Portrait et rencontre : la rentrée de Fanny Perrier

Fanny Perrier est architecte d’intérieur.

Passée par les célèbres agences Patrick Jouin et Joseph Dirand après avoir été formée à l’école Cantonale d’art de Lausanne, elle fonde le Studio Perrier en 2017.

Il n’en faudra pas plus pour que les commandes s’enchaînent.  Boutique pour le chausseur Repetto, restaurants comme le Perchoir porte de Versailles ou le Perchoir Y avec sa terrasse sur l’eau, écrin solaire pour le joaillier Viltier, Fanny embrasse ses nouveaux projets avec une curiosité toute particulière. Loin d’être perméable aux effets de mode, elle revendique un goût affranchi de toute tendance au profit d’une quête d’intemporalité qu’elle cultive en se nourrissant d’un maximum de références artistiques : des bijoux aux arts décoratifs en passant par le cinéma et la peinture. Un style aussi raffiné qu’éclectique, où se mêlent esprit des lieux et expression d’une vision.

Celle qui définit l’architecture intérieure comme un véritable élément de langage, empruntant volontiers la formule au célèbre architecte italien Gio Ponti «  Je suis un artiste tombé amoureux de l’architecture », orchestre ses intérieurs en associant gammes chromatiques affirmées, matières nobles, pièces chinées et créations sur mesure par des artisans. Une manière d’inscrire son travail dans le temps, en s’imprégnant de l’histoire des lieux ou de celle des propriétaires pour y apposer sa touche sensible et cultivée. Dernièrement elle s’est également essayé à la scénographie dans le cadre d’une exposition « Picasso, Ateliers Hugo, Les Hommes d’or » organisée au Musée de Vallauris ; l’occasion de déployer tout son talent à travers une mise en scène faisant aussi bien référence aux cultures Inca et primitives qu’à la dualité diurne -nocturne incarnée par l‘emploi de l‘or et de l’argent. Où comment faire de l’aménagement des espaces, la matérialisation d’un rêve permanent … Son prochain projet ? Un mini appart-hôtel à Londres qui abriterait une collection d’art, sorte de refuge pour les amateurs et collectionneurs en goguette sur la Tamise. Il nous tarde d’en voir le résultat. On a demandé à celle qui pense les lieux comme on fabrique une œuvre, de nous dévoiler ses meilleures adresses !

Une librairie :

La librairie Lardanchet au 100 Rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris.

Pour ces remarquables ouvrages sur les arts décoratifs, l’histoire du mobilier, on y trouve aussi bien des ouvrages sur les intérieurs des collectionneurs, la monographie de grands décorateurs, en passant par la saga des commissaires-priseurs, des artistes, des peintres, des sculpteurs majeurs du XXème et XXIème siècles.

© Jérôme Galland

Mon rêve serait d’acquérir tous les ouvrages dont regorgent les murs de cette librairie car c’est un véritable temple, un pèlerinage pour l’inspiration.

Une galerie d’art :

Il est trop difficile d’en choisir une, car je les aime toutes immensément… Derrière les objets, les meubles, les provenances et l’Histoire de l’Art, il y a ces chercheurs d’or, ces marchands, ces antiquaires. Ils sont Rive Gauche et incarnent pour moi, les Derniers des Mohicans, l’esprit bohème animé par la passion du beau, diffusé et transmis avec nonchalance et élégance.

La galerie Bellechasse 29 d’Alain Demachy et Philippe Sinceux, présente une sélection éclectique allant du fauteuil anglo-indien au mobilier néo-pompeïen en passant par l’Art and Craft.

Le tout est orchestré avec des pièces dessinées par ce duo d’esthètes. C’est un enchantement de discuter avec Alain à chaque visite, ce grand Monsieur qui appartient au cercle des grands antiquaires et qui demeure un décorateur de talent, dont j’admire le travail et le goût exquis. Il est pour moi la quintessence du raffinement parisien.

Galerie Catherine Despas, au 9 rue du Bac auparavant au Louvre des Antiquaires. Catherine est une femme solaire et charmante avec qui je partage l’amour des vases en céramique, des pieds de lampes en poterie, du mobilier en rotin, des martini table ou encore des couronnes en fer doré.

Elle m’a toujours encouragé et aidé dans l’exercice périlleux de l’art de l’assemblier.

Un restaurant :

Le Cherche Midi, c’est à cette table que j’ai déjeuné pour la première fois avec mon compagnon Nicolas qui partage ma vie et nous avons eu ensemble une petite fille Apolline, née cette année.

C’est une cuisine italienne familiale depuis deux générations, où l’on se délecte de mortadelle à la truffe et de côtelettes d’agneau au romarin. Le service est joyeux et nous y sommes comme à la maison. 

Un quartier 

Saint-Germain-des-Prés, mais plus particulièrement le Jardin du Luxembourg, dans lequel je me réfugie depuis mes 17 ans.

Ayant été élevée à la campagne, le Luxembourg est une oasis dans laquelle j’aime m’extraire de l’effervescence de la ville. C’est un jardin de contemplation, qui abrite une collection de sculptures, des bosquets à l’anglaise, la romanesque fontaine Médicis.

Une véritable ruche où s’affairent plus de 80 jardiniers, qui, au rythme des saisons cultivent potagers et massifs qui encadrent le grand bassin, la collection de plantes tropicales qui hivernent sous la grande serre. J’adore y flâner, courir, prendre un bain de soleil, boire mon café, m’y promener en amoureux et désormais m’y balader avec ma fille. 

Un cinéma 

Le nouveau Pathé Parnasse, le cinéma le plus confortable avec ces fauteuils XXL ainsi que sa cinquantaine de places assises par salle.

Bonus de la rentrée

Le 28 septembre 2023 se tiendra à Paris, chez Bonhams Cornette de Saint-Cyr, une vente exceptionnelle aux enchères de la collection de bijoux d’artistes des Ateliers Hugo.

Cette vente se déroule dans la continuité des actualités des Ateliers Hugo avec la rétrospective sur l’incroyable collaboration artistique de l’orfèvre François Hugo avec l’artiste Pablo Picasso pour laquelle j’ai eu le bonheur de réaliser la scénographie à Vallauris.

Cette exposition qui fermera ses portes le 25 septembre a été pensée comme une invitation au voyage dans un univers Picassien et Hugolien, un dialogue avec les civilisations antiques de l’Egypte Ancienne, des Incas ou encore des Hittites, qui toutes vouaient un culte à l’or et l’argent.