Le régime Banting

En 1869 dans sa Lettre sur la corpulence, le croque-mort devenu célèbre pour ses conseils de santé, William Banting écrit : « De tous les fléaux qui accablent l’humanité, je n’en connais ni n’en imagine aucun qui soit plus pénible que l’obésité ». Il faut dire que ce cher monsieur était bien placé pour le savoir étant lui-même un ex obèse. Il ajoute « être prêt à aider tous ceux qui seraient affligés comme il l’a été ». Aux paroles, William Banting a allié les actes et s’est lancé dans la rédaction d’un manuel de régime de 16 pages qu’il conseille à celles et ceux qui voudraient se sortir de leur embonpoint. Le principe étant de limiter les apports en hydrates de carbone. Il sera imité en France par le médecin et physiologiste Claude Bernard.

Voici dans les morceaux choisis, le régime Banting daté de 1863.

Au petit déjeuner il vous faudra débuter les festivités par 170g de rognons, de mouton, de poisson grillé ou de bacon. Mais attention, pas de porc frais.  

Vous avalerez avec une grande tasse de thé ou de café, sans sucre, ça va sans dire. Vous mangerez ensuite un biscuit, une tranche de pain de 170g et 225g de liquides. La balance risque de servir aussi bien pour le patient que pour les aliments.

Ceci étant avalé, il vous faudra passer au déjeuner avec 170g de poisson, mais pas de saumon, de la viande, des légumes, du pain, du pudding, de la volaille, du gibier, trois verres de bon vin. L’auteur conseille du vin doux comme le madère mais déconseille vivement le porto, pourquoi ? On ne sait pas.

A l’heure du thé, si vous tenez encore debout vous mangerez des fruits cuits et boirez encore du thé.

Au dîner on rempile pour de la viande, du poisson et deux verres de vin supplémentaires évidemment.

S’il vous reste de la place, vous finirez par un verre de grog, du gin, du whisky, de l’eau de vie ou une paire de verres de vin supplémentaires, vous pouvez tout cumuler mais ce n’est pas conseillé.

En suivant scrupuleusement ces indications vous devriez perdre 100 kilos en une année, en théorie.

En tout cas ce « régime banting » marcha sur William Banting et marcha POUR William Banting qui devint riche et célèbre. On parlait à l’époque très directement et sans détours de faire son « banting » pour dire qu’on cherchait à perdre du poids.

Depuis, le régime Banting a fait des émules dans le monde entier, adapté aux coutumes locales on y ajoute volontiers crème fraîche, fromage fondu, pâte de curry, pieds de porc en friture. Les résultats sont miraculeux. 10 kilos par semaine. A ce compte-là pourquoi s’enquiquiner avec des régimes à base d’eau tiède et de pain sec quand on peut croquer dans des rognons à la moutarde et s’envoyer un ballon de rouge avant midi ?

L’histoire des régimes remonte à l’Antiquité mais à l’époque moderne c’est le Français Jean-Anthelme Brillat-Savarin qui ouvre la voie en 1825. L’homme connu pour avoir le bec le plus fin, avide mangeur de becfigues, d’ortolans et de bécasses bien rôties avait remarqué en son temps qu’il existait un lien entre féculents et obésité. Il évitait donc l’excès de riz ou de pain en dépit des tranches posées sous la broche afin de recueillir la graisse fondue des oiseaux bien lardés.

C’est de cette réflexion que s’inspirera William Banting qui limite effectivement les féculents et les sucres. Le succès de Banting fut tel que même l’Empereur Napoléon III s’y essaya. Il obtint « un grand bénéfice ».

Alors qu’en est-il vraiment ? Difficile à dire, il paraît que le régime Banting apporte de bons résultats quand il est revu et adapté, particulièrement sur la question du vin qui est ici consommé en large quantité. La difficulté étant toujours la même, tenir dans la durée. Il a aujourd’hui ses amateurs et ses détracteurs.

Chez les Hardis nous vous conseillons le plus simplement du monde de vous faire plaisir et de boire beaucoup de champagne. Celui-ci coupe la faim et à défaut de vous faire maigrir, vous fera oublier rapidement vos coussinets adipeux. Sinon, ne mangez que le meilleur, celui-ci est souvent cher et vous contraindra à quelques famines. Quoi qu’il en soit, si vous faites un excès, ne soyez pas bourrelés de remords.