Voyage dans l’histoire de la photographie, Trois expositions à Paris

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03NOV. 2023

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Voyage dans l’histoire de la photographie, Trois expositions à Paris

03 NOVEMBRE . 2023

Écrit par Johanna Colombatti

Voici venu l’automne et les temps forts du médium photographique qui s’affiche en maître avec Paris Photo au Grand Palais éphémère du 9 au 12 novembre 2023. En marge de cet événement et pour parfaire le plaisir des amateurs de photographie, on vous présente trois expositions parisiennes pour aller à la découverte de l’histoire de la photo !

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 En commençant par une immersion tout en Noir & Blanc (Une esthétique de la photographie) du côté de la BNF, pour aller s’émouvoir ensuite de toute la beauté capturée par Julia Margaret Cameron au Jeu de Paume et finir en Corps à corps avec le dialogue proposé au centre Pompidou entre les collections publiques du Musée d’Art Moderne et celle de l’homme de cinéma et collectionneur Marin Karmitz. Un voyage rétrospectif sur l’histoire d’un médium dont les usages sont en perpétuel questionnement… Visite ! 

 

Julia Margaret Cameron «  Capturer la beauté » au Jeu de Paume

De cette artiste majeure qui bouscula les codes de la photographie victorienne, entraînant la discipline dans une dimension artistique, il faut imaginer la véritable rencontre avec le médium. 

C’est à 48 ans que Julia Margaret Cameron se voit offrir son premier appareil photo, dont elle dira : « ce cadeau, reçu d’êtres que j’aimais si tendrement, donna davantage d’élan encore à l’amour profond du beau qui m’habitait, et dès le premier instant, je manipulais mon objectif avec une tendre ardeur tant et si bien qu’il est devenu à mes yeux semblable à un être vivant doté d’une voix, d’une mémoire et d’une vigueur créatrice ». 

C’est ainsi que celle qui avait été élevée entre la France et l’Inde (née d’un père fonctionnaire anglais de l’administration du Bengale et d’une mère aristocrate française) et qui s’installa tardivement sur l’île de Wight avec son mari, commença sa carrière de photographe en Angleterre. 

Réputée pour son caractère hors norme, décrite comme possédant « une vitalité indomptable » par sa nièce, la fameuse écrivaine Virginia Woolf, Julia Margaret Cameron se lança à corps perdu dans l’aventure photographique pour y révéler la beauté des êtres qui l’entouraient. 

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Qu’elle réalise des portraits d’amis écrivains, poètes, artistes, membres de sa famille ou domestiques, qu’elle mette en scène ces personnages en reprenant des thèmes bibliques, littéraires et historiques, Julia Margaret Cameron parvint immanquablement à une sorte de transfiguration de ces êtres du quotidien. Se dégage ainsi de ces modèles, un sentiment d’éternité, de grâce absolue. Utilisant un cadrage serré, jouant du clair obscur et d’un léger flou artistique dont elle fit sa marque, elle avança à contre-courant des usages en vigueur qui exigeaient alors de la photographie une retranscription fidèle de la réalité.

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Ses sujets, auréolés d’un voile de mystère, imprègnent le médium comme des apparitions figées par la prise de vue.  En travaillant sur des grands formats, avec un temps de pose étiré, Julia Margaret Cameron se rapprocha davantage de la peinture et notamment du mouvement pré-raphaélite, partageant une iconographie inspirée d’œuvres littéraires et une vision de la femme, muse mélancolique à la chevelure ondoyante. 

Elle produisit ainsi une centaine de clichés en 12 ans, avant de regagner Ceylan (actuel Sri Lanka) et d’abandonner progressivement sa pratique, ne trouvant le moyen de s’approvisionner en matériaux …

Une occasion rare de découvrir une grande partie de la production de cette artiste encore trop méconnue, avec cette rétrospective, la première depuis 40 ans en France. La beauté loge donc place de la Concorde cet automne, et on s’y presse. 


Julia Margaret Cameron
Capturer la beauté  Du 10 octobre au 28 janvier 2024
Jeu de Paume – Paris
1 Pl. de la Concorde, 75008 Paris

 

Corps à Corps, au Centre Pompidou

Un bouleversant dialogue entre deux collections majeures de photographies se tient actuellement au centre Pompidou. 

Créant des ponts entre la collection privée de l’homme de cinéma Marin Karmitz (le MK derrière les fameux cinémas MK2) et celle publique du Musée d’Art Moderne, l’exposition a été pensée, par sa commissaire Julie Jones, comme un regard transversal inédit sur la figure humaine. Sont ainsi réunis 500 tirages de plus de 120 photographes, tirages qui tantôt se répondent, tantôt se complètent en ce qu’ainsi regroupés ils sont en mesure d’éclairer sur une nouvelle compréhension de l’œuvre d’un artiste. 

Christopher Strömholm, Espana 164, 1958-1959, Gelatin-Silver print, 24,2 x 17,8 cm, Marin Karmitz collection, © Christer Strömholm Estate / Agence Vu’, Florian Kleinefenn

De Man Ray, Brassaï, Constantin Brancusi ou Dora Maar composant les grands fonds historiques de Pompidou aux figures de l’avant-garde avec Stanisław Ignacy Witkiewicz et de l’art contemporain comme Smith figurant dans la collection de Marin Karmitz, cet événement sonne comme une exposition fleuve qui par la confrontation de ces photographies, les activent différemment.

Une occasion inouïe de se replonger dans l’histoire des regards, de ceux qui créent la mémoire, façonnent les identités, se faisant les témoins d’un vivre ensemble ou des difficultés à le faire en immortalisant les luttes de classes ou les événements traumatiques. Avec toujours, la figure humaine au centre de l’image.

Brassai, Les deux Voyous, Paris XIV, 1932, Gelatin-Silver print, 49,5 x 37,8 cm © Estate Brassai-RMN-Grand Palais, Photographic reproduction : Centre Pompidou- Mnam CCI / Jacques Faujour/ Dit. RMN-GP.

A ce sujet Marin Karmitz précise qu’il a choisi de bâtir sa collection autour de la représentation humaine pour montrer que ces visages et ces corps qui émeuvent ou interrogent le spectateur ont besoin d’être respectés. Un écho au concept de visage selon Levinas, pour qui voir le visage de l’autre fait naître chez le sujet le puissant sentiment d’une responsabilité, ainsi qu’une sorte de refuge contre la violence qui s’est progressivement réinstallée dans la société après la chute du mur de Berlin, avec une résonnance d’autant plus forte à l’actualité immédiate…


« Corps à corps » au Centre Pompidou
6 sept. 2023 – 25 mars 2024
11h – 21h, tous les lundis, mercredis, vendredis, samedis, dimanches
11h – 23h, tous les jeudis
Fermé le mardi
Où ? Galerie 2, niveau 6

 

Aux origines de la Photographie, le Noir & Blanc, Une esthétique de la photographie à la BNF

Avec pas moins de 6 millions de photographies dans ses réserves composant l’une des plus anciennes collections de photographies, la BNF (Bibliothèque nationale de France) se positionne comme l’une des institutions phares en la matière. En cette nouvelle saison et avec le soutien de la Fondation Louis Roederer, mécène de l’exposition (et contributeur à l’enrichissement de la documentation du fonds photographique de l’institution depuis 20 ans), elle dévoile quelques 300 tirages permettant une plongée dans l’univers photographique Noir & Blanc. 

Ray K. Metzker, Kayak, Frankfurt – 1961 – © Estate of Ray K. Metzker, Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York

Retraçant 150 ans d’histoire de cette esthétique puissante, cet événement met en lumière le travail des plus grands noms de la discipline de Diane Arbus à Henri Cartier-Bresson, en passant par André Kertész, William Klein, Daido Moriyama ou encore Valérie Belin. Une manière d’interroger cette esthétique à travers le temps : des pionniers de cette aventure à l’heure de la création du médium, à ceux qui s’en emparent – par choix face à la couleur – pour ses qualités graphiques, son grain, et son intemporalité. Autant de qualités qui sautent aux yeux des visiteurs de ce voyage inédit en photographie. 


 le Noir & Blanc, Une esthétique de la photographie
Du 17 octobre au 21 janvier 2024
BnF I François-Mitterrand
Quai François-Mauriac,
Paris 13e Entrée Est
Du mardi au samedi 10h > 19h, dimanche 13h > 19h

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