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Les mythiques lunettes Meyrowitz à Paris
30 DéCEMBRE . 2023
Ils représentent l’excellence française, des savoir-faire traditionnels, que le monde nous envie et qui font de la France la référence incontournable d’une forme de luxe intemporel. Ils œuvrent dans l’art de la confiserie, de la gravure, de la ganterie, ils sont lunetiers ou encore ciriers… Allons à la découverte de ces maisons historiques qui réalisent encore aujourd’hui, et après bien des générations, un travail artisanal précieux. Rencontre !
Coquetterie ou besoin impérieux, les lunettes trônent sur tous les visages. Devenu l’accessoire fétiche de l’homme – et de la femme – modernes, compensant une vue déclinante, protégeant des UV tant redoutés ou créant tout simplement une armure contre le monde, on ne peut plus se passer d’elles. Les marques de luxe ne s’y sont pas trompées et chacune y va de sa collection pour parfaire un look. Mais si, à l’heure de l’industrialisation à vitesse grand V, le comble du chic était de pouvoir se faire fabriquer des lunettes sur mesure ? C’est ce que la mythique boutique parisienne Meyrowitz de la rue Castiglione offre à ses clients (de Claude Monet à Theodore Roosevelt, en passant par Henri Salvador et Céline Dion), depuis plus d’un siècle ! Suivez-nous, on va vous raconter l’histoire de cette boutique à l’architecture aussi remarquable que ses créations !
Pour amorcer le récit de cette aventure, il faut remonter en 1875, quand Emil Bruno Meyrowitz – titulaire d’un diplôme en optique obtenu à Saint-Pétersbourg – lance son commerce. Ce sera en tant que marchand ambulant, dans les rues de New-York. La marque EB Meyrowitz est née et elle s’enrichit rapidement d’un logo : un griffon (mi-lion pour la puissance, mi-aigle pour l’excellente vue) s’appuyant sur une paire de lunettes. Les contours du projet se dessinent alors : ce sera l’excellence ou rien. Fort de son expérience dans l’optique, Meyrowitz invente et développe les fameuses Goggles : des lunettes créées pour protéger les yeux des aviateurs lors de la Première Guerre Mondiale, puis ceux des pilotes des courses automobiles avec, en première ligne, les membres de la Scuderia Ferrari.
L’année 1922 marque un tournant important avec l’établissement en France d’une boutique non loin de la prestigieuse Place Vendôme, quelques quarante années après la création son premier magasin dans l’état de New York. L’entrée du 5 rue de Castiglione, reconnaissable entre toutes avec sa porte en quart de sphère et ses larges vitrines, ouvre sur une boutique toute en boiserie. L’acajou de Cuba a survécu aux différents changements de propriétaires, laissant à la boutique un charme sans âge. Récemment, les lieux se sont dotés d’un petit Musée de la Lunette en sous-sol afin d’ouvrir les collections de la marque au public, une manière ludique de rendre sensible la clientèle à l’histoire de l’optique et de ses grandes évolutions. Dans ce petit espace aménagé en vitrines chronologiques, on trouve ainsi des faces à mains en écaille du XIXème siècle, des thermomètres de voyage, des lunettes de couturiers (dont les premières faites pour Pierre Cardin) la fameuse Goggles, et les lunettes de … Claude Monet.
Car au nombre de ses prestigieux clients (dont Jacques Chirac, Henri Salvador, Céline Dion ou encore Catherine Deneuve), Meyrowitz compte l’un des peintres français les plus fameux de l’histoire. Claude Monet, souffrant de cataracte, se fit faire par la maison un modèle aux verres bleus pour améliorer sa perception des couleurs. Cette monture est aujourd’hui l’un des modèles phares de la maison, le « Claude », parmi les 50 références proposées qui peuvent se décliner en acétate mais également en corne de buffle, or 18 carats, bois précieux ou en écaille de tortue ; le tout avec le choix d’une finition brillante ou satinée. Si la maison fabrique encore une dizaine de paires en écaille par an, l’acétate (cellulose de coton) reste l’un des matériaux les plus utilisés. Elle présente l’avantage d’être plutôt légère et douce, et se décline dans diverses teintes. C’est en Italie que la matière est produite comme les charnières et vis métalliques, mais en France que les pièces sont réalisées, dans des ateliers du côté de Sens.
Outre les modèles fournis par la maison, il est également possible de réaliser des lunettes à partir d’un dessin, d’un souvenir, d’une image. Le modèle ainsi pensé fera l’objet d’un prototype qui sera la base de travail de la monture finale. Façonnée par un travail de découpe sur une plaque, la matière sera ensuite taillée à la main, limée, galbée, le tout soumis à un travail de finition qui peut s’achever par la gravure d’initiales ou de noms sur les branches. A ces montures réalisées comme de véritables bijoux, il faut ajouter un verre d’exception, haut de gamme forcément qui viendra de chez Essilor, Nikon ou Zeiss. Et pour achever l’expérience d’un luxe total, un étui en maroquinerie spécialement réalisé au cachet de la maison (le fameux griffon) est également disponible pour y conserver vos précieuses montures. Quant à ceux qui souhaiteraient donne une seconde vie à des modèles anciens ou simplement entretenir leur paire de lunettes, la maison propose également un service de restauration basé sur des étapes de nettoyage aux ultra-sons, ponçage, polissage etc …
De quoi jurer fidélité à ses montures pour la vie !
Meyrowitz
5, Rue de Castiglione
75001 Paris