent de (re)plonger pleinement dans l’univers de Chantal Akerman.

From the Other Side, Chantal Akermann,
9 décembre 2021 – 5 février 2022
Galerie Marian Goodman,
79 rue du Temple
Paris IIIe

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4. Drôle de dialogue à la galerie ETC

À l’occasion de sa nouvelle exposition au sein de la galerie, Claire Chesnier a souhaité inviter le peintre Denis Laget pour une exposition conçue sous la forme d’un dialogue. À première vue, peu de points communs entre les œuvres d’encres grands formats minimalistes abstraites de Claire Chesnier et les petites peintures organiques aux motifs floraux de Denis Laget…

Claire Chesnier, encre sur papier, 2021, courtoisie galerie ETC, Paris

Mais le dialogue n’est pas formel, ni même stylistique. Et quand on s’y penche d’un peu plus près et qu’on fait abstraction de la taille, du matériau et du sujet… Que nous reste-t-il ? L’essence même de la création : la couleur. Pour ces deux artistes aux univers diamétralement opposés le risque est le même : le trop-plein de couleurs superposées, faisant de la toile une sorte de monochrome mal contrôlé… Ici,  plus qu’un simple dialogue visuel, cette exposition propose une invitation à la réflexion sur le processus créatif.

Mudhoney, Denis Laget, Claire Chesnier,
Du 6 janvier jusqu’au 13 mars 2022
Galerie ETC
28 Rue Saint-Claude
Paris IIIe

5. La poésie d’Anselm Kiefer à la galerie Thaddaeus Ropac de Pantin

Certes, il faut passer le périphérique et se rendre à Pantin pour découvrir cette exposition… Mais, croyez-nous, cela vaut vraiment le détour ! La galerie Thaddaeus Ropac expose l’inimitable Anselm Kiefer et donne suite à l’exposition du Grand Palais éphémère qui vient tout juste de toucher à sa fin.

Charles Duprat © Anselm Kiefer, courtesy Thaddeus Ropac Paris

Si vous n’aviez pas eu l’occasion d’y découvrir le travail de l’artiste plasticien allemand en hommage au poète Paul Celan, pas de panique, l’exposition de la galerie présente 18 grandes toiles hommages à Ingeborg Bachmann, Ossip Mandelstam, August Graf von Platen et Paul Celan. À travers un dialogue unique entre le texte et l’image, Anselm Kiefer interroge avec brio les notions de mémoire, d’oubli et d’histoire nationale.

L.M

Hommage à un poète, Anselm Kiefer,
Du 9 janvier au 11 mai
69 avenue du Général Leclerc
93500 Pantin