Architecture
Madrid autrement, découvrir les plus beaux jardins de la capitale
23 AOûT . 2023
Tenté par quelques jours en Espagne ? Oubliez Barcelone, l'effervescente Catalane ! Optez pour Madrid, où l'élégance royale s'exprime aux côtés de ses oasis urbaines. Des trésors verts dissimulés, véritables sources de fraîcheur pour la capitale espagnole.
Buen Retiro, l’incontournable poumon vert de Madrid
Bien que loin d’être un « secret », El Retiro ne peut en aucun cas être négligé. On ne peut tout simplement pas ignorer le plus vaste parc de la ville, s’étendant sur 118 hectares et agrémenté de pas moins de 18 entrées distinctes. Ce superbe musée en plein air, érigé au 17e siècle, regorge d’attraits incontournables.
Parmi eux figurent ses impressionnants 20 000 arbres, parmi lesquels trône un cyprès mexicain, âgé de 400 ans, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. La roseraie splendide et le vaste bassin, où l’on peut croiser des embarcations solaires ainsi que des barques à rames, font également partie intégrante de cet espace envoûtant. Pour les esprits curieux, une statue en bronze de l’« Ange déchu » – la seule statue dédiée au diable – se dissimule dans l’un des recoins du parc. Saurez-vous la dénicher ?
Plazade la Independencia, 7.
Serre d’Arganzuela, le Palais de Cristal
Édifiée entre 1908 et 1928 par l’architecte Don Luis Bellido y González, cette serre s’étend sur une superficie de 7 100 mètres carrés et trouve son refuge au sein des murs d’un ancien abattoir municipal. Suite à une restauration complète et une réhabilitation en 1992, elle s’est depuis ouverte au public.
À l’intérieur, un véritable trésor botanique : cactées, variétés rares de plantes succulentes, ainsi qu’une remarquable collection d’orchidées. Plus de 9 000 spécimens végétaux se déploient dans cet espace, répartis en quatre salles et trois microclimats différents (subtropical, tropical et désertique). Ce jardin « sous cloche » se révèle être un véritable havre de paradis pour les passionnés de botanique.
Paseo Chopera, 10
Parc El Capricho, le caprice d’une Duchesse
Niché dans le paisible quartier résidentiel d’Alameda de Osuna, à proximité de l’aéroport, El Capricho se dévoile comme l’un des parcs les plus enchanteurs de Madrid, tout en demeurant paradoxalement l’un des moins connus. Cette oasis de verdure tire son origine d’une lubie (un vrai capricho !) de la Duchesse Doña María Josefa Pimentel, une mécène éminente ayant soutenu divers artistes de toutes disciplines, parmi lesquels le grand Goya, un ami proche de la famille. L’artiste a d’ailleurs laissé son empreinte indélébile dans ce lieu, contribuant ainsi à une part essentielle de son œuvre.
Après avoir changé de propriétaires à plusieurs reprises et avoir été peu à peu laissé à l’abandon, le parc a finalement été repris par la municipalité de Madrid en 1974. Aujourd’hui, les visiteurs ont la chance de flâner dans le seul jardin du romantisme qui subsiste encore dans la capitale espagnole, et y découvrir son kiosque Bacchus, ses fontaines gracieuses, son délicat pont en acier et son labyrinthe de lauriers. À chaque recoin, transparaît la fascination de la Duchesse pour le monde mystique, comme en témoigne une statue saisissante de Saturne dévorant son fils, directement inspirée de l’esthétique picturale de Goya.
Paseo de la Alameda de Osum, 25
Jardin du Prince d’Anglona, joyau de la couronne
Ce joyau délicat, serti de hauts murs de briques, se dissimule au cœur du vieux quartier de La Latina. Il est le fruit du travail de Javier de Winthuysen, un artiste et architecte paysagiste du 18e siècle, qui l’a conçu sur demande des Marquis de La Romana.
S’étalant sur 800 mètres carrés, ce lieu respire le néoclassicisme et arbore une configuration en croix pavée de briques, formant un parterre, enveloppant une fontaine élégante taillée dans la pierre polie, et agrémentée de petites haies de buis. L’élévation en pente du jardin est particulièrement impressionnante, car il s’érige sur un remblai artificiel. Au printemps, la tonnelle en fer forgé s’orne de roses aux teintes variées, créant un tableau de couleurs éblouissant.
Plaza de la Paja, 6
Huerto de las Monjas, un jardin teinté de spiritualité
Jusqu’en 1972, ce jardin de taille modeste, érigé au XVIIe siècle, était utilisé comme potager par les religieuses du couvent de Sacramento, auquel il était rattaché. Après la désertion des sœurs Bernardas vers des lieux plus verdoyants, le bâtiment fut démoli et remplacé par des appartements. Cependant, par une heureuse circonstance, le jardin demeura intact et abrite en son centre une petite fontaine où trois chérubins en bronze (provenant d’une fonderie parisienne) trônent majestueusement.
Pour y accéder, il vous faudra ignorer le panneau « propriété privée », qui ne s’applique pas au jardin intérieur ouvert au public. Prenez place sur l’un des bancs baignés de soleil près des buissons d’hortensias ou sous les arbres fruitiers, et laissez-vous imprégner par le calme qui a jadis enveloppé les religieuses aux pieds nus.
Calledel Sacramento, 7
La Gare d’Atocha, aller simple pour les tropiques
Bien qu’étant une gare active, cet endroit dissimule sous son atrium spectaculaire un jardin botanique renfermant plus de 7 000 plantes et abritant une riche diversité de 260 espèces différentes, dont certaines menacées d’extinction. Cet espace singulier voit des Ginkgo biloba du Japon et les cocotiers de Polynésie, côtoyer des dizaines de boutiques de grandes enseignes et autant de lieux de restauration.
En 1992, ce jardin tropical a pris racine dans une partie délaissée du bâtiment qui autrefois abritait la vieille gare d’Atocha. Égarés au sein de cette jungle tropicale, les visiteurs peuvent également tomber sur des étangs abritant des nénuphars et peuplés de nombreuses tortues d’eau d’Amérique du Nord et du Sud. Ces animaux domestiques relâchés dans la nature par des propriétaires peu scrupuleux, profitent, ici d’une seconde vie, plus paisible.
Plaza Emperador Carlos V
Jardins du Musée Sorolla, décors d’artiste
Implantée dans le quartier de Chamberí, la dernière demeure du peintre impressionniste Joaquín Sorolla a été métamorphosée en un musée. À l’intérieur, un éventail de tableaux sublimes fusionne réalisme et lyrisme, signature artistique de Sorolla. L’artiste avait également conçu de bout en bout le jardin d’inspiration andalouse enveloppant l’édifice. Jardin qui a profondément influencé « le peintre de la lumière », et qu’on retrouve dans plus de 40 de ses œuvres.
Juste devant la demeure, un premier espace s’inspire de l’Alcazar de Séville avec sa fontaine en marbre, son banc orné d’azulejos et ses haies de buis, qui protègent les roses-tiges délicieusement parfumées. Le second jardin évoque l’Alhambra de Grenade avec son élégant canal, ses myrtes et ses hortensias débordant des pots en terre cuite. Ne faites pas l’impasse sur le troisième jardin, où l’atelier abrite un bassin de nymphéas, ajoutant une touche sereine à cet environnement enchanteur.
Paseo del General Martínez Campos, 37
CARNET PRATIQUE :
La meilleure période pour y aller
En raison de sa position centrale dans la péninsule ibérique, les hivers à Madrid tendent à être frais. Ainsi, pour profiter pleinement de la ville, il est préférable de la visiter entre avril et septembre.
Il convient de noter que le rythme de vie à Madrid ralentit considérablement au mois d’août. De nombreux propriétaires de restaurants, cafés et boutiques ferment leurs portes pour rejoindre les rivages côtiers.
Y aller
Vueling propose des vols deux à trois fois par jour depuis Bordeaux à partir de 80 € (A/R). Transavia assure plusieurs rotations par semaine entre Orly et Madrid, à partir de 82 € (A/R).
En bonus
Tous ces jardins peuvent être explorés en utilisant les transports en commun. La capitale espagnole abrite l’un des métros les plus anciens au monde et le plus ancien d’Espagne. Dessinée par l’architecte Antonio Palacios, c’est sous le patronage du roi Alphonse XIII qu’il a été inauguré le 17 octobre 1919, marquant ainsi un changement de rythme dans la vie quotidienne des habitants de Madrid. Si votre séjour vous mène à Madrid, une visite s’impose à la station fantôme de Chamberí, abandonnée en 1966 et réhabilitée en musée depuis 2008.
Où dormir
7 Islas Hotel
Idéalement situé entre la Gran Vía de Madrid et le quartier animé de Malasaña, ce petit hôtel urbain est géré par les trois sœurs Salces : Luz, Kira et Mónica. Petites-filles du propriétaire historique, elles ont fait appel au studio de création madrilène Kikekeller pour la transformation des lieux. Les 79 chambres et la galerie d’art du lobby affichent désormais un design épuré où bois, acier et cuir naturel règnent en maître. À partir de 121 €/nuit.
7 Islas Hotel, Valverde 14 , Tél. : ( +34) 91 523 46 88
Bonnes tables
Fismuler
Trois anciens chefs d’El Bulli sont à l’origine de ce projet ouvert en 2016.
Une déco minimaliste « dans son jus » mais très recherchée avec des murs laissés nus faisant apparaître briquettes et traces de plâtres. La carte change presque tous les jours en fonction des arrivages et des saisons. On vient ici pour l’ambiance (bien qu’un peu bruyante) soutenue par une signature musicale groovy, mais surtout pour une des meilleures tartes au fromage de Madrid. Un mélange de trois fromages (frais, affinés et bleu) qui dégouline dans l’assiette comme une raclette fondante ! À la carte 40 € environ.
Calle Sagasta, 29. Tél. : (+34) 91 827 75 81.
Mo De Movimiento
Pour Felipe Turell et Javier Antequera, « durabilité » et « entraide » ne sont pas des hashtags qui rapportent des likes sur les réseaux. Même si leurs pizzas croustillantes remportent un vif succès sur Instagram, les deux entrepreneurs poussent le curseur au maximum pour faire de MO, un endroit éthique et éco-responsable.
Fours à pizzas étudiés pour chauffer la salle en hiver, cruches d’eau en argile descendant du plafond pour assurer une climatisation naturelle et personnel recruté par des organisations caritatives locales chez des jeunes à risque (réfugiés, anciens prisonniers, anciens toxicomanes). La carte à l’accent italien propose des artichauts confits, des aubergines bio flambées à la mozzarella artisanale, une dizaine de pizzas ainsi qu’une série de desserts régressifs. 20 € environ.
Calle de Espronceda, 34. Tél : (+34) 66 797 45 99.