Coups de coeurs horlogers au salon des montres de Genève

Les marques Ulysse Nardin, IWC, Zenith ont présenté les nouvelles versions de leurs icônes Freak, Ingénieur et Pilot. Afin de les remettre au goût du jour, les équipes ont changé les designs, décliné les modèles avec des nouvelles couleurs et ajouté de nouvelles complications (c’est-à-dire des fonctions additionnelles au trio de base heure-minute-seconde).

La Ulysse Nardin Freak One continue de faire vivre son innovation sans équivalent sur le marché : Cette montre intègre le mouvement dans les aiguilles et le balancier trône fièrement sur l’aiguille des minutes, mettant en scène un tourbillon carrousel hypnotisant. C’est vraiment une très belle pièce avec une personnalité forte.

En parallèle, Patek investit encore un peu plus le segment des montres de sport avec une Calatrava Sport réussie mais au tarif élitiste.

IWC était très attendu sur la sortie de l’Ingénieure dessinée initialement par le génial designer G. Genta. Le modèle 2023 est bien pensé, aux belles finitions et la version en titane est d’un confort absolu grâce au poids contenu.

Jaeger LeCoultre a présenté des modèles intéressants de sa Reverso, le modèle emblématique de la Grande Maison (le surnom de la Manufacture) pour ses « nonante » (90) ans. Une taille réduite (en épaisseur surtout) et des dimensions harmonieuses grâce au recours au fameux nombre, des complications comme un chronographe ou un tourbillon et des déclinaisons de couleurs, dont un superbe rouge profond et rayonnant. Cette icône renversante » (on peut faire basculer son boitier pour la protéger des coups lors d’un match de polo) est toujours aussi fringante. Le travail de design par Jaeger LeCoultre est appréciable mais j’avoue qu’un tel anniversaire aurait pu se fêter avec une complication ou une proposition un peu inédite sur la Reverso. Rendez-vous dans 10 ans pour le centenaire !

Il faut avouer que le reste du salon a été plutôt sage en termes de nouveautés, capitalisant sur les gammes existantes et déclinant des cadrans en couleurs, le vert et le rouge étant les stars de l’année.

Quand le Roi fait le fou

Pendant cette édition 2023, nous avons assisté à 2 petites révolutions de palais, tout en discrétion.

D’une part, Rolex a changé son chronographe Daytona, son modèle emblématique et à la liste d’attente décennale. Esthétiquement, il est facile de passer à côté tant les deux générations sont proches, comme toujours chez Rolex. Mais plus étonnant encore, Rolex a bousculé les codes du secteur en présentant des modèles… fun ! et oui, la marque à la couronne qui règne sans partage sur l’industrie horlogère a pris tout le monde à contrepied et a présenté des Oyster Perpetual avec des cadrans parés de bulles colorées sur fond bleu et même une DayDate « puzzle » recouverte de smileys et de mantras positifs (love, smile..).

 Pour finir le tour rapide du salon, notons que Cartier, comme chaque année, a présenté un nombre important de nouveaux modèles, tout en discrétion. Pour rappel, Cartier, bien que Joaillier des Rois et Roi des Joailliers, a une légitimité incontestée en horlogerie et sa gamme compte des modèles emblématiques comme la Tank, la Santos ou la Ballon Bleu. Cette année, nous avons eu la joie de voir une Santos en taille medium avec de jolies couleurs de cadran et même une version squelette absolument bluffante avec un avion taillé sur la masse oscillante. Nous avons été choyés avec une gamme Tank à mouvement mécanique dotées de couleurs chatoyantes.

L’édition 2023 de Watches and Wonders a donc été plutôt sage avec principalement des animations (plus que des nouveautés) autour des modèles existants. Certaines marques se sont néanmoins démarquées mais on peut regretter l’absence d’innovations ou de modèles « concept-watch » un peu fou qui préfigurent un avenir excitant et plein de surprises. Non, on annonce la couleur (des cadrans), l’horlogerie des prochaines années sera plus sage, moins exubérante… sauf en ce qui concerne les prix. En effet, toutes les marques ont été prises d’une fièvre tarifaire qui fait grimper le prix de la moindre montre au risque de les décorréler de toute réalité sociale et économique.  L’horlogerie va jouer dans l’ultra-luxe et délaisse le segment « accessible ». Vendre moins mais vendre mieux, encore faut-il faire rêver et donner envie de débourser des sommes importantes pour ces montres que l’on aime tant.

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