Interview et portrait de Vigneron, Jean-Claude Mas ou le luxe rural

Silhouette déliée de sportif, il pratique l’équitation et la course automobile mais surtout parcourt de long en large ses domaines, les chouchoute, les visite dans le monde entier. Assurant haut et fort : « En Languedoc, on peut grandir de ce que l’on fait, pas de ce que l’on a. » Ce qu’il avait au départ ? Peu ! 15 hectares de vignes hérités de son père qui jamais ne l’a contraint à reprendre ses terres. Au contraire. « À l’époque on incitait les aînés à quitter la ferme à devenir « col blanc », ne plus travailler de leurs mains. On gardait à la vigne ceux qui affichaient de mauvais résultats scolaires. J’ai donc suivi la voie souhaitée par mon père. J’ai poursuivi mes études. Je me suis rapproché du monde vigneron dans les années quatre-vingt-dix par le biais du marketing, à Bordeaux, et n’ai repris le domaine de mon père qu’à 36 ans, avec l’ambition de le développer mais surtout d’élever la qualité, de produire de bons vins. Je me suis attaché à valoriser le travail accompli par quatre générations avant la mienne. »

En 2000, fort de ses acquisitions successives Jean-Claude Mas crée les Domaines Paul Mas, histoire de donner une même identité, une notoriété à ses productions réparties sur les appellations Limoux, Terrasses du Larzac, Pézenas, Pays d’Oc, Grés de Montpellier, Corbières, Minervois, Roussillon,

Costières de Nîmes. « J’ai 45 cépages différents et produis, sous douze appellations, des vins que j’appelle de plaisir dont le prix varie de 5 à 10 € mais aussi des vins de rêve, des grands crus allant de 15 € à 50 €. Ces vins seront à maturité dans 10 à 15 ans voire 20 mais un vin qui n’est pas bon au départ ne le deviendra jamais. Pour assurer cette production outre l’exploitation de mes 940 hectares, je dispose des raisins par contrat sur 1 500 hectares. »

Au fil des ans, en travaillant sa vigne en bio, Jean-Claude Mas a acquis une réelle expertise dans les blancs. Il est désormais reconnu et apprécié comme l’un des grands vignerons en cette couleur, à travers des Viognier et des Chardonnay commercialisés sous l’étiquette Mas.  « Je vends ces cuvées dans 80 pays, dont le Japon, la Chine mais aussi l’Italie et la France. Il y a un vrai marché pour les grands vins blancs. Les miens le sont.  »

Partager par le biais de l’œnotourisme

But de Jean-Claude Mas, partager ses passions, expliquer sa démarche à travers l’œnotourisme, pour que les consommateurs comprennent le vin, sa beauté, pour qu’ils s’imprègnent aussi du paysage, du terroir où pousse la vigne. « Je souhaite être l’ambassadeur du Languedoc, le promoteur d’un certain art de vivre que j’expose dans mon livre « Le luxe rural », paru aux Editions Glénat.

C’est pour cela aussi que j’ai ouvert, sous le label « Coté Mas » à la fois La maison Nicole offrant deux hébergements d’exception avec vue et une piscine. et développé, avec un grand chef, une table gastronomique à Montagnac, au cœur du Château Paul Mas, déroulant 150 hectares de vignes, de garrigue, d’oliviers et de chênes truffiers. On y savoure, à travers, des menus de 35 € à 65 €, des légumes, des fruits cueillis il y a moins de 24 heures, l’huile d’olive du Domaine, les truffes. On s’y initie, autour de nos crus aux accords mets-vins mais d’autres aussi, sans chauvinisme. » C’est encore pour approcher de plus près la vigne, que Jean-Claude Mas organise des randonnées équestres sur ses terres.

Et n’a pas l’intention de s’arrêter à développer ces offres conviviales. Et sa succession, il l’envisage ? J’ai quatre filles, 22 ans, 19 ans, 9 et 5 ans. Mon épouse et moi les laissons libres de leur avenir, totalement libres. Les deux petites sont encore trop jeunes. Quant aux aînées, l’une fait du théâtre et l’autre une école de cinéma. Le spectacle c’est formidable. En tous les cas, elles me maintiennent en forme, ce que je réalise en me comparant, sans forfanterie aucune à des personnes de mon entourage ayant le même âge que le mien mais paraissant au moins dix ans de plus.

www.paulmas.com