5 expositions à Paris pour bien commencer l’année 2023

Hyperréalisme, plus vrai que nature au Musée Maillol 

Ras-le-bol des concepts artistiques abstraits, des pâtés sur toile sans queue ni tête et des happenings d’artistes plus intéressés par leur following Insta que la valeur de leur commentaire ? Cette exposition est pour vous. Hyperréalisme retrace la genèse d’un courant artistique apparu dans les années 1960 aux Etats-Unis, et présente le travail de créatifs qui interrogent les frontières entre réalité, art, et copie.

Le parcours est jalonné d’une quarantaine d’œuvres physiques plus vraies que nature qui ont nécessité du temps – beaucoup de temps ! – et de sensibilité pour insuffler l’illusion de vie à des caractères aussi étonnants que troublants. Les créatures sont signées Ron Mueck, Maurizio Cattelan et Berlinde De Bruyckere. « Ceci n’est pas un corps » affirme le sous-titre de l’exposition, en référence à la célèbre inscription de La Trahison des images de René Magritte, « Ceci n’est pas une pipe ». Entre l’objet réel et sa représentation, on s’approche parfois subtilement des propositions tautologiques de Joseph Kosuth… et de l’art conceptuel qui en a découlé. 

Hyperréalisme, Ceci n’est pas un corps
Musée Maillol
Jusqu’au 6 mars 2023
61 rue de Grenelle, 75007 Paris
www.museemaillol.com

Wang Keping, sculpteur de bronze au musée Guimet

L’artiste chinois Wang Keping prend les rênes du Musée national des arts asiatiques – Guimet et installe ses sculptures au milieu des collections millénaires préservées sur place. Disposées dans la galerie consacrée aux arts anciens de la Chine, ou près de la volière d’oiseaux de porcelaine du XVIIIème siècle, les œuvres de bois et de bronze puisent leur inspiration dans la Nature.

Under the Moon, travaillée dans un disque de cyprès, prend aussi une autre dimension face au jade néolithique gravé de formes de “dragon-cochon”. Proposé sous forme de Carte Blanche à l’artiste, Wang travaille pour la premiere fois une essence exotique, l’acajou, calciné et patiné par le noir du charbon pour créer un dialogue avec les pièces de bronze avoisinantes. 

Carte Blanche à Wang Keping
Musée national des arts asiatiques – Guimet
6, place d’Iéna, 75016 Paris
Jusqu’au 6 mars 2023
https://www.guimet.fr

James Turrell, et la lumière fut

L’artisan de la lumière James Turrell présente deux nouvelles œuvres à la galerie Gagosian de la rue de Ponthieu: Ariel, projection multicolore en forme de diamant sur du verre, et Jeu, en forme d’ellipse. L’exposition interroge les perspectives sous forme d’expérience sensorielle, inspirée par la psychologie de la perception. Chez Turrell, la lumière est à la fois le médium et le sujet de l’œuvre…

© Thomas Lanne

On entre dans ses univers colorés pour perdre ses repères, et se laisser porter par une douce transe contemplative. Les collectionneurs en manque de place pour accommoder un Skyspace dans le salon seront comblés par ces œuvres à taille humaine, qui ne perdent rien de leur pouvoir de suggestion. Ils peuvent également filer chez Lalique pour acquérir une des sublimes bouteilles de parfum imaginée par l’artiste, produites en édition limitée. 

James Turrell, Confidences
Galerie Gagogian
4 rue de Ponthieu, Paris
Jusqu’au 4 mars 2023
www.gagosian.com

Love is Love, à l’Institut du Monde Arabe. 

Habibi, mon amour. L’institut de Monde Arabe présente des œuvres d’art qui abordent la richesses des identités sexuelles, et les défis posés aux artistes issus de milieux pas toujours ralliés à la cause LGBTQIA+. Du rapport au corps aux scènes de la vie quotidienne, l’exposition aborde aussi les histoires oubliées de communautés Queer à la marge, comme les representations de Tchechs tunisiens d’Aïcha Snoussi, récemment présentées au Palais de Tokyo.

Habibi contient des propositions explicites (dont l’accès est réservé aux personnes majeures) et des travaux plus subtils comme The Path of Love d’Omar Mismar. Cette fausse abstraction en néon rouge piste en réalité l’artiste à travers la ville, dans sa quête vers l’homme du jour, porté par les géolocalisations du site de rencontre gay Grindr.

Habibi, Les révolutions de l’amour
Institut du Monde Arabe
1, rue des Fossés Saint Bernard, Paris
Jusqu’au 19 février 2023
https://palaisdetokyo.com

Arte Povera, le 3ème œil du Jeu de Paume 

Mouvement critique des années 1960 au début des années 1970 en Italie, l’Arte Povera regroupe des artistes d’avant-garde portés par leur désir d’échapper aux dérapages d’un capitalisme en roue libre. Le Jeu de Paume et LE BAL s’allient autour de figures comme Mario Merz, Piero Manzoni et Giovanni Anselmo, pour présenter une exposition thématique commune qui questionne la photographie et l’image en mouvement. S’ils ne travaillent pas forcément ensemble, les artistes ont tous à cœur d’explorer le support comme expérience visuelle.

On s’insère dans le reflet de la société devant les miroirs de Michelangelo Pistoletto et les photomatons de Franco Vaccari, on interroge la valeur de l’objet avec les œuvres sur photocopie d’Alighiero Boetti, et on change de perspective sur le monde grâce à Renverser ses yeux de Giuseppe Penone, qui donne son nom à l’exposition. 

Renverser ses yeux
Jeu de Paume
1 place de la Concorde, Paris
Jusqu’au 29 janvier 2023
https://jeudepaume.org